Entraide éthique chez Zebunet

Écrit par Catherine Keller, La Grande Époque - Genève
17.10.2008

  • zebu(攝影: / 大紀元)

Un proverbe chinois dit : « Si un homme a faim, il vaut mieux lui apprendre à pêcher plutôt que de lui donner un poisson ». On pourrait appliquer cette maxime à Zebunet.

L’association propose d’investir dans un zébu, un dromadaire ou un cochon. L’acquéreur devient investisseur et les paysans du sud empruntent l’animal, en tirent profit et remboursent le prix de l’animal plus les intérêts (3 à 4%). L’investisseur reste propriétaire de l’animal tant qu’il n’est pas remboursé. À la fin du contrat, il peut récupérer son argent en monnaie locale dans le pays même - et non en euros pour éviter le surendettement du paysan. Il peut aussi réinvestir et même agrandir son cheptel. Zebunet est reconnu d’intérêt général, les investissements sont donc déductibles des impôts.

Sur place, des ONG font le relai. Elles sélectionnent les candidats en fonction de leur besoins et de leur capacité à travailler, à s’investir et à rembourser le prêt. Les agriculteurs bénéficient d’une assistance vétérinaire, agro-alimentaire et de gestion. L’investisseur peut suivre « son animal », voir comment il prospère, sa descendance, etc. Les bénéficiaires sont des personnes qui sont très pauvres et qui n’ont pas d’accès aux prêts bancaires. Néanmoins, dans la très grande majorité des cas, Ils réussissent à rembourser le prêt et améliorent notablement leur qualité de vie. 

En France, l’association est composée de bénévoles. Ils ont d’ailleurs un grand besoin de renfort pour pouvoir informer en temps réel les investisseurs. Dans les pays du sud, les ONG qui collaborent avec Zebunet sont rémunérées pour leur travail ou Zebunet paye un employé qui est sous le contrôle de l’ONG locale. Un souhait de Zebunet serait de pouvoir rembourser les investisseurs en France sous forme de troc : Zébu contre artisanat local, ce qui devrait devenir possible quand l’association se sera plus développée.

Au Vietnam

Zebunet relève que le Vietnam souffre encore de la guerre. L’ « agent orange » déversé sur les forêts est toujours présent. Beaucoup d’enfants sont intoxiqués à la dioxine, ce qui provoque des malformations. Pour une famille pauvre, la difficulté à faire face est grande. Les aides proposées à ces paysans n’étaient pas adaptées. C’est pourquoi Zebunet a revu son aide pour qu’elle cadre mieux avec les besoins de ces familles – l’association collabore pour cela avec l’Union Générale des Vietnamiens en France.

Zebunet a cessé de travailler avec l’ONG SEDEC car son directeur voulait donner les fonds récupérés aux autorités locales qui les réclamaient. C’est un problème que l’on rencontre dans certaines régions mais dans l’ensemble, la collaboration a été fructueuse pour tout le monde. Toutes les autres associations ont permis de rembourser l’investissement à plus de 95% et la vie des paysans s’est nettement améliorée.

Le Bangladesh

Ce pays est particulièrement touché par les inondations. Trois fleuves le traversent et les pluies de mousson sont diluviennes. Zebunet s’est associé à Friendship, un ONG qui utilise une péniche-hôpital pour passer d’une île à l’autre afin de soigner et former la population. Le projet propose aux paysans d’emprunter sur une période de quatre ans une vache en août, de l’engraisser et de la revendre en avril, juste avant la mousson. Le bénéfice est partagé entre Friendship et le paysan et l’argent est placé en banque, ce qui rapporte des intérêts. Comme les risques sont grands, les paysans payent une cotisation de 6%  en guise d’assurance.

La Mauritanie

La majorité de la population de ce pays élève des chèvres, des brebis, des zébus et des dromadaires. Ils sont nomades. Leur principal problème est la sécheresse. Depuis quelques années, certains nomades se sont sédentarisés et sont devenus propriétaire d’oasis. Ils transhument moins et se consacrent également à l’agriculture. Les dromadaires sont élevés pour le transport traditionnel. Les femmes s’occupent des chèvres et des brebis qui sont une ressource complémentaire. Zebunet travaille dans le sud et le sud-ouest du pays, là où se concentre une grande partie de l’élevage. Elle s’y est spécialisée dans la production de lait en collaboration avec les associations locales des Producteurs Laitiers Transhumants et de la laiterie de Tiviski.

Niger

Trois projets sont en cours. Le premier se situe dans le nord et s’adresse aux Touaregs qui pourront acquérir quatre chèvres par famille.  Dans le centre du pays, Zebunet avec la collaboration de Vétérinaires du Monde Belgique et d’ONG locales permet aux paysans de reconstituer le cheptel qu’ils ont perdu lors de la sécheresse de 2005. Finalement, aux alentours de Niamey, la capitale du pays, Zebunet développe un projet d'élevage de moutons et brebis bien adapté à la région. Comme l’apport de nourriture dépend de la pluie, il est prévu une somme qui permettra d’acheter du fourrage en cas de besoin.

Madagascar

Sur cette ile si particulière, c’est principalement le Zébu qui est utilisé. Les cochons ont été abandonnés à cause du risque de peste porcine. Cette « vache » rustique nourrit la famille de son lait, les champs avec son fumier, donne un veau par an et supporte les périodes de sécheresse. C’est la meilleure alternative pour les paysans, celle qui rapporte le plus.  Bien que ces animaux soient marqués, il arrive fréquemment que l’animal soit volé car c’est là-bas un sport national. Le paysan doit faire très attention car contrairement aux autres pertes (maladies, mort) qui sont remboursées par une réserve faite sur les intérêts, le vol n’est pas assuré.

Zebunet