Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Impact de la violence domestique sur la santé

Écrit par Catherine Keller, La Grande Époque - Genève
20.11.2008
| A-/A+

  • femme recroquevillée(攝影: / 大紀元)

La violence domestique existe depuis toujours mais se vivait dans le secret de la famille. Depuis une trentaine d’année, des femmes se démènent pour que notre société reconnaisse ce problème et que l’on puisse intervenir tant médicalement que légalement afin de venir en aide aux victimes et à leur bourreau qui, soit dit en passant, ne sont pas que des hommes. Souvent, la violence est liée à l’alcoolisme* et aux drogues et l’annonce d’une rupture aggrave les choses.

Selon le sondage Gillioz de 1994, qui demande à 1500 femmes vivant en Suisse si elles ont déjà subi des violences dans leur vie, 40 % des femmes disent avoir subi des violences psychologiques, 11,6 %  des violences sexuelles et 12,6 % des violences physiques. Une autre étude (Killias 2003) porte sur 1975 femmes. 39,4 % des femmes ont subi au moins une fois dans leur vie des violences sexuelles ou physiques.  Madame Jaquier* explique que les chiffres produits par ces deux études ne sont pas identiques car les questions que l’on pose ne le sont pas non plus.

Le docteur Halperin souligne qu’un patient qui arrive avec une pathologie dont la cause n’est pas claire peut avoir subi des violences. Il donne l’exemple d’un glaucome, d’une hémorragie génitale ou d’une crise d’asthme qui semblent ne pas avoir de lien avec la violence et qui pourtant peuvent découler d’un coup. C’est donc un facteur dont chaque médecin devrait tenir compte lors du diagnostic.

Majoritairement,  les coups sont portés à la tête et au visage, un tiers des victimes ont perdu au moins une fois connaissance suite à un coup. Les strangulations sont aussi courantes. Les maladies chroniques peuvent être décompensées, le système immunitaire est affaiblit, des pertes de mémoire, des vertiges et diverses douleurs peuvent être des signes de violences.  Les violences physiques et sexuelles sont susceptibles de déclencher des infections génitales, une stérilité, des saignements des douleurs pelviennes, des douleurs pendant les rapports etc. Aux USA, plusieurs études ont révélé que la première cause de mortalité chez la femme enceinte et allaitante est l’homicide. Les risques d’avoir des problèmes de santé parce qu’on vit dans la violence peut doubler, voir pour certaines maladies tripler.

La santé mentale est évidemment touchée, le docteur Halperin dit que les patients qu’il voit ont déjà presque tous fait une tentative de suicide et ce, qu’ils soient victime ou agresseur. La dépression, les angoisses et le stress post traumatique complexe  sont autant de troubles apportés par la violence. Cela entraine une perte d’appétit et donc une perte de poids ou des troubles du comportement alimentaire. Il y a une nette tendance à s’isoler, se négliger et rester sans activité. Environ 30% des personnes qui vivent dans la violence ont une perception plutôt mauvaise de leur santé mais consultent moins.

La plus part des femmes ayant subi des violences physiques estiment que c’est quelque chose de sérieux, plus de la moitié ont craint pour leur vie. Plusieurs ont dit avoir consommé de l’alcool ou pris des médicaments pour surmonter le stress qu’elles ont subi. Cela démontre qu’elles sont conscientes de vivre une situation anormale sans pour autant être capable de s’en sortir. Le personnel médical est bien placé pour repérer cette violence et faire de la prévention. Malheureusement, il y a encore trop de femmes qui ne s’adressent à personne.

Le docteur Grégoire Rubovszky aborde l’aspect du stress post traumatique du à la violence en général. Le stress aigu survient lorsque la personne a l’impression de perdre la vie ou d’être blessée très fortement de manière imprévisible.  Cet état se traduit par le sentiment de perte de quelque chose, perte d’un rôle ou d’une situation sociale. Plus la situation est grave, la douleur est forte et les antécédents psychiatriques sont présents, plus le stress est marqué.

Dans un premier temps, la victime se sépare du réel ce qui peut même l’entrainer vers l’amnésie. Elle perd toutes protections qui lui permettraient d’affronter et de gérer ce choc. On parle de rémission si la victime est capable de surmonter ce choc. Sinon, il s’agit d’un stress post traumatique, une dépression ou des troubles anxieux.

Lorsque les violences sont répétées, la victime souffre d’un stress post traumatique complexe. Souvent la fuite est impossible car il y a un lien qui unit l’agresseur et la victime que ce soit au niveau financier, sociale ou émotionnel. À ce moment, elle a besoin d’empathie d’encouragement à parler. Le médecin va l’aider à chercher dans ses ressources intérieures, la force nécessaire pour s’en sortir. Il regarde aussi avec elle comment elle peut se soustraire à cette violence, si elle a du soutien, de la famille, etc.

Madame Béatrice Cortellini, à travers « solidarité femme », cherche à aider les femmes à retrouver leur capacité d’être mère pour que les enfants bénéficient de la tendresse, du soutien et de l’amour dont ils ont besoin. Lorsqu’il y a violences conjugales, tant psychiques que physiques, la mère a de la peine à garder confiance en ses capacités et à tenir son rôle. En plus de la souffrance que cette violence lui procure, elle stresse pour ses enfants, elle craint qu’ils ne subissent à leur tour des violences mais paradoxalement, a tendance à nier le problème, car il est trop lourd pour l’affronter seule. C’est pourquoi, des organismes comme « Solidarité Femmes » leur sont indispensables.

Bien souvent, les enfants qui font face à cette violence murissent précocement et cherchent à protéger leur mère. Ils manifestent des troubles de la scolarité, sont plus agressifs, ont plus d’anxiété et de difficultés de fonctionnement. Ils sont plus facilement négligés ce qui a un impact également sur leur santé. De plus il y a de grandes probabilités que les enfants de femmes battues régulièrement le soient aussi. Si le risque que les enfants reproduisent ces rapports de violences à l’âge adulte existe, une étude menée sur une longue période démontre qu’il n’est pas si important et que ce n’est pas une fatalité.

* 40% des hommes agresseurs sont alcooliques

Source reçue lors d’un forum sur la violence en octobre 2008 à Genève. On participé : Véronique Jaquier, psychologue, criminologue et droit pénal

Docteur Daniel Halperin, Département de médecine communautaire, consultation interdisciplinaire de médecine et de prévention de la violence.

Docteur Grégoire Rubovszky, responsable de l’unité d’accueil aux urgences psychiatriques actuellement aux consultations stress traumatiques au sein de la psychiatrique de liaison (évalue et prend en charge des patients hospitalisés souffrant de difficultés psychiatriques dues aux violences de toutes sortes) ainsi que des victimes de guerre.

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.