Écrit par La Grande Époque

Des témoins font état de dizaines de morts

L’instabilité sociale en Chine, déjà significative, tendra à augmenter en raison de la crise économique. Des dizaines de milliers d’entreprises ont déjà fermé leurs portes en Chine, mettant à la rue un nombre considérable de travailleurs. Quant aux millions de travailleurs migrants qui trimaient dans les villes côtières, leur retour dans les campagnes, où il n’y pas d’emploi, annonce un choc social important. C’est sans compter les cas de corruption et d’abus qui sont coutumes, comme dans le cas de cette autre émeute dans le paysage chinois.

L’émeute la plus considérable de ces dernières années a éclaté dans la ville de Longnan, province de Gansu (nord-ouest) à la suite du projet d’évictions appuyé par le gouvernement et des compensations insuffisantes offertes aux personnes touchées.

Des sources affirment que, durant les derniers mois, des informations concernant les plans de l’administration municipale de Longnan de déplacer ses bureaux ont causé des inquiétudes et du mécontentement dans la population. Ceux qui sont touchés sont les agriculteurs – dont les terres vont être saisies par le gouvernement sans délocalisation ou compensation – de même que les résidants qui seront expulsés par force de leur domicile.

Des dizaines de milliers de personnes ont effectué deux tentatives d’attaquer les bureaux du Parti communiste de Longnan, du 18 novembre en soirée jusqu’au lendemain. Il y aurait eu en fin de compte 50 000 personnes rassemblées.

Les autorisés ont déployé la police armée pour mater l’émeute. Plus d’une centaine de paysans auraient été blessés, dont plusieurs grièvement. Certains témoins affirment qu’environ une vingtaine de fermiers auraient péri dans les affrontements.

Mme Zhou, qui faisait partie des témoins oculaires de la municipalité de Dongjiang, a affirmé à Radio Free Asia que plusieurs centaines de personnes expulsées de force se sont tout d’abord rendues au bureau du Parti de Longnan le 18 novembre pour faire appel au gouvernement concernant le projet d’éviction. Cette protestation a dégénéré en émeute massive.

Elle mentionne que le matin suivant, la foule s’est emportée et a commencé à attaquer le bureau du Parti. Le premier affrontement est survenu lorsque les autorités ont mobilisé un grand nombre de policiers armés qui ont utilisé la force pour disperser la foule, blessant et arrêtant au moins une douzaine de représentants des agriculteurs.

La police a réussi à disperser la foule vers environ 2 h, le matin du 19 novembre. Toutefois, la brutalité policière a enragé les paysans. Ces derniers, en très grand nombre, sont retournés vers les bureaux du Parti vers 9 h ce même matin pour exiger une réponse officielle. Cependant, les autorités ont de nouveau réprimé violemment les fermiers et les badauds.

Mme Zhou poursuit : «Parce que l’appel qu’ils ont fait au bureau du Parti n’a pas été pris en considération, les fermiers et la police armée ont commencé à s’affronter dans la nuit. Au moins une douzaine de représentants de fermiers ont été blessés et arrêtés et plusieurs ont été hospitalisés.»

«Ce matin, un plus grand nombre de fermiers se sont rassemblés au bureau du Parti et ont demandé qu’ils ne détruisent pas nos maisons et qu’ils libèrent les représentants. Plusieurs centaines de policiers armés nous ont attaqués à nouveau. J’ai été poussée par terre. J’ai vu au moins une douzaine de personnes blessées grièvement qui sont tombées par terre.»

M. Zhou, un autre fermier, affirme : «À ce moment-là, il y avait environ 50 000 personnes. Le bureau du Parti a mobilisé plusieurs centaines de policiers armés des comtés voisins. Ils ont employé des matraques et des gaz lacrymogènes à plusieurs reprises pour disperser la foule.»

«Ensuite, ils ont violemment battu les fermiers et ont arrêté ceux qui étaient blessés. Plusieurs de ceux qui étaient poursuivis par la police se sont sauvés à toutes jambes. Beaucoup de fermiers ont été blessés. J’estime que plus de 100 fermiers ont été blessés.»

M. Zhou affirme que les fermiers en colère ont attaqué et détruit deux édifices du Parti et brûlé plusieurs voitures de responsables gouvernementaux.

M. He aurait, pour sa part, vu plusieurs fermiers être battus à mort par la police. Les autorités n’ont cependant rapporté aucun décès. «Le gouvernement municipal a envoyé plusieurs policiers armés qui ont battu à mort une vingtaine de manifestants. Ces derniers persistaient dans leur protestation. J’étais là et j’ai vu la police battre les fermiers. Environ une vingtaine de personnes ont été battues à mort et une quantité innombrable a été blessée.

M. He explique que l’administration de Longnan a proposé plus tôt cette année de s’approprier de plusieurs milliers d’acres de terres agricoles dans le village de Liutiao, municipalité de Dongjiang. Des dizaines de milliers d’agriculteurs étaient insatisfaits des piètres compensations et ont donc décidé de demeurer sur place. Ils ont fait des démarches auprès du gouvernement local à plusieurs reprises mais sans succès.

Les médias d’État n’ont pas fait grand cas de l’émeute et ont blâmé les protestataires.