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Radio-Canada accusée de suivre la ligne du régime chinois

Écrit par Matthew Little, La Grande Époque
04.11.2008
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  • L’édifice de Radio-Canada à Montréal.(攝影: / 大紀元)

Le radiodiffuseur public national du Canada (SRC-CBC) est accusé d’avoir courbé l’échine devant le régime communiste chinois pour une deuxième fois en ayant produit et diffusé un reportage à sens unique salissant le Falun Gong, un groupe spirituel persécuté en Chine. Le reportage a été diffusé la semaine dernière.

En novembre 2007, la CBC avait retiré des ondes et édité un documentaire sur la persécution du Falun Gong après avoir reçu un appel de l’ambassade de Chine se plaignant au sujet de cette diffusion.

Malgré les modifications apportées au documentaire, intitulé Beyond the Red Wall , le site de Radio-Canada a été bloqué par les censeurs en Chine en janvier 2008. La société d’État a estimé que cela pouvait être des représailles à la présentation du Red Wall.

À trois reprises, la semaine dernière, Radio-Canada a diffusé un documentaire à sens unique et aux allures d’un réquisitoire contre le Falun Gong. Malaise dans le Chinatown dépeint le groupe comme une force destructrice dans le Chinatown de Montréal, tout en offrant une couverture sympathique à un propriétaire de journal montréalais qui répète la diffamation de Pékin envers le groupe et appelle à son éradication du Canada.

L’émission semble même avoir surpris deux experts dont les propos sont diffusés dans le reportage de Radio-Canada. Un professeur de l’Université de Montréal a déclaré à La Grande Époque que le choix d’angle de la chaîne est «regrettable», alors qu’un ex-membre du Parlement juge le reportage «extrêmement injuste».

Lucy Zhou, la porte-parole de l’Association du Falun Dafa du Canada, va plus loin : «J’ai peur que Radio-Canada tente de plaire à Pékin avec cette émission.»

Le reportage d’environ une demi-heure donne l’impression d’une diatribe contre le groupe de méditation. Le Falun Gong est critiqué continuellement sans la présentation de contre-argument.

Étrangement, les mots les plus sévères proviennent de la journaliste de Radio-Canada, Solveig Miller, ainsi que l’animateur de l’émission Enquête, Alain Gravel, qui décrivent le groupe comme un «mouvement religieux peu connu et omniprésent qui dérange», qui «suscite beaucoup de méfiance à l’extérieur de la Chine» et qui «bouscule une paix fragile» depuis son arrivée dans la communauté.

Le groupe de méditation Falun Gong est en fait présent à Montréal depuis 1996. Il n’y a eu aucun rapport de controverse ou de division dans la communauté jusqu’à ce que le régime en Chine commence à réprimer la pratique en 1999, affirment des adeptes locaux. Peu après, la propagande anti-Falun Gong a commencé à se retrouver dans la presse chinoise à l’étranger. À Montréal, c’est le journal de Crescent Chau, le protagoniste du reportage de Radio-Canada, qui a mené le bal.

Dans sa publication, M. Chau a incité ses lecteurs à participer aux efforts pour éradiquer le Falun Gong du Canada et a publié des éditions spéciales anti-Falun Gong avec du contenu qui frappe par sa similarité avec celui publié dans les médias gouvernementaux en Chine.

Le journal de Crescent Chau est allé jusqu’à dire que les pratiquants de Falun Gong s’ouvrent l’estomac avec un couteau, qu’ils commettent des meurtres et se suicident et, qu’à Montréal, les pratiquants boivent du sang, ont des relations sexuelles avec des animaux et s’adonnent à d’autres actes dégoûtants et immoraux.

Le régime chinois utilise de telles allégations pour justifier son affirmation que le Falun Gong représente une menace pour la santé publique. Human Rights Watch (HRW) voit les choses différemment : «Le danger pour la santé vient des traitements que subissent les pratiquants aux mains de la police et des autorités carcérales», souligne Sidney Jones, directeur exécutif Asie chez HRW, dans un rapport sur la persécution du Falun Gong.

Le reportage de Radio-Canada n’a pas parlé du contenu des articles de M. Chau, ni que celui-ci a continué de les publier malgré deux injonctions de la cour.

Crescent Chau a plutôt été simplement décrit comme le propriétaire d’un des plus anciens journaux du Chinatown et comme quelqu’un qui habite au Canada depuis 30 ans. Radio-Canada a affirmé que M. Chau était «exaspéré» par les pratiquants de Falun Gong qui ont lancé des poursuites judiciaires contre lui.

Approchée par Radio-Canada

C’est peu de temps après le blocage du site de Radio-Canada en Chine que la journaliste de Solveig Miller a approché Lucy Zhou.

Mme Zhou s’est fait dire que la chaîne préparait un reportage sur le journal de M. Chau et le Falun Gong dans le Chinatown de Montréal, affirme-t-elle. Le réalisateur Léon Laflamme lui a dit qu’ils ne voulaient pas parler de la persécution, ce qui était une mise en contexte essentielle selon Mme Zhou, considérant que le journal de M. Chau répète la propagande du régime chinois et qu’il a commencé à faire cela seulement après le début de la persécution en Chine. Lucy Zhou a ajouté que le procès du groupe contre M. Chau était toujours en cours et a donc décliné la demande d’entrevue.

Mme Zhou a discuté plusieurs heures de cette question avec Radio-Canada, mentionne-t-elle.

C’était la première fois que l’Association de Falun Dafa du Canada déclinait une entrevue. L’émission de la SRC n’a pas indiqué pourquoi Mme Zhou avait décliné l’interview et l’a plutôt dépeinte comme ayant peur des médias.

Lorsque La Grande Époque a contacté la journaliste, Solveig Miller, pour obtenir ses commentaires sur son reportage, elle a déclaré être dans une réunion et que la SRC «se penchait là-dessus», puis elle a raccroché. Elle n’a pas répondu lorsque recontactée plus tard et n’a pas retourné les messages laissés sur son cellulaire et à son bureau.

David Ownby, professeur à l’Université de Montréal et spécialiste des religions populaires en Chine et ayant étudié le Falun Gong, est un des deux experts interviewés par la SRC qui affirment que leurs propos ont été utilisés sélectivement. Malgré que M. Ownby ait déclaré qu’il était sympathique à la cause du Falun Gong, il souligne que ce n’est pas ce qui est reflété dans les séquences utilisées par Radio-Canada dans son émission.

En fait, David Ownby a témoigné en tant qu’expert pour le compte des pratiquants du Falun Gong dans leur procès contre Crescent Chau à Montréal. Devant la cour, il a qualifié les articles de M. Chau de «saleté sans fondement versée sur la page». Radio-Canada n’a pas mentionné cette critique de M. Ownby adressée à M. Chau.

Selon M. Ownby, les pratiquants de Falun Gong ont commis une erreur en refusant la demande d’entrevue de la SRC.

«Ceci leur permet de dépeindre le Falun Gong comme secret, difficile et paranoïaque. Ça joue en la faveur de quelqu’un qui veut vous faire mal paraître.»

David Ownby estime qu’en fournissant plus d’information aux journalistes, le groupe pourrait dissiper les impressions de mystère que certains lui prêtent.

Mais Lucy Zhou n’est pas d’accord.

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«C’était clair qu’ils avaient une mauvaise intention. Accepter leur entrevue aurait seulement donné une apparence de journalisme objectif à leur attaque», fait-elle remarquer.

Malgré que gouvernements et organisations de défense des droits de l’homme affirment que le Falun Gong est un des groupes les plus persécutés en Chine, Malaise dans le Chinatown s’est penché sur un seul des éléments de la persécution qu’il subit : les allégations de prélèvements d’organes forcés. Radio-Canada s’est efforcée de les réfuter en ne présentant qu’une seule version des faits.

Radio-Canada a interviewé David Kilgour , ex-parlementaire canadien et ex-secrétaire d’État canadien pour l’Asie-Pacifique. Ce dernier a enquêté sur les allégations de vols d’organes sur les pratiquants de Falun Gong et a coécrit, avec l’avocat spécialiste des droits de l’homme David Matas, un rapport intitulé Prélèvements meurtriers.

