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Entrevue avec les auteurs d’Un capitalisme sentimental

Écrit par Olivier Chartrand, La Grande Époque - Montréal
29.10.2008
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  • Lucille Fluet et Alex Bisping(攝影: / 大紀元)

Un capitalisme sentimental, dernier film d’Olivier Asselin dont le personnage principal est interprété par Lucille Fluet, sa conjointe, qui a également cosigné le scénario, prendra l’affiche vendredi prochain. Il s’agit de la fausse autobiographie de fiction de Fernande Bouvier, première personne cotée en bourse. Rencontre avec le sympathique couple.

La Grande Époque (LGÉ) : Qu’est-ce qui a motivé l’équipe à s’investir dans ce projet?

Lucille Fluet (L.F.) : Je pense que les gens l’aimaient, ils l’ont fait beaucoup par l’envie de faire un film un peu différent.

Olivier Asselin (O.A.) : De faire un film différent du point de vue du ton, du point de vue du contenu, du point de vue de la manière de faire, cela a plu à tout le monde. Cela a été un très beau tournage.

LGÉ : Vous avez tous les deux coécrit le film. Votre motivation première d’accoucher de ce projet, c’était… ?

O.A. : C’est un peu autobiographique. Nous, Lucille et moi, quand on est arrivé dans le milieu du cinéma, c’était un peu par hasard. On a fait La liberté d’une statue ensemble…

L.F. : Toi [à son conjoint], tu avais fait des études en arts visuels. Moi, j’ai étudié en philosophie et littérature, mais j’ai aussi été dans une école de théâtre.

O.A. : Puis, on a fait un film. Au départ, je voulais me lancer dans le cinéma expérimental. Elle, elle voulait faire…

L.F. : Des films de fictions.

O.A. : D’un coup, on s’est retrouvé dans le milieu du cinéma qui est différent de celui des beaux-arts. C’est un milieu très industriel où l’argent et le box-office sont importants… On n’a pas détesté le milieu du cinéma, mais on a trouvé que ça bousculait certaines de nos valeurs. Donc, Fernande Bouvier, c’est nous finalement : l’idéalisme, le romantisme de l’art et de la beauté puis, ensuite, c’est la réalité de l’économie.

Le point de départ est que toute chose a un prix ou un salaire. C’est ça qui détermine la valeur d’une personne ou d’une chose…

L.F. : Au lieu de l’humanité des gens, c’est leur salaire qui détermine leur importance et leur valeur.

O.A. : Tout le monde est conscient de cela, c’est banal! Mais, en même temps, il faut y réfléchir un peu, c’est quand même bizarre.

L.F. : Alors, pour en parler, on a décidé de faire un petit détour historique et de situer l’action en 1929 parce que ça nous semblait cristalliser un peu tout cela et ça nous permettait de nous amuser avec les films d’époque.

O.A. : Ce qui détermine le salaire d’une personne, c’est l’offre et la demande. C’est troublant mais, nous, on ne voulait pas juger.

L.F. : On a choisi d’en rire.

LGÉ : Il y a donc un questionnement derrière le film à propos de comment évaluer la valeur d’une chose?

O.A. : Oui, et il se pose bien en art. À partir du moment où l’art est devenu abstrait, les gens, surtout ceux qui n’étaient pas spécialistes, se sont dit : «Écoute, pourquoi je te donnerais 10 000 $ pour un truc que tu viens de griffonner en cinq minutes sur le coin de la table, c’est en plus mal dessiné, ça ne me ressemble pas!» Les artistes ont fait ça pour se libérer, mais cela a posé d’autres questions. Et quand Duchamp [Marcel] est arrivé, il a dit : «Un urinoir, je le signe, voilà, c’est de l’art! Débrouillez-vous avec cela!»

LGÉ : C’est un film assez éclaté au niveau de la forme, de l’humour et de l’image. Quelles ont été vos inspirations?

L.F. : Il y en a beaucoup. Des inspirations pour chacun des personnages mais aussi pour l’image. Grosso modo, on s’est dit que Fernande faisait son film après le krach, après 1929, donc elle pouvait avoir pris un certain temps à le financer et que tout était permis, à peu près jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale…

O.A. : C’est en fait une fausse autobiographie. C’est Fernande qui fait son propre film. Mais, ce qui nous intéressait, c’était 1929 comme point tournant et le cinéma d’avant-garde des années 20 et le cinéma américain des années 30, les comédies musicales et le film noir.

Donc, on a mélangé tout cela. Ce qui est intéressant, c’est qu’entre les deux guerres, l’Amérique devient le pays le plus puissant au monde économiquement. Et le cinéma américain devient dominant sur la planète. C’est une période où il y a eu une sorte de mélange avec la culture avant-gardiste et la culture populaire. C’est ce que l’on a essayé d’intégrer ensemble parce que cela a un lien avec l’histoire économique.

LGÉ : Quel genre de personne pensez-vous que le film va toucher?

O.A. : Peut-être que vous le savez plus que nous! (rire)

L.F. : Moi, je pense que tout ceux qui veulent être dépaysés vont aimer le film, parce que, malgré qu’il y ait des références, ce n’est pas un film didactique. Ça reste un film très ludique, joyeux et avec de l’ironie.

O.A. : C’est une fantaisie, il n‘y a pas de message dans ce film, il y a un propos, mais pas de leçon à tirer. Ce n’est pas un blockbuster pour aller chercher tout le monde. En même temps, je ne pense pas que ce soit un film pour une élite cinéphile, c’est plus accessible.

LGÉ : Ce n’est pas la première fois que vous travaillez sur le même projet. Comment c’est de travailler ensemble?

L.F. : En fait, c’est le premier scénario de fiction que l’on a écrit ensemble. Mais on se connaît très, très bien et on s’entend très bien.

O.A. : Il y a quelqu’un qui nous a dit à un certain moment : «Un couple qui travaille ensemble, Watch out!», c’est risqué pour le travail ou pour le couple. (rire) Côté famille, notre fille Élisabeth est d’ailleurs pas mal écœurée du Capitalisme sentimental (rire) parce qu’elle a tout vécu du début à la fin.

Au début, c’est vrai que l’on a eu des frictions au niveau de l’écriture.

L.F. : Parce que l’on pensait qu’il fallait écrire en même temps, être les deux côte à côte et écrire les dialogues. Puis, finalement, on s’est dit que l’on devait travailler ensemble la structure, puis la prendre chacun de notre côté pour développer les scènes qui nous inspirent. Après, on échange sur ce qui est écrit. On a déterminé qu’Olivier avait le droit de veto

O.A. : Mais je n’ai pas eu à l’employer. Et, pour la recherche, on s’est divisé le travail.

L.F. : Je me suis occupée des personnages et j’ai lu beaucoup de biographies. Olivier a fait la recherche sur la bourse et le monde des finances et il enseigne les arts visuels [et le cinéma à l’Université de Montréal], donc il connaissait le sujet. Le prochain projet, on va aussi le faire ensemble.

LGÉ : De quoi s’agit-il?

L.F. : Du rapport entre la science et la politique dans les années 40. Il y a une certaine continuité avec le Capitalisme, mais ce sera un film plus sombre.

 

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