Australia - L’expérience épique de Luhrmann

Écrit par Cary Dunst, La Grande Époque
26.11.2008

  • Nicole Kidman(攝影: / TM and

La longue attente de l’ode à sa terre natale valait l’expectative. Le dernier film de l’habile réalisateur australien Baz Lurhmann, Australia, est une ambitieuse épopée à thèmes multiples prenant pour lieu le port de la ville australienne de Darwin ainsi que son arrière-pays sauvage à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Nicole Kidman (The Golden Compass) incarne Lady Sarah Ashley, une aristocrate britannique voyageant dans ce coin de pays reculé dans le but de vendre un ranch qu’elle a hérité pour rapidement retourner à la maison. À l’arrivée, elle est accueillie par Drover (Hugh Jackman, X-Men) et ils feront ensemble le chemin de Darwin vers les terres de son héritage.

Sur le long et difficile chemin vers son ranch, Lady Ashley est prévenue par un mystérieux et adorable petit aborigène (Brandon Walters, première apparition) d’un complot contre elle, ourdi par le gérant de sa propriété (David Wenhem, 300), qui entraîne de lourdes pertes financières. Lady Ashley enrôle donc un groupe de personnes dirigé par Drover pour l’aider à mener son bétail à travers un vaste territoire dans le but de se rendre à la ville où elle pourra faire assez de profits afin de sauver son ranch de la faillite.

Comme la plupart des films épiques, le scénario n’est pas aussi simple que «présentation, conflit, résolution». En fait, il pourrait être plus justement divisé en deux actes, et avec une durée de deux heures et trente minutes, un entracte aurait été apprécié!

L’acte premier introduit les personnages principaux et secondaires, l’intrigue ainsi que leur rôle, et montre comment Lady Ashley va créer sa nouvelle vie en Australie. L’acte second focalise sur le développement de chaque personnage ainsi que sur la ville assiégée par des bombardements nippons.

Comme M. Lurhmann a une vaste expérience incluant la production d’opéras et de pièces de théâtre, de défilés de mode, d’un album de musique devenu numéro un au Royaume-Uni, ainsi que son travail pour Chanel, il signe son film avec la touche très particulière d’un artiste qui est confortable de travailler avec différents médiums. Dans la même lignée que ses autres films, Romeo + Juliet et Moulin Rouge, chaque prise, chaque séquence est choisie avec soin pour transporter le public dans un autre monde. Ce qui diffère de son travail antérieur, c’est qu’Australia ne repousse pas agressivement les limites du cinéma jusqu’au vertige, il revient plutôt intentionnellement aux grandes productions classiques d’une autre époque.

Ce qui est le plus impressionnant à propos d’Australia en comparaison avec ses autres films, c’est la grande envergure de la production. Les couleurs et les vastes paysages ainsi que les intenses scènes d’action à dos de cheval semblent sortir de l’écran. C’est le genre de film qui vaut la peine que vous vous déplaciez pour le voir sur grand écran.

Ce qui demeure un élément central des films de M. Lurhmann, ce sont ses acteurs et ce qu’ils transmettent à la caméra. Sa muse, avec qui il a travaillé sur Moulin Rouge et sur sa campagne chez Chanel, Nicole Kidman, livre la marchandise comme elle le fait habituellement, quoiqu’enceinte au moment du tournage. Hugh Jackman est crédible et impressionnant dans ce personnage d’homme viril, et les acteurs aborigènes, Brandon Walters et David Gulpili, volent la vedette de chaque scène où ils figurent.

Le film est un hommage aux gens, à la culture et à l’histoire de l’Australie. Parmi les thèmes explorés, on retrouve le voyage au sein d’un pays sauvage, le respect pour la terre et les mauvais traitements réservés au peuple aborigène.

Quant à ceux qui pourraient se plaindre de la longueur du film, de la présentation un peu humoristique des personnages ou de la prévisibilité de certaines scènes, je dirais qu’ils lui cherchent des poux.

M. Lurhmann a été cité disant qu’il avait voulu faire un film comme les classiques dont il s’est inspiré, Gone With the Wind, Lawrence of Arabia et Ben-Hur. Le temps dira comment Australia sera perçu, mais il risque de ne pas recevoir d’oscar. Cependant, un film épique devrait captiver le spectateur à de multiples niveaux et le transporter dans un nouvel univers où il entre en contact avec son humanité. Sur ce point, M. Lurhmann a réussi.