Le porte-bébé amérindien, objet du patrimoine familial

Écrit par Pascal Huot et Mathieu Tremblay, Collaboration spéciale
14.10.2008

 

  • Bibiane Courtois devant un porte-bébé amérindien(攝影: / 大紀元)

Mme Bibiane Courtois, Montagnaise de Roberval, confectionne des porte-bébés de tradition ilnue.

Le porte-bébé se retrouve dans différentes communautés amérindiennes, chacune ayant ses particularités. Dans certaines communautés, il est accompagné d'une armature en bois qui permet de porter l'enfant sur le dos.

Le porte-bébé traditionnel ilnu sert d'enveloppe pour les bébés naissants, et ce, jusqu'à l’âge de deux mois environ. Une fois bien emmailloté dans ce cocon, le nourrisson garde sa chaleur et s'y sent en sécurité. S’ils étaient traditionnellement fabriqués avec les ressources disponibles, le cuir d’orignal ou de caribou, ils sont aujourd’hui réalisés à partir de tissu. La couleur et la nature du tissu sont au choix de l’artisan, mais la doublure intérieure est habituellement à carreaux. Sur le devant, on retrouve généralement des broderies. En ce qui a trait aux œillets, il existe différentes méthodes pour passer les cordons afin de serrer l'enfant à l'intérieur. Il peut s'agir de ganses en tissu, en cuir ou de boutons de panache de caribou.

Rencontrée dans le cadre du projet d’inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel1, Bibiane Courtois nous a fait part de son expérience et nous a expliqué la nature de cet objet traditionnel ilnu qui se révèle être bien plus qu’une simple pièce de tissu.

Le porte-bébé est d’abord une réalisation familiale qui ne peut pas être confectionnée pour des étrangers. Lorsque Bibiane Courtois apprend que l’une de ses deux filles est enceinte, elle décide de se lancer dans la fabrication de son premier porte-bébé. C’est au contact de Mariette Manigouche, artisane du Musée amérindien de Mashteuiatsh, qu’elle prend connaissance des détails de fabrication relatifs à la taille et à la forme que devait prendre l'enveloppe, ainsi que des motifs qui y figurent généralement.

La personnalisation du porte-bébé s’effectue par le choix des dessins qui seront brodés. Ces dessins peuvent être des objets emblématiques représentant les valeurs familiales. «Ce n’est pas juste une pièce de vêtement que je fais pour l’enfant, c’est aussi un objet qui est porteur d’identité pour les enfants», explique Bibiane Courtois. Ses deux filles ayant donné naissance à des filles, Mme Courtois a décidé d'y broder des fleurs sur le devant. C'est lors de la confection de son troisième porte-bébé, destiné à l’enfant de son neveu Pascal, qu’elle a intégré des objets traditionnels à sa broderie. Pascal est très attaché à son grand-père, le père de Bibiane Courtois, aujourd’hui décédé. Par conséquent, elle a choisi de broder des sujets illustrant la vie de cet homme important, tels un couteau croche, un canot, des raquettes et des tambours. Les tambours possèdent une double signification, puisque ceux-ci représentent la communication avec les esprits et rappellent ainsi à Pascal qu'il peut toujours communiquer avec son grand-père.

Objet utilitaire, le porte-bébé s’intègre dans la coutume et le mode de vie amérindien et devient un legs hautement identitaire. Le nouveau-né, chaudement enveloppé, arbore son histoire comme le témoignage vestimentaire d’une culture préservée de génération en génération.

1. Projet d’inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatérie