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D’Entre les murs à Paul Newman

Écrit par Alain Penso
14.10.2008
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  • affiche du film Entre les murs(攝影: / 大紀元)

 

La souffrance se trouve chez les jeunes incompris, souvent déscolarisés ou bien perdus, à cause d’une orientation trop légère et surtout d’une insouciance et d’un manque de considération chronique des institutions qui n’ont souvent rien d’autre à faire qu’acquiescer au système.

Les professeurs choisissent souvent ce métier, même aujourd’hui, aussi étrange que cela soit, par vocation. Face à des élèves rebelles venus souvent d’autres contrées où la nourriture manquait et où le langage mal maîtrisé posait problème, le professeur doit trouver l’expression qui parlera le mieux à ces êtres désireux de prendre la vie à bras le corps. Entre les murs de Laurent Cantet exprime tout le désespoir de l’enfant en passe de devenir adulte. Ces élèves ignorent les chemins qui les mèneront vers la connaissance.

François Bégaudeau, professeur de français au collège Mozart dans le XIXe arrondissement avait publié un roman chez Verticales Entre les murs qui avait eu du succès : plus de 200.000 exemplaires s’étaient vendus. Laurent Cantet, passionné par le sujet, met en chantier un film lumineux et pertinent avec des moyens limités et sans stars, avec un budget de 2,5 millions d’euros alors que le film de Baratier Faubourg 36 en a coûté 28.

Cantet n’est pas étranger au sujet de société. Pour Arte, il avait déjà tourné deux excellents films Ressources humaines et l’Emploi du temps. L’adaptation du roman s’est opéré à trois, Laurent Cantet, le réalisateur, François Bégaudeau, l’écrivain du roman et acteur principal du film, Robin Capillo, scénariste. Des ateliers ont été organisés tout au long de l’année. Sur 50 enfants, 24 ont été sélectionnés parmi les plus assidus. Le tournage s’est déroulé l’été 2007 pendant sept semaines. Quatre caméras haute définition ont été nécessaires pour capter les différentes scènes et situations.

Au total 140 heures de rush ont été tournées, nécessitant six mois de montage pour ordonner et choisir les options sensibles du film. C’était un casse-tête, nous fait comprendre Cantet dans le film. Les textes ont été écrits et joués, ce n’est pas de l’improvisation, et c’est là la performance que l’on peut noter dans le film. Les enfants ont dû se plier à la discipline de l’art dramatique en jouant souvent des personnages opposés à eux-mêmes. Entre les murs n’est donc pas un documentaire et cependant il rapporte des situations actuelles dans une classe de 4e avec une touche de fiction nécessaire pour que le cinéma perce dans une réalité.

Certes, ce n’est pas une comédie musicale et pourtant la gestuelle des protagonistes, leur diction souvent savoureuse pour sa simplicité et sa sincérité pourraient faire penser à un spectacle sérieux où le meneur de jeu, le professeur, tente de trouver un fond commun avec tous les Français. La France décide de faire des économies sur son ministère de l’Éducation, alors qu’on le voit aujourd’hui, la formation durera désormais toute notre vie. Entre les murs de Laurent Cantet donne un coup de pied dans la fourmilière de l’endormissement que fabrique aujourd’hui pour des raisons politiques notre société. Sans doute trop original, le film n’a pas fait l’unanimité à la sélection à Cannes.

Thierry Frémont, directeur du Festival de Cannes, avait ajouté des conditions de participation étranges dans la sélection officielle : les films devaient pouvoir aller ensemble avec les films déjà sélectionnés, Le conte de Noël d’Arnaud Desplechin et La frontière de l’aube de Philippe Garrel. Entre les murs a obtenu la Palme d’Or au festival de Cannes. Il n’y avait aucun photographe lors de sa présentation. Il y a quelque chose de honteux que des sujets en compétition de cette profondeur là n’éveillent aucun intérêt de la part des journalistes sur place dont le métier est de secouer la curiosité d’autrui.

Sean Penn, président du jury du festival, acteur et réalisateur américain au talent incontestable fuyant les studios hollywoodiens, a déclaré lors de la remise des prix: «Je veux que mes enfants voient ce film et pas seulement les miens». La France n’avait pas eu la Palme d’Or depuis 1987, date à laquelle Pialat l’avait obtenue avec Sous le soleil de Satan.

Valse avec Bashir est sorti il y a quelques semaines et pourtant je crois nécessaire de revenir dessus. Soulignons d’abord l’intelligence du cinéma israélien, peu soucieux de la censure, pratiquement absente. Le sujet touche pourtant un sujet brûlant qui n’a pas fini de faire couler l’encre, les prémices qui ont permis Sabra et Chatila. Rappelons que cette tragédie réprouvée par l’ensemble des Israéliens fait descendre plus de 30.000 Israéliens dans la rue.

Le gouvernement israélien a été débordé par la milice chrétienne libanaise, qui est entrée dans les villages palestiniens massacrant par vengeance, hommes, femmes et enfants. Un carnage, dit le narrateur du film qui aurait pu être arrêté en haut lieu si le haut commandement avait fait attention à ses recommandations et ses craintes. Le film est un dessin animé étonnant pour sa précision et sa dramaturgie très efficace. Un petit bijou dans le genre.

Christophe Baratier aime le cinéma qui met en scène d’autres époques que la sienne. Il aime la musique, le spectacle en général. Avec Les Choristes, il s’était inspiré d’un film des années 40 en noir et blanc – La cage aux rossignols de Jean Dréville – l’avait adapté avec Noël-Noël puis modernisé. C’était devenu un succès mondial. On retient plus la voix du gamin charmant du film qui depuis a grandi. À ce propos, à part le talent exceptionnel du gamin et de la chorale, aucune invention notable n’était à retenir. Gérard Jugnot, le personnage de l’instituteur, était très convaincant.

Il faut répéter qu’avec un gros budget (28 millions d’euros) tout était possible, sauf peut-être d’imiter les films consacrés sur la période du Front Populaire comme Le crime de Monsieur Lange où la comédie prenait l’atmosphère d’une époque dans laquelle soufflait la passion de l’indépendance et du goût d’entreprendre avec les autres. Les numéros musicaux sont sympathiques, Gérard Jugnot, formidable acteur, tient presque tout le film à bout de bras, un petit ballet genre Busby Berkeley pas trop mal, cela sent tout de même la copie, qu’importe c’est la mode.

Gus Van Sant n’avait-il pas imité Hitchcock avec son psychose dont on ne peut garder que le générique, un clone parfait de l’original, pour le reste il repassera… La jeune femme adorable, Nora Arnezeder tient sur scène sans problème. Puis, c’est un concert bataille entre le méchant Bernard-Pierre Donnadieu (on se souvient de Tirs Groupés de Jean-Claude Messiaen où il jouait un voyou épouvantable qui agressait une jeune femme dans un train de banlieue) et le héros masculin Clovis Cornillac «gabinnisé» par Christophe Baratier. Un film bien fait où la mémoire ne s’encombre plus une fois «la denrée» consommée. Dans une société où priment la rentabilité et la consommation, il est normal que les réalisateurs soient contaminés sans même le savoir. 

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.