Pas d’accord de paix au Proche-Orient d’ici la fin 2008

Écrit par Stéphanie Krug, Collaboration spéciale
12.11.2008
  • Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et la secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice(Stringer: AFP / 2008 AFP)

Beaucoup d’obstacles depuis la conférence d’Annapolis ont entravé la marche des négociations israélo-palestiniennes et ont fait avorter la perspective d’un accord signé d’ici la fin de l’année. Bien que George W. Bush se soit engagé à parvenir à un accord de paix avant son départ de la Maison-Blanche en janvier 2009, tout le monde s’accorde à dire qu’une telle éventualité est peu probable, voire totalement hors de portée.

L’échec des autorités israéliennes à geler l’intensification des colonies juives; les divisions entre le Fatah et le Hamas; l’instabilité politique en Israël causée par l’incapacité de Tzipi Livni à fonder un gouvernement de coalition et l’élection de Barak Obama à la présidence des États-Unis ont rendu techniquement impossible la signature d’un traité de paix au Proche-Orient d’ici la fin de l’année.

«Je ne pense pas que nous serons capables de parvenir à un accord cette année», a affirmé Ahmed Koreï, le principal négociateur palestinien, devant un groupe d'anciens responsables israéliens de la sécurité, à l'occasion de la dernière conférence sur le processus de paix à Tel Aviv.

«Le processus est difficile et la situation politique des deux côtés est difficile», a-t-il ajouté.

Il a ainsi rappelé le conflit sanglant qui oppose le Fatah, du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, et le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. Il a, de surcroît, fait allusion aux turbulences politiques en Israël qui ont provoqué des élections législatives anticipées fixées au 10 février 2009, après l'échec de la ministre des Affaires étrangères et chef du parti Kadima, Tzipi Livni, à former un nouveau gouvernement.

Mahmoud Abbas, en visite en Roumanie pour deux jours, s’est également montré très pessimiste sur l’éventualité d’un accord de paix d’ici la fin 2008. «Je ne pense pas qu'il soit possible de dégager un accord d'ici à la fin de l'année parce que les gouvernements américain et israélien sont aujourd'hui occupés à autre chose et le délai très court ne permet pas de conclure un tel accord», a déclaré Abbas le 3 novembre à Bucarest, à l’occasion d’une conférence de presse conjointe avec le président roumain Traian Basescu.

Les représentants du Quartette, qui rassemble les États-Unis, l'Union européenne, les Nations Unies et la Russie, se sont rencontrés le 9 novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte, pour célébrer l'anniversaire de la conférence d'Annapolis, durant laquelle les principaux leaders palestiniens et israéliens s’étaient entendus pour parvenir à un accord de paix d’ici la fin de l’année 2008.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, le chef de la politique étrangère européenne, Javier Solana, la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et des officiels de haut rang des autres pays ont été invités à participer à la réunion du Quartette.

Condoleezza Rice avait exhorté l'Égypte de donner lieu à ce sommet avant la fin du mandat de George W. Bush, qui arrive à échéance le 20 janvier 2009.

Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères qui est à la tête de la délégation israélienne, avait affirmé, avant la réunion du Quartette, lors d’une interview accordée à Ynet, que l’État hébreu ne signerait aucun accord de paix intérimaire avec les Palestiniens.

«Je leur dirai qu'Israël est authentique dans son désir de poursuivre les négociations [...] Je compte continuer ces négociations comme elles ont été menées jusqu'à présent», a déclaré la diplomate israélienne.

Déplorant la perspective d’accords intérimaires signés par les deux parties en vue d’un traité final, Mme Livni a souligné que le gouvernement israélien «n'a pas l'intention de signer un accord intérimaire» et qu’elle «n'a pas l'intention de capituler devant les pressions pour produire des documents intérimaires». De nombreux représentants palestiniens ont affirmé qu’ils n’accepteraient, de leur côté, aucun accord intérimaire également.

Toute percée officielle dans les négociations israélo-palestiniennes au Quartette à Charm el-Cheikh, station balnéaire égyptienne sur les bords de la mer Rouge, doit servir de base pour de futurs pourparlers, même s’il y a un changement de gouvernement et si le Likoud l’emporte lors des élections anticipées de février 2009.

Mais que visent véritablement ces pourparlers sinon la création de deux États, appuyée par la communauté internationale, et la possibilité de l’avènement d’un État palestinien indépendant sur les territoires occupés en 1967, coexistant en paix avec Israël? Or, depuis le lancement des pourparlers en novembre 2007 à Annapolis, dans les faits, les négociations israélo-palestiniennes ont été entravées par une série d’obstacles et par l’intensification de la colonisation juive en Cisjordanie qui devait être gelée.

Et les questions cruciales autour de la question des réfugiés palestiniens, des frontières et de Jérusalem-Est n’ont fait l’objet d’aucun compromis. Est-ce à dire que le processus est dans l’impasse? Certains responsables palestiniens, ainsi que le premier ministre palestinien Salam Fayyad, ont même envisagé ces derniers mois l’abandon de la possibilité de la création de deux États pour l’éventualité de la fondation d’un État binational pour les Israéliens et les Palestiniens, perspective que refuse obstinément Israël qui verrait la fin de l’existence de l’État juif.