Écrit par Michal Neeman, La Grande Époque - France

« Le secret révélé de la méthode Alexander est la découverte de l’homme, de son Moi authentique. L’objectif de cette méthode est de dissoudre tous les facteurs qui perturbent l’équilibre pour que les qualités et les tendances de chaque personne puissent s’exprimer de façon harmonieuse. Le cou est libre, la tête flotte devant et en haut et le dos s’allonge et s’élargit, et tout cela se réalise dans les espaces de liberté conservés en l’homme depuis sa naissance. Au fur et à mesure de l’avancement du processus, des forces créatives s’éveillent en nous faisant plaisir », indique l’extrait de la couverture du livre écrit par Eshet sur la méthode Alexander.

 

Dans un petit appartement de Tel Aviv, Ouri Eshet a ouvert son école. Il y accueille des élèves du monde entier. Eshet a appris la méthode il y a 38 ans et ne cesse pas d’évoluer avec : « Car un bon maître d’Alexander doit toujours être en quête », dit-il. Eshet donne des cours depuis 17 ans et a été invité dans plusieurs villes du monde pour appliquer son art qu’il a appris lui-même de Patrick MacDonald, élève direct d’Alexander. Ouri Eshet travaille également avec un groupe d’enfants de 8 à 15 ans dans un institut à Fribourg.

 

Frederick Matthias Alexander était acteur et lecteur de théâtre. Il a souffert de problèmes de gorge jusqu’à ne plus pouvoir parler. Il a consulté des médecins mais personne n’a pu résoudre son problème. Il a donc décidé de trouver lui-même un moyen pour se guérir tout en restant en contact avec les médecins. Pendant dix ans, il a fait des recherches en travaillant sur lui-même. Il a ainsi développé une méthode qui l’a aidé, et qu’il a par la suite rendue publique. Puis il a ouvert une école à Londres.

Notre interview commence par un cours d’Alexander. Eshet insiste pour travailler avec moi. «Sinon comment peut-on écrire sur une méthode sans l’expérimenter », s’exclame-t-il.

J’enfile mon jogging pour me sentir plus à l’aise et permettre à mon corps cette liberté dont Ouri parle. Je m’allonge sur un lit de clinique qui nous servira plus tard de table autour de laquelle nous savourerons une pastèque toute fraîche sortie d’un vieux réfrigérateur de collection. Sous ma tête, il y a des livres, ou quelque chose qui me donne cette impression. Ouri en retire quelques uns et en rajoute d’autres. Il tire sur mes bras, mes jambes, les plie et les tire encore. Assise, il tourne mon corps comme un chiffon qu’on essore.

Puis nous passons à un autre exercice dans lequel je dois participer plus activement. Partant de la position debout, je commence à m’asseoir pendant qu’Ouri me tient ou plutôt me tire par la tête. Le corps descend et monte restant tout droit. Après le cours, Ouri me sert ladite pastèque et me parle de la méthode en répondant à mes questions.

             

Q : Qu’est-ce que la technique Alexander ?

La méthode reconnaît l’homme comme responsable d’un système d’habiudes et de comportements. Dans tous les domaines, physique ou psychique, l’homme a des habitudes de comportement. Une partie de ses habitudes sont erronées mais l’homme les accepte, pensant qu’elles sont correctes. Quand il rencontre la liberté qu’il peut avoir en lui même, il peut apprendre à vivre avec un système rectifié. Ce système rectifié peut l’emmener vers des évolutions alors que le système erroné ne pourra jamais y parvenir. Au contraire, il peut juste faire régresser la personne.

Eshet continue et m’explique les compréhensions auxquelles il s’est éveillé. « Nous oublions souvent que le corps et l’esprit ne font qu’un. Nous vivons dans un monde qui construit des distinctions et des séparations. Entre autres, il a séparé l’homme. En effet, au lieu de l’unir, il l’a décomposé en corps, esprit, cerveau, âme. Tout cela forme l’être humain. En tant qu’être humain uni, on est un peu perdu. Les parties séparées de l’homme réussissent très bien mais en tant qu’unité complète, nous nous trouvons difficilement.

La méthode Alexander travaille sur le tout. L’esprit est incorporé dans le corps et se manifeste de différentes façons. Si nous vivons de longs et durs processus psychiques, cela entraînera des tensions et des souffrances physiques. Chaque domaine se manifeste dans une réaction physique. Lorsque le corps commence à s’ouvrir, cela a des effets sur les autres domaines. La personne devient alors de plus en plus entière, plus à l’aise. Quand une personne se sent à l’aise avec elle-même, il se produit en elle un grand changement. Elle est plus ouverte à l’amour, l’amour entre les êtres humains.

Quand elle est stressée, elle s’éloigne de l’amour. Quand elle se rapproche d’elle-même, elle se rapproche de l’amour et de ses semblables. Je le décris de façon très superficielle mais telle est la tendance de la méthode. Le point de départ est l’idée que chacun a un grand potentiel et des grandes qualités. En travaillant avec les gens, ils s’ouvrent peu à peu et leurs facultés s’élargissent et s’épanouissent. Ces facultés ont été enterrées dans l’obscurité et maintenant  elles sortent à la lumière. Il faut l’expérimenter pour y croire. Ce travail a des répercussions qui entraînent de grands changements méconnus et inexplicables. Quand la médecine conventionnelle ne reconnaît pas certaines choses, elle préfère ne pas en parler.

Q : Vous pouvez donner un exemple ?

Oui, par exemple, aujourd’hui pour les problèmes de disques vertébraux, la médecine ne propose que l’intervention chirurgicale. La méthode Alexander aide à résoudre ces problèmes physiques et peut éviter les opérations. Les disques ne peuvent pas être rectifiés mais les fortes pressions sur les disques vertébraux peuvent être évitées et empêcher la compression du nerf. Il y a une plus grande liberté et un élargissement de l’espace entre les vertèbres. Ainsi le corps fonctionne d’une manière inconnue jusque-là. On gagne en liberté. Il s’agit d’un changement sans retour.