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Élections à Jérusalem: Nir Barkat l’emporte sur ses adversaires

Écrit par Stéphanie Krug, Collaboration spéciale
17.11.2008
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  • Affiche du candidat Nir Barkat,(Stringer: GALI TIBBON / 2008 AFP)

À l’heure où les pourparlers israélo-palestiniens s’enlisent dans d’interminables discussions, l'homme d'affaires laïc Nir Barkat a remporté les élections municipales du 11 novembre 2008 à Jérusalem.

Même si le dernier Quartette sur le Proche-Orient – qui a réuni les États-Unis, la Russie, l’Union européenne et l’ONU à Charm el-Cheikh en Égypte – a sommé Israéliens et Palestiniens de poursuivre le processus de paix dans le cadre d'Annapolis, les perspectives d’une résolution du conflit semblent plutôt s’éloigner. D’autant plus que la question du statut de Jérusalem n’est pas réglée, les Palestiniens souhaitant toujours faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur État.

Les trois candidats, l’ultra-orthodoxe Meir Porush, l’homme d'affaires Nir Barkat et Arcadi Gaydamak (d’origine russe), qui étaient en lice pour obtenir la mairie de Jérusalem avaient tous un point commun, en dépit de leurs nombreuses divergences : ne pas céder un pouce de Jérusalem aux Palestiniens et ne pas démordre sur le caractère indivisible de la ville sainte.

La loi fondamentale sur Jérusalem votée le 30 juin 1980 a rendu possible l’annexion de Jérusalem-Est par Israël et a fait de Jérusalem «la capitale éternelle et réunifiée du peuple juif». Immédiatement après l’occupation de Jérusalem-Est en 1967, lors de la Guerre des Six-Jours, Israël – qui a conquis la partie orientale de la ville appartenant à la Jordanie – entame une politique à long terme de développement intensif de la présence juive à Jérusalem et inaugure le caractère indivisible de la ville. Or, ce statut de Jérusalem est contesté par l’ONU qui n’a jamais reconnu l’annexion de Jérusalem-Est par Israël et considère qu’elle constitue une violation du droit international.

Bien que les trois candidats aient affiché le même credo, il n’en reste pas moins que, pour le reste, les élections du 11 novembre à Jérusalem ont mis en scène trois hommes dont les positions politiques sont radicalement différentes.

Le premier, Meir Porush, père de douze enfants, à la longue barbe blanche, est avant tout un religieux. Son programme a souligné l’importance d’accentuer le caractère juif de la ville trois fois sainte. Il a promis de soutenir l’intensification de la colonisation à Jérusalem-Est par la construction de milliers d’appartements pour la communauté juive, y compris en Cisjordanie.

De son côté, Nir Barkat, 49 ans, a concentré son programme autour de la volonté de motiver les jeunes et les industriels à rester dans la ville avec une politique de relance économique. Cet entrepreneur dans le secteur de la haute technologie, qui a ciblé un électorat laïc et jeune, a quitté le parti centriste Kadima pour montrer son désaccord face à Ehud Olmert qui avait proposé de donner aux Palestiniens certains quartiers arabes de Jérusalem-Est. À l’instar du religieux Meir Porush, il a redoublé de fermeté quant au fait que Jérusalem doit restée juive, sous souveraineté israélienne.

Quant au dernier candidat, Arcadi Gaydamak, il a été le seul à avoir choisi de faire campagne dans les quartiers arabes à Jérusalem-Est, souhaitant rallier à sa cause les Palestiniens qui boycottent les élections à 95 %. Même s’il a exclu la possibilité de faire de Jérusalem-Est la capitale du futur État palestinien, son programme a mis en avant la création d’une ville de tolérance qui réunit toutes les communautés, quelles que soient leurs origines ethniques, pour amoindrir les divisions et les discriminations.

Le richissime homme d'affaires Nir Barkat a obtenu 52 % des voix en mobilisant les électeurs laïcs. Il succède à un maire religieux. Le rabbin Meir Porush a obtenu 43 % des suffrages exprimés, tandis le milliardaire russo-israélien Arcady Gaydamak n'a recueilli que 3,6 % des voix.

Nir Barkat a promis de faire de Jérusalem une métropole internationale. Prenant comme modèle Michael Bloomberg, le maire de New York, le nouvel élu souhaite hisser la ville au rang des villes les plus performantes sur le plan de la technologie et de la modernisation au 21e siècle et multiplier les projets de développement économiques et touristiques.

Séparée entre l’Ouest israélien et l’Est arabe, en proie à de sempiternelles tensions entre les religieux et les laïcs et à des attentats palestiniens récurrents, Jérusalem a connu de surcroît beaucoup de bouleversements politiques ces dernières années. Elle est passée des mains d'un maire travailliste, Teddy Kollek, à celles d’Ehud Olmert, avant d'aboutir ces cinq dernières années dans le camp des ultra-orthodoxes.

Agglomération la plus grande du pays, avec 10 % de la population globale, Jérusalem compte actuellement 746 000 habitants dont 490 000 Juifs (66 %) et 256 000 Arabes (34 %). Les Palestiniens détiennent une carte d’identité spécifique. Depuis 1967, la population arabe a crû de 257 % et la population juive de 140 %. Entre 1990 et 2007, 284 000 résidents ont quitté Jérusalem et 174 000 sont arrivés.

Par ailleurs, Jérusalem est une des villes les plus pauvres d'Israël : 28 % de la population juive et 68 % de la population palestinienne vivaient sous le seuil de pauvreté en 2006. Les religieux orthodoxes et leurs familles nombreuses ne travaillent pas et vivent largement d'aides sociales.

Les 250 000 Arabes de la partie Est se sentent exclus de la ville avec des services municipaux déficients. Fuyant les logements trop chers et le manque de perspectives professionnelles, de nombreux jeunes quittent Jérusalem pour Tel-Aviv.

Nir Barkat est avisé de ces difficultés, car il a passé toute sa vie à Jérusalem et a dirigé l'opposition au conseil municipal pendant les cinq dernières années. Pour gagner les élections, cet homme de droite a affirmé qu’il entendait créer de nouveaux quartiers juifs dans la partie orientale de la ville alors que ce projet de colonisation de Jérusalem-Est est fortement désapprouvé par la communauté internationale, qui y voit une des principales pierres d’achoppement des négociations israélo-palestiniennes.

Ces lotissements juifs, qui encerclent de plus en plus les quartiers arabes de Jérusalem, font douter de la véracité des efforts de paix de la part d’Israël et rendent plus que jamais improbable la division de la ville entre Israéliens et Palestiniens.

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