Les marais iraquiens vont être réhabilités. Sous le régime de Saddam Hussein, ces zones marécageuses ont été complètement asséchées. Les marais sont passés de 9.000 km² à 760 km² en 2002. Cette manœuvre n’était pas innocente. En agissant ainsi, Saddam Hussein a chassé les rebelles chiites qui s’y étaient réfugiés, ceux résistant à sa dictature. Si les marais ont été dans l’histoire un lieu de refuge pour les hommes, ils ont aussi été un abri unique pour de nombreuses espèces animales.

UN DES PLUS ANCIENS ÉCOSYSTÈMES AU MONDE

Autrefois ces terrains humides s’étendaient entre le Tigre et l’Euphrate. Ils étaient nommés le Croissant fertile. Ce terme de croissant fertile a été employé par l’archéologue James Henry Breasted pour nommer cette région du Moyen-Orient. Ce nom lui a été donné à cause de sa forme de croissant sur une carte géographique. Les pays du croissant étaient irrigués par quatre fleuves: le Jourdain, l’Euphrate, le Tigre et le Nil. Ces territoires étaient florissants, ils bénéficiaient d’une hydrographie exceptionnelle.

Ces marais constituaient l’un des plus anciens écosystèmes du monde et leur destruction a été considérée comme un crime contre la nature. L’UNESCO, en plaçant cette région sur sa liste des postulants au patrimoine mondial environnemental et culturel, a voulu faire en sorte que cette région retrouve son paradis originel. Elle lui a permis de profiter d’un soutien de rénovation de 14 millions de dollars, des fonds donnés par l’Italie et gérés par le PNUE. Un nouveau souffle va être donné à ce territoire. Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement estime que ce site aurait été complètement perdu d’ici cinq ans si rien n’avait été fait.

5.000 ANS D’HISTOIRE A TRAVERS LES BABYLONIENS ET LES SUMÉRIENS

Le projet de réhabilitation du site a pour objectif de restaurer sa viabilité écologique et de permettre aux populations locales de subvenir à leurs besoins économiques. Allant dans le même sens, il est indispensable de fournir de l’eau potable aux populations. Mais, réhabiliter les marais c’est aussi leur redonner leur visage d’origine: replanter les joncs et se servir des fonds aquatiques comme filtrage des eaux. Il serait bon d’introduire des énergies renouvelables dans ce projet de rénovation.

Les populations des marais sont héritières de 5.000 ans d’histoire à travers les Babyloniens et les Sumériens. Espérons qu’ils pourront s’enraciner de nouveau, se réconcilier avec le passé. Après la chute du régime de Saddam Hussein, les populations locales ont ouvert les vannes des écluses, créé des brèches dans les barrages, et ainsi 40 % des marais ont été réalimentés. De ce pays, situé entre deux fleuves, est née la légende du paradis terrestre, le jardin d’Eden de la Bible. Il abrite l’ibis sacré et sert d’alevinage aux poissons du Golfe. Sa position lui donne dans l’histoire humaine une importance primordiale: situé entre l’Égypte et l’Iran, entre la mer, la montagne et le désert, avec des ouvertures sur l’Occident par la Méditerranée, sur l’Inde et l’Extrême-Orient par le golfe Persique, il est au centre de l’Orient.

DES ZONES HUMIDES BIEN GÉRÉES, LA SANTÉ PRÉSERVÉE

Patrick Denny, spécialiste des zones humides à l’Institut UNESCO d’éducation relative à l’eau, explique, qu’une zone humide digne de ce nom «retient l’eau et ralentit le débit des rivières. Pendant la saison sèche, c’est grâce à elle que les cours d’eau continuent à couler, ne serait-ce qu’au compte gouttes. Elle donne également aux aquifères le temps de se recharger, maintenant ainsi le niveau des eaux souterraines». Il explique également: «Quand l’eau et les zones humides sont bien gérées, les problèmes de santé qu’elles sont susceptibles de causer ne sont pas si graves. En réalité, le développement de maladies est généralement dû à une perturbation de l’équilibre écologique provoquée par l’homme. Dans un système qui fonctionne naturellement, avec une bonne diversité biologique, on ne doit pas trouver beaucoup de moustiques car les poissons, les insectes et les oiseaux se chargent de manger leurs larves.»