Le rapport détaille une variété de preuves qui, lorsque considérées ensemble, portent les auteurs à conclure que les pratiquants de Falun Gong sont victimes de prélèvements d’organes forcés.

Radio-Canada n’a fait aucune mention des preuves du rapport Kilgour-Matas et n’a pas indiqué que les résultats de leur enquête avaient été pris en compte par le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Manfred Nowak, de même que par des médecins et des professeurs reconnus.

Radio-Canada n’a pas non plus parlé des réactions internationales qu’a provoqué le rapport : la British Transplantation Society s’est déclarée inquiète des dons d’organes forcés en Chine; le médecin Tom Treasure, écrivant au Journal of the Royal Society of Medicine, juge les allégations crédibles; le gouvernement australien a demandé au gouvernement chinois de permettre la tenue d’une enquête indépendante sur les prélèvements d’organes forcés en Chine et deux hôpitaux australiens spécialisés en transplantation ont cessé de former des chirurgiens chinois; le directeur du département de la Santé de Taiwan a recommandé aux médecins taiwanais de ne pas envoyer leurs patients en Chine pour les transplantations d’organes; trois compagnies d’assurance israélienne ont cessé d’envoyer des patients en Chine pour les transplantations, etc.

Le Congrès américain a, quant à lui, tenu une audience en septembre 2006 sur la question. En conclusion, le congressiste Dana Rohrabacher a exhorté le gouvernement américain à agir pour mettre fin à ces crimes.

Malgré que la SRC se soit entretenue avec David Kilgour pendant environ 20 minutes, il affirme qu’ils n’ont pas dû apprécier ses propos puisqu’ils ont diffusé seulement une dizaine de ses mots.

«Je dirais que [...] l’émission a été fortement injuste envers les gens qui sont préoccupés par la question des vols d’organes sur le Falun Gong. David Matas et moi-même avons voyagé dans environ 45 pays pour parler de cette affaire et je crois que je peux dire que je n’ai jamais vu une représentation aussi injuste de notre position.»

«Lorsque j’étais journaliste, nous étions supposés essayer d’accorder un traitement égal aux deux parties et, concernant cette émission, il et clair qu’il n’y a eu aucune tentative d’accorder un traitement égal aux deux parties», a-t-il ajouté.

Ce n’est pas la première fois que Radio-Canada censure les commentaires de M. Kilgour sur les prélèvements d’organes forcés. L’ex-député avait été interviewé l’année dernière pour une émission abordant la question des droits de l’homme avant les Jeux de Pékin. Radio-Canada a utilisé seulement quelques-uns de ses mots et n’a fait aucune mention du pillage d’organes, l’axe central des recherches de Kilgour.

Puis en novembre 2007, CBC a retiré Beyond the Red Wall de la programmation. Parmi les changements les plus significatifs apportés au documentaire avant sa diffusion, il y avait le retrait des preuves avancées concernant les prélèvements d’organes.

Lucy Zhou affirme que cette tendance est alarmante et qu’elle suggère que la CBC essaie d’aider le régime chinois à camoufler ces informations.

David Matas estime quant à lui que le reportage de Radio-Canada lui a paru «ignorant».

«La journaliste essayait de rapporter sur le Falun Gong, mais ne comprenait vraiment rien de la nature du Falun Gong. Je crois que cela démontrait de l’intolérance religieuse.»

M. Matas, familier avec la manière dont l’histoire s’est développée durant les derniers mois, affirme qu’il semble que la journaliste croit que le Falun Gong est une organisation hautement structurée qui possède de grandes ressources financières et qu’elle a essayé de valider cette opinion.

«Ce n’est pas une enquête balancée ou juste sur le Falun Gong. C’est une mise en accusation contre le Falun Gong concoctée par la journaliste et c’est la nature de cette accusation qu’elle tente ensuite de prouver.»

«Le reportage [essayait], j’imagine, de créer un conflit artificiel et symétrique au sein du Chinatown. C’était simplement ignorant. Il n’a pas compris et n’a pas rapporté adéquatement.»

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.