Le Mont-Saint-Michel, une baie nourricière, lieu de biodiversité

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque - Paris
05.11.2008

  • Classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979, la baie du Mont-Saint-Michel forme une frontière naturelle entre la Bretagne et la Normandie. Ecrin somptueux, elle abrite la u00ab pyramide merveilleuse » du site historique qui en est indissociable et contribue à sa mise en valeur. (攝影: / 大紀元)

Si le Mont-Saint-Michel est célèbre pour son patrimoine historique, il n’y a pour la baie aucune équivalence écologique dans le monde. Elle est un ensemble de vase, de sable et de marais soumis à des mouvements naturels d’une telle amplitude que la vie s’y abritant est d’une incroyable diversité. Elle est à la fois l’abri d’espèces variées et un espace de nurserie. Des coquillages, des oiseaux, des poissons et des mammifères y vivent paisiblement. Ce lieu est aussi l’équilibre parfait d’une chaîne alimentaire qui bénéfi cie des ressources uniques de cet environnement.

 

La commune du Mont-Saint-Michel est normande. Par contre, la baie se déploie jusqu’à Cancale, ville du littoral breton. La rivière du Couesnon trace la limite entre la Bretagne et la Normandie. Ce lieu est unique puisque les marées sont parmi les plus puissantes du monde, les vagues atteignant jusqu’à 15 mètres aux marées d’équinoxe. La baie du Mont- Saint-Michel découvre des dizaines de milliers d’hectares de grèves, de vasières et de bancs de sable, sur une étendue de 250 km². Elle est répertoriée comme étant le plus beau modèle de sédimentation au monde. Ce golfe est varié car il est constitué de dunes, de prés salés, de prairies humides, de falaises et d’îles rocheuses.

 

LES OISEAUX DE LA BAIE

Les marais s’étirent à perte de vue et abritent une quantité d’oiseaux considérable comme l’avocette élégante, gracieux échassier qui se nourrit de petits invertébrés. La baie accueille aussi régulièrement plus de 20.000 oiseaux d’eau et 100.000 échassiers y hivernent. On y rencontre le bécasseau variable, l’huîtrier pie, le pluvier argenté... Le Groupe Ornithologique Normand (GONm) a observé les migrations sur les côtes occidentales du Cotentin. Les oiseaux traversent cette péninsule d’est en ouest, en franchissant la baie du Mont-Saint-Michel. Selon la LPO, ce sont plus de 200 espèces d’oiseaux qui ont été observées à Carolles (les falaises dominant la partie orientale de la baie du Montsaint-Michel.) Les quantités d’oiseaux migrateurs qui circulent chaque année dans la baie se situent entre 500.000 et un million d’individus.

 

LES MAMMIFÈRES MARINS, LES MASSIFS D’HERMELLES

La baie accueille de grands mammifères marins tels que le grand dauphin et le phoque veau marin. L’estran abrite également des massifs d’hermelles, qui sont des formations originales dues à des vers «constructeurs», parmi les plus importantes d’Europe. Les massifs d’hermelles sont appelés localement «le crassier». Ce récif constitue l’un des plus beaux joyaux du patrimoine naturel de la baie du Mont-Saint-Michel. D’autre part, elle est un lieu de passage important pour les saumons et une zone de développement favorable pour de nombreux poissons plats.

 

PRAIRIES, PRÉS SALÉS, PLANTES PROTEGÉES

C’est un des rares sites français abritant l’obione pédonculée, une des plus intéressantes espèces herbacées des prairies salées européennes. Elle appartient à la famille des chénopodiacées, tout comme la salicorne, les arroches, la bette maritime. Elle partage avec ces plantes un goût pour les terrains salés. Elle s’installe en limite de la ligne des marées hautes, au fond des estuaires, des baies ou de pannes dunaires ouvertes à la marée. L’espèce est protégée sur la totalité du territoire français depuis 1982. L’agneau prés-salés, très célèbre, est réputé dans la baie pour son goût fin. Le nom vient de l’herbu des grèves où pâturent les moutons en pleine liberté. Ils broutent une végétation parfumée composée de plantes halophiles (nourries au sel). Dans la baie du Mont-Saint-Michel, le pacage des herbus est une pratique très ancienne et des documents attestent qu’au XIe siècle, les moines de l’abbaye possédaient un droit de brebiage leur permettant de choisir la meilleure brebis de chaque exploitation. Les moutons de la baie constituent une race ovine typique nommée Grévine.