Les tramways du souvenir

Écrit par Catherine Keller, La Grande Époque - Genève
23.10.2008

  • intérieur d un tram(攝影: / 大紀元)

Les tramways font partie des souvenirs d’enfance. Ils sont un des symboles du temps où on avait du temps, du temps des découvertes, où tout était possible, où l’avenir était radieux, souvenirs qui rendent plus beau le temps qui passe.

Les adhérents des associations de vieux tramways sont tous bénévoles et ne bénéficient d’aucune subvention. Ils  partagent la même passion : restaurer, entretenir et faire rouler un vieux tramway. C’est le rêve de bien des petits garçons encore de nos jours et c’est aussi une passion de collectionneur, un petit monde  partagé entre férus des transports en commun qui dépensent leur temps et leur argent sans compter.

Monsieur Calame, président de l’Association Genevoise du Musée des Tramways nous explique sa passion « Enfant, mon père conduisait le tram et je le prenais pour l’accompagner ainsi que pour mes déplacements dans la ville. Puis je suis devenu enseignant en mathématique au collège Calvin. Un jour, un de mes anciens élèves m’a proposé de venir à une exposition de vieux trams. J’ai rencontré des gens passionnés et j’ai beaucoup apprécié. Il y a 364 membres (individus, familles, entreprises, communes) qui viennent de tous milieux et sont de tout âge, c’est très enrichissant. J’ai appris à conduire les trams, à réparer les véhicules, à découvrir l’histoire de la ville à travers le tram, c’est passionnant. »

Visite à l’association Genevoise du Musée des Tramways

Les véhicules de l’AGMT se situent dans les entrepôts des Transports Publics Genevois Bachet-de-Pessay  mais ça n’a pas toujours été le cas. L’association est née en 1973, créée par une bande de copains qui à l’université partageaient cette passion. Tous les jeudis, ils prenaient une carte journalière et se donnaient des challenges comme prendre le plus de véhicules différents À cette époque, se rappelle  monsieur Rahm, vice président de l’AGMT, la direction de la Compagnie genevoise des tramways électriques (CGTE) les prenait pour des farfelus.. Plus tard, ils suivront une formation de Wattman (tramino, tramelo) pour pouvoir conduire les trams à travers la ville.

Les membres de l’AGMT ont eu bien du mal à se faire prendre au sérieux et à faire reconnaitre l’importance de préserver ce patrimoine pour les générations futures. Heureusement, Berne et Zurich avaient déjà entrepris de créer un musée du tramway. Ils ont ainsi pu se baser sur leur expérience pour se faire accepter. 

L’association a reçu une motrice et sa remorque ainsi qu’une place pour les entreposer en extérieur car il manquait de place dans les entrepôts. Durant treize ans, le tram est resté à la douane de Moillesulaz. « Nous avons restauré les véhicules par tous les temps.  Heureusement nous n’avons jamais eu à souffrir d’actes de vandalisme. » En 1976, la CGTE devient les Transports Publics Genevois et son nouveau directeur, Monsieur Stoeckli comprend bien l’intérêt de préserver ce patrimoine. En 1987, les entrepôts de Bachet-de-Pessay  sont inaugurés et les TPG mettent une voie à disposition de l’association.

Monsieur Calame, président de l’association, explique qu’un des buts de l’AGMT est d’ouvrir un musée au public où les tramways pourraient être visités. Y seraient également présentés les costumes d’époque et autres matériels, ainsi que toute la documentation  qu’ils ont récoltée. Il s’agit de photos, plans de lignes et bâtiments, horaires, titres de transport, vidéos soit environ 12000 documents. Cette idée a cependant du mal à se concrétiser pour des raisons financières. Les membres de l’AGMT se satisfont donc provisoirement du périodique que le paiement de leur cotisation leur permet de recevoir.

Plusieurs tours de ville sont organisés d’avril à fin septembre et il est également possible de louer un véhicule pour une sortie exceptionnel. Le 2 novembre 2008, pour une journée spéciale, l’AGMT sortira tous ses véhicules pour une visite de la ville. Pour les Genevois, le départ se faisant à Rive, trois directions seront desservies à destination des Nations, de Moillesulaz et de Bachet.

Histoire des trams genevois

En 1862, le premier tram à cheval faisait le trajet Place Neuve – Carouge. Puis vient le premier tram à vapeur en 1877 toujours sur la même ligne qui sera prolongée jusqu’à Moillesulaz. Le premier tram électrique arrive en 1894 sur la ligne Champel - Petit Saconnex. En 1986, la ligne Carouge – Moillesullaz est électrifiée Mais le tram à cheval continue le trajet Cornavin - Mollard, jusqu’en 1904, date où le nouveau pont du Mont-blanc est construit - l’ancien n’aurait pas supporté le poids d’une motrice électrique.

Les machines à vapeur ont cessé de circuler en 1911. Elles transportaient les wagons ferroviaires jusque dans les usines. Elles sont remplacées par des motrices électriques et leur service cesse en 1955.  Dans les années 1940 – 50 les rails furent démontés pour faire place à la voiture. Seule la ligne Carouge – Moillesullaz est restée. Tous les trams de l’époque étaient construits en Suisse même, dans les ateliers Sécheron, Charmilles…

Paris

AMTUIR existe depuis 1957.  Elle possède une documentation sans cesse enrichie qui préserve le patrimoine des transports publics français. Un de ses buts est de transmettre ce savoir et pour cela, elle tient une médiathèque et publie une revue pour les adhérents. Elle a aussi 170 véhicules au Musée des Transports urbains en France, qui, faute de moyen, est actuellement fermé au public - hormis la journée du patrimoine en septembre. 

Bruxelles

Le musée de Woluwe possède plus de soixante véhicules datant de 1868 à nos jours. Il est fermé jusqu’en 2009 pour être rénové mais il est encore possible de faire un tour dans un tram historique ou le Brussels Tourist Tramway durant le week-end, entre avril et septembre. L’association de bénévoles MTUB propose au public outre des tours en tramway avec visite guidée, ou même de louer un tram pour un évènement particulier.

Montréal

Le club des amis des tramways de Montréal fête son 50ème anniversaire en aout 2009. L’association de bénévoles se réunit quatre fois par année pour assister à des conférences, publie un bulletin trimestriel et organise un voyage annuel vers une ville d’Amérique du Nord où les tramways sont toujours en opération. Une fois par année, une exposition de maquettes et de films  est proposée au public montréalais. http://www.amistramwaysmontreal.org