Échec de Tzipi Livni

Écrit par Stéphanie Krug, Collaboration spéciale
27.10.2008
  • Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères d’Israël(Stringer: Uriel Sinai / 2008 Getty Images)

L’accord de principe entre Kadima et le parti travailliste ne suffit pas à créer une coalition  

Un accord de principe est intervenu entre le parti Kadima et le parti travailliste le 13 octobre dernier en vue de la formation d’un gouvernement de coalition dirigé par Tzipi Livni, l’actuelle ministre des Affaires étrangères d’Israël, selon la radio publique israélienne.

Ce nouvel accord de coalition a rapproché Tzipi Livni d’Ehud Barak, chef du parti travailliste, mais l’entrée de ce parti dans la formation du nouveau gouvernement n’a pas suffi à assurer la majorité à Tzipi Livni à la Knesset, le Parlement israélien. Au nom du parti centriste Kadima, l’accord a été signé le 13 octobre par le député Tsahi Hanegbi et par Efi Oshaya, conseiller du président du Parti travailliste, Ehud Barak.

Actuellement, le parti Kadima de Tzipi Livni est représenté à la Knesset par 29 sièges et le parti travailliste par 19 sièges, ce qui fait un total de 48 députés. Mme Tzipi Livni a besoin de 61 députés au moins pour créer sa coalition.

Par ailleurs, le parti Kadima a entamé des négociations, ces dernières semaines, avec deux autres partis, le parti des retraités (3 députés) et le Meretz, parti de gauche qui compte cinq députés à la Knesset. Ce dernier n’a pas participé à un gouvernement depuis juin 2000. Un porte-parole du Meretz a révélé que les discussions avec Haïm Oron et Zehava Gal-On, principaux leaders du  Meretz, avaient porté sur les questions diplomatiques, socioéconomiques et législatives.

Zehava Gal-On a déclaré jeudi 16 octobre au micro de la radio israélienne que la condition pour qu’Oron envisage de participer au gouvernement était que ses exigences en matière socioéconomique et sur la question du processus de paix soient entendues et respectées. Il a ajouté que le Parti Meretz n’avait aucun intérêt à s’engager dans la coalition si Mme Livni ne persévérait pas dans l’avancée d’un accord de paix avec les Palestiniens et si elle n’oeuvrait pas dans le sens d’un compromis sur la question du statut de Jérusalem, actuelle capitale de l’État juif, dont l’Est est peuplé majoritairement d’Arabes, et que les Palestiniens revendiquent comme la capitale de leur futur État.

Mme Tzipi Livni a rappelé à ce sujet qu’en tant que chef de la diplomatie israélienne, elle n’a cessé de mener au cours des derniers mois des négociations avec les Palestiniens, depuis la conférence d'Annapolis (États-Unis) de novembre 2007, et qu’elle entend les poursuivre quand elle sera premier ministre.

L’actuelle chef du parti Kadima devait compter avec le Shass, le parti ultraorthodoxe sépharade qui compte douze sièges à l’assemblée pour obtenir ses 61 sièges, mais des désaccords règnent entre les deux partis, notamment au niveau des allocations familiales. En effet, le Shass réclame au futur gouvernement, en contrepartie de son entrée dans la coalition, un chèque d’un milliard de shekels pour les allocations familiales, ce à quoi s’oppose le ministre des Finances, Ronnie Bar-On. «Nous voulons que le budget 2009 alloue une grande partie de ses fonds aux aides familiales», avait déclaré Eli Yishaï, le chef du parti Shass, selon Jerusalem Post.

En outre, le chef du parti Shass refuse de soutenir l’alliance entre Kadima et le parti travailliste parce qu’il n’entend pas négocier le statut de Jérusalem avec les Palestiniens, qui réclament la partie orientale de la ville comme capitale de leur futur État.

Le statut de Jérusalem, dont la partie orientale a été conquise en 1967 par Israël, est l'une des questions centrales des négociations palestino-israéliennes.

Selon des sources proches de Tzipi Livni, la nouvelle dirigeante de Kadima se serait dernièrement adressée au président Shimon Pérès pour lui demander l’ajout de deux semaines supplémentaires pour former une nouvelle coalition. Ce sont visiblement les désaccords persistants avec le parti religieux Shass (12 députés) qui n'ont pas donné la possibilité à Mme Livni de former un gouvernement dans la période initiale de trois semaines prévue par la loi. Cette dernière octroie pour la création de la future coalition, la disposition au total de 42 jours, composés d’une période initiale de trois semaines qui est possiblement prolongée d’un deuxième délai de deux semaines, auquel s’ajoutent les nombreux jours fériés. Conformément à la loi, le nouveau gouvernement israélien devait être formé au plus tard le 3 novembre prochain.

Coup de théâtre, samedi 25 octobre : Tzipi Livni, chargée par le président Shimon Pérès de former un nouveau gouvernement, a finalement renoncé à son mandat et demande la convocation d'élections législatives anticipées, selon la radio publique israélienne. Cette décision soudaine a été prise à l'issue de consultations à huis clos, après le refus du parti religieux Shass de faire partie d'une éventuelle coalition.

Cette perspective électorale est favorable au principal rival de Tzipi Livni, chef du Likoud. Cependant, force est de constater qu’une victoire du Likoud aux élections anticipées prévues pour la mi-février freinerait le processus de négociations israélo-palestinien en cours depuis la conférence de paix d'Annapolis de novembre 2007, dont Benjamin Netanyahu s'est toujours tenu à l’écart. Ce dernier a d’ores et déjà assuré au parti religieux du Shass qu’il entendait doubler l’aide allouée aux allocations familiales, toutes les dépenses relatives à la protection sociale pour les plus démunis, s’il arrivait au pouvoir.