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Le fleuve São Francisco déchaîne les passions au Brésil

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque - Paris avec AFP
31.01.2008
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  • Le fleuve Su00e3o Francisco (STF: EVARISTO SA / ImageForum)

Certains sont prêts à mourir pour lui, d’autres veulent le démanteler ! En effet, le São Francisco ne laisse pas indifférent. Il est depuis plus de deux siècles sujet de convoitise et le débat sur son détournement crée des tensions entre le gouvernement et les militants de l’environnement.

 

Ce long fleuve de 2.800 km n’est que le troisième par ordre d’importance du pays, il traverse cinq États, mais c’est déjà depuis 1877, à l’époque de l’Empereur Dom PedroII, que le détournement des eaux du rio São Francisco est devenu le projet numéro un figé dans la tête des gouvernants brésiliens. Puis, repris par Fernando Henrique Cardoso, et Getulio Vargas et maintenant par le président Lula, son détournement fait figure de marotte obsessionnelle. Les environnementaux assurent que ces travaux devraient coûter 3 milliards de dollars et provoqueraient un désastre écologique sans précédent, mais contrairement à eux, le président Lula, lui, garantit un avenir florissant puisqu’il apporterait de l’eau à douze millions de Brésiliens parmi les plus pauvres. Pourtant selon les études et les divers aspects techniques, il est difficile de déterminer qui a raison ou tort alors que de nombreuses recherches disent tout et son contraire.

LULA EST-IL FIABLE?

Détourner et canaliser l’eau du São Francisco pour alimenter des rivières et des lacs du nord-est du Brésil où l’eau manque en période de sécheresse, est-ce raisonnable? La nature a en effet ses règles qu’il est bien souvent dangereux d’apprivoiser et de transformer… Lula assure être « persuadé du bien-fondé » de ce pharaonique projet. « Seul quelqu’un qui a porté des seaux d’eau sur la tête, comme je l’ai fait quand j’avais sept ans, et a vu des vaches mourir de soif, peut comprendre l’importance de ce projet », a-t-il souligné. Si ce président s’exprime comme appartenant au monde des pauvres en étant attentif à leurs besoins, il est surtout le président d’un pays qui aspire à siéger au Conseil de sécurité des Nations unies, qui pille sans scrupules les matières premières et les ressources de son pays et même de ceux des voisins ou même plus éloignés. Ainsi le Brésil est devenu l’un des plus grands producteurs d’éthanol et de cultures transgéniques qui veut faire entrer d’autres pays dans son sillage en allant du Mexique au Burkina Faso, pour qu’ils adoptent la production de transgéniques et d’agrocarburants.

UN FLEUVE MYTHIQUE

S’il déchaîne les passions, ce serait probablement pour des raisons plus secrètes, voire mystérieuses. Lorsqu’on apprend que les villes qui longent ce fleuve recèlent de merveilleuses constructions architecturales encore largement méconnues et que ses abords sont ponctués de beaux paysages sereins et verdoyants qui incitent à la rêverie, la poésie, la création artistique, on se dit que ce projet aurait probablement des raisons plus souterraines! Connu sous les noms de Nil brésilien ou encore de fleuve de l’unité nationale, ces termes évocateurs, aux sens énigmatiques, pourraient bien dissimuler un inconscient collectif national tout particulier. Si l’on dit de lui qu’il est le fleuve de l’unité nationale cela fait référence au fait qu’il unit les deux plus importants États brésiliens: les États industrialisés du sud-est et ceux agricoles du nord-est. Bien que le rio São Francisco fut longtemps occulté par l’Amazone, le visage de tout Brésilien s’illumine à la seule évocation de son nom Velho Chico, Chico étant le diminutif de Francisco.

LUIZ FLAVIO CAPPIO MOBILISE L’OPINION PUBLIQUE

L’évêque Luiz Flavio Cappio, fait une grève de la faim pour mobiliser l’opinion publique en faveur du rio São Francisco.  Au lieu de profiter aux pauvres, l’irrigation bénéficiera principalement aux grandes exploitations maraîchères et aux élevages industriels de crevettes travaillant pour l’exportation. Et comme le coût des travaux sera supporté par les factures d’eau, celles-ci seront multipliées par 5 ou 7 pour les usagers. Les populations indigènes rejettent ce projet: « Un anémique ne peut pas donner de sang. Dévier l’eau va tuer ce qui reste du fleuve qui meurt déjà de pollution. Nous ne pourrons plus cultiver dans les zones humides et notre peuple est appelé à disparaître », soutient l’évêque Luiz Flavio Cappio.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.