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L’obésité, un phénomène de société?

Écrit par Fréderique Privat, La Grande Époque - Guadeloupe
03.11.2008
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  • Avec 3,5 % d’enfants (de 3 à 17 ans) en situation d’obésité et 14,3 % qui présentent un surpoids, c’est près de 1/5 ème de notre jeunesse qui souffre de surcharge pondérale. (攝影: / 大紀元)

Avec 3,5 % d’enfants (de 3 à 17 ans) en situation d’obésité et 14,3 % qui présentent un surpoids, c’est près de un cinquième de notre jeunesse qui souffre de surcharge pondérale. Dans une société de consommation rapide dominée par des médias riches en programmes publicitaires alléchants complétés par des centrales de distribution très persuasives, les jeunes se laissent vite tenter par le plaisir gustatif des aliments très sucrés et très gras qui ne compensent guère le peu d’exercice physique réalisé entre le canapé du salon, le fauteuil du bureau informatique ou la voiture des parents. Alors, même si heureusement il existe d’autres cas de figure, la sédentarité des populations due à de nombreux facteurs, implique à long terme des conséquences graves sur la santé des individus. 

 

DISPENSER UNE ÉDUCATION APPROPRIÉE

Ainsi, l’utilisation intensive des multimédias, tels que l’internet ou la télévision, fait prédominer le temps passé assis devant les programmes télévisés, les jeux interactif ou les tchat, au détriment d’une activité physique nécessaire à l’élimination des sucres et graisses ingérées au cours des différents repas. Si, de surcroît, on rajoute la pratique du grignotage de barres chocolatées, chips ou sodas entre les repas, l’apport énergétique absorbé ne peut pas être convenablement brûlé si une activité physique journalière suffi sante n’est pas pratiquée.

 

Dans le cas des jeunes, les parents peuvent dispenser une éducation appropriée dès la naissance: pratiquer l’allaitement maternel, habituer le palais du jeune enfant à des goûts dits naturels tels que les fruits et légumes, et bien sûr, commencer très tôt la pratique d’un sport. Mais c’est aussi au quotidien, suivant l’implantation géographique, l’habitude de pratiquer la marche à pied ou le vélo pour aller à l’école, pour faire les courses, ou encore aider aux travaux ménagers. Car la sédentarité conduit à l’isolement qui favorise alors la communication virtuelle par écran interposé; et par conséquent encore plus de sédentarité… Retrouver des contacts humains journaliers, tels que les copains qu’on côtoie ou les sports collectifs sont aussi des facteurs importants pour le développement des jeunes. Cependant, à ces actions positives s’ajoutent d’autres facteurs tels que l’insécurité croissante qui conduit à limiter les sorties. La restriction budgétaire est également un facteur à prendre en compte pour limiter les sorties, privant une part de la population des fruits et légumes frais indispensables à une alimentation équilibrée, ou encore de l’inscription à une activité sportive favorite. Ce sont donc de multiples facteurs qui entrent en jeu dans ce phénomène de société qualifié d’épidémie par les spécialistes.  

 

UNE LOI POUR PROTÉGER LA JEUNESSE

En avril dernier, la Société française de nutrition (SFN) a alerté les autorités en demandant « la mise en place rapide des mesures ministérielles envisagées pour réduire le risque d’obésité chez les jeunes ». La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a annoncé la suppression de publicités alimentaires pendant les programmes télévisés pour enfants. Le retrait des confiseries et sucreries aux caisses des magasins a aussi été abordé dans le souci de protection des enfants. Depuis, Valérie Boyer, députée des Bouches du- Rhône, a été nommée à la tête de la mission parlementaire sur la prévention de l’obésité. Elle a rendu ses conclusions quant à ce «véritable problème de société» le 30 septembre dernier. La députée a abordé en premier lieu la question délicate du prix des aliments en envisageant même à long terme une détaxe des fruits et légumes, proposition vite décriée par certains de ses pairs. En effet, l’idée complémentaire de taxer la fameuse junk food, c’est-à-dire la catégorie (encore mal évaluée d’ailleurs) d’aliments très gras, très sucrés ou très salées, a déjà été prise en compte et fait l’objet de nombreuses études¹. Il en est ressorti que la taxation de ce type d’aliments ne diminuerait pas significativement le taux de surpoids. Celui-ci serait le fait d’une surconsommation alimentaire plus générale, incluant aussi l’ingestion massive de protéines, produits laitiers ou alcools, et qui, associés à cette fameuse junk food, causerait ce phénomène d’obésité. Des enquêtes ethnographiques ont aussi montré que les catégories d’aliments surconsommés variaient aussi souvent avec l’origine socioculturelle : les populations du Nord de la France consomment beaucoup d’alcool et de produits gras traditionnels, alors que les familles d’origine antillaise ou subsaharienne ont une préférence marquée pour le sucre…  

 

En un mot, taxer une catégorie d’aliments ne serait alors pas une solution tangible. Il serait plus effi cace d’agir en amont en incitant les entreprises agro-alimentaires à fabriquer des aliments moins gras, moins sucrés et moins salés. 

 

L’OBÉSITÉ FACTEUR DE DISCRIMINATION

Outre cette question purement alimentaire, Valérie Boyer va plus loin dans son analyse quant à la situation sociale des personnes obèses, qualifiant l’obésité de «facteur de discrimination» nécessitant une reconnaissance par la Halde². Interrogée par le journal Le Monde, elle rappelle que selon l’étude de l’Observatoire de discriminations, «une personne obèse a trois fois moins de chances qu’une personne dite de ‘poids normal’ d’obtenir un entretien d’embauche pour un poste de commercial. Les personnes obèses choisissent des métiers dans lesquels l’apparence est moins importante».  

 

Et même dans le milieu médical, il semblerait que les personnes en situation de surpoids ont du mal à avoir accès aux soins. Selon Valérie Boyer, «les obèses sont souvent en situation de souffrance psychologique et ont tendance à se refermer sur eux-mêmes, refusant de recourir aux soins. Et il arrive parfois que le corps médical, par défaut de formation, porte un regard négatif sur l’obésité: c’est pourquoi on a demandé qu’il y ait des centres pour l’obésité avec des équipes pluridisciplinaires formées». 

 

Alors face à ces multiples facteurs, sa conclusion est de «faire de l’obésité une grande cause nationale ou qu’il y ait une grande loi de santé publique. Il est important d’actionner tous les leviers». Mais on ne peut que constater la multiplicité des leviers car ils semblent bien être présents dans tous les domaines de la société.

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