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ISRAËL – Des défis importants pour la nouvelle chef de Kadima

Écrit par Stéphanie Krug, Collaboration spéciale
09.10.2008
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  • zipi Livni, ministre des Affaires étrangères israélienne et nouvelle chef du parti Kadima.(Stringer: Uriel Sinai / 2008 Getty Images)

Nul besoin d’affirmer que Tzipi Livni, la nouvelle chef de Kadima, a devant elle des défis importants – tant sur le plan politique, sécuritaire et économique que sur le plan international et du processus de paix – si elle entend devenir premier ministre. Mandatée par le président Shimon Peres, elle a 42 jours au plus pour établir son nouveau cabinet. Si elle échoue à créer une coalition, Israël devra s’orienter vers des élections anticipées, une perspective favorable à Benjamin Netanyahu, le chef du Likoud.

Face à ces défis, Mme Livni a appelé les membres de son parti à s’unir et à déployer des efforts concertés pour surmonter les difficultés. Elle a déclaré que même si Israël tenait des élections anticipées, elle dirigerait le parti de Kadima pour les gagner. Lors d’un bref discours, Tzipi Livni a affirmé que sa «priorité est de constituer un gouvernement d’unité nationale» qui rassemblerait les partis de la majorité actuelle et le Likoud, principal parti d’opposition israélien. «J’appelle Benjamin Netanyahu à se joindre à un gouvernement d’unité nationale sous ma direction», a-t-elle ajouté. Le Likoud refuse de se joindre au futur cabinet de Livni et tente de persuader d’autres partis de soutenir l’entreprise d’élections anticipées.

La difficulté première dans l’établissement d’un nouveau cabinet réside dans le fait que la coalition devra reposer sur le rassemblement de plusieurs partis parfois opposés idéologiquement. L’avenir de la future coalition semble dépendre en grande partie du Shass, parti religieux ultra orthodoxe, avec ses douze députés au Parlement contre 120 en tout. Mais là où le bât blesse, c’est que chef de cette formation, Eli Yishaï, s’oppose à toute négociation sur le statut de Jérusalem avec les Palestiniens. Or, Mme Livni, qui est engagée dans le processus de paix et qui sait que le statut de la partie orientale de la ville – annexée par les Israéliens après leur conquête en 1967 – est une des principales pierres d’achoppement dans les négociations avec les Palestiniens, se trouve face à un difficile compromis. De plus, le Shass a également demandé une hausse des allocations familiales, ce que Tzipi Livni exclut pour le moment.

Une tâche qui augure d’autant plus de difficultés qu’il faudra compter avec le Parti travailliste, dont le dirigeant, le ministre de la Défense Ehud Barak, se montre prudent dans son appui. Il a rencontré Benjamin Netanyahu et a appelé à la création d’un gouvernement d’urgence.

La formation des gouvernements en Israël repose sur la représentation proportionnelle pure. Selon le directeur de l’Institut d’études pour la sécurité nationale, Oded Oran, «la société israélienne compte des groupes ethniques et religieux très différents. Les groupes doivent absolument être représentés au Parlement si l’on veut se prétendre une vraie démocratie». Pour renchérir ces propos, selon Sergio Della Pergola, démographe à l’université hébraïque de Jérusalem, si ce schéma «est très démocratique, il n’est pas gouvernable». C’est la raison pour laquelle Mme Livni, en fondant sa coalition, devra nécessairement compter avec quatre ou cinq partis pouvant être opposés idéologiquement. «Des petits partis ont le pouvoir de faire monter les enchères en échange de leur soutien. C’est pourquoi les partis religieux ont un poids politique nettement supérieur à leur poids démographique», ajoute Della Pergola.

Selon certains analystes politiques, Mme Livni bénéficierait de l’appui considérable de son mari, l’homme d’affaires Naftali Spitzer, qui est très bien entouré politiquement et économiquement. Même si une machine politique très bien orchestrée la soutient, d’aucuns considèrent que sa marge de manœuvre est mince et que le gouvernement Livni ne pourra procéder à de véritables changements.

D’autres soutiens peuvent provenir de plus petits partis et même de certains partis arabes israéliens ou de l’Autorité palestinienne qui entretient de bons rapports avec Tzipi Livni depuis qu’elle est responsable des négociations avec les Palestiniens. Le Meretz, parti de gauche qui est représenté par quatre sièges au Parlement, lui apportera probablement un soutien inconditionnel.

Le véritable danger réside dans l’éventualité d’élections anticipées, car si le Likoud l’emportait, les pourparlers engagés dans le processus de paix pourraient être stoppés et faire pencher la balance du côté du Hamas plutôt que du côté de l’Autorité palestinienne. Les deux camps seraient confrontés au durcissement de leurs positions. Si le Hamas devenait plus fort et plus soutenu, il ne manquerait pas de renforcer ses positions idéologiques et de geler les négociations avec les Israéliens.

La plupart des analystes politiques pensent que les négociations autour du statut de Jérusalem ne mèneront nulle part car, sur le terrain, l’occupation coloniale s’est intensifiée en Cisjordanie. La superficie des colonies y représente aujourd’hui 300% ou 400 % de ce qu’elle était en 1994, au moment des accords d’Oslo.

De plus, à cause du processus enclenché pour la formation du nouveau gouvernement israélien, les négociations avec les Palestiniens sont pour le moment suspendues.

Amjad Rafeeq Shibab, professeur de sciences politiques à l’université Al Kuds, s’est montré guère optimiste. «Tzipi Livni, dit-il, a manifesté une capacité d’écoute remarquable, une volonté de faire bouger les choses, mais elle n’a aucun pouvoir de décision. Qu’en sera-t-il si elle devient premier ministre? Je suis pessimiste. Ce n’est pas que je doute de ses intentions, mais de la liberté de manœuvre que lui laisseront ses partenaires de la coalition, en particulier, le Shass. Ce parti, vous le savez bien, s’oppose à ce que la question de Jérusalem soit débattue. Et, sans Jérusalem, aucun accord n’est envisageable.»

Ehud Olmert a soumis l’hypothèse d’un accord partiel aux dirigeants palestiniens qui mettraient de côté les points litigieux du conflit comme le sort de Jérusalem mais Ahmed Korei, l’un des principaux négociateurs palestiniens, a déclaré que les accords partiels avaient débouché sur des désastres dans le passé.

«Nous voulons un accord global et détaillé qui met fin à l’occupation», a-t-il martelé.

«Les Palestiniens continueront à négocier. Mais si les discussions aboutissent à une impasse, que ferons-nous? Capituler? La résistance sous toutes ses formes est un droit légitime», a prévenu Korei.

Tout le monde sait désormais que les possibilités d’un accord israélo-palestinien avant la fin de l’année – comme prévu en novembre 2007 lors de la conférence d’Annapolis – sont nulles depuis la démission d’Olmert mais ce dernier précise, pour la forme, qu’il cherchera une voie de compromis avec les Palestiniens jusqu’à la fin effective de son mandat.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.