L’acidité des mers menace les écosystèmes

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque - Paris
09.11.2008

  • (攝影: / 大紀元)

Le musée océanographique de Monaco a accueilli, la semaine du 9 octobre, des scientifiques du monde entier pour un symposium sur l’acidification des mers. Les intervenants ont conclu que l’acidification des océans s’est accélérée et qu’elle a augmenté de 30 % depuis le début de l’ère industrielle. Ils ont estimé que la pollution des mers est une menace pour les écosystèmes et de fait les moyens de subsistance de milliers de personnes dans le monde sont en danger. Ainsi le président du symposium James Orr a déclaré dans un communiqué adressé à l’ONU: «Nos océans sont malades. Nous ne savons pas exactement à quel point, mais il existe désormais assez de preuves à nos yeux pour affirmer que la chimie des océans se modifie, ce qui va affecter certains organismes marins et que les décideurs doivent réagir et prendre en compte ce phénomène».

 

L’OCÉAN INGÈRE PRÈS DE HUIT MILLIARDS DE TONNES DE CO2 PAR AN

Ce regroupement soutenu par le Prince Albert II de Monaco fut organisé par la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO. 250 scientifiques venant de 32 pays différents y ont participé ainsi que d’autres partenaires. Pour les chercheurs, il est important de connaître la quantité limitable de CO2 absorbé par les océans, et quelle est la capacité d’assimilation extrême des mers avant d’assister à la mort des vies qu’elles contiennent. Aujourd’hui, l’océan ingère près de huit milliards de tonnes de CO2 par an qui, sinon, demeureraient dans l’atmosphère. Si ce phénomène est d’une importance capitale sur la diminution du réchauffement climatique, il peut inquiéter car il pollue l’océan.

 

LA MER AUSTRALE CORROSIVE POUR LES COQUILLES DES ESCARGOTS DE MER

En effet, James Orr, président du colloque explique: «Les travaux de recherche publiés indiquent que d’ici à 2030, la mer australe commencera à devenir corrosive pour les coquilles des escargots de mer évoluant à la surface des eaux. Ces mollusques représentent une source importante de nourriture pour les saumons du Pacifique. Si leur nombre diminue ou s’ils disparaissent dans certaines régions, comme le Pacifique Nord, qu’adviendra-t-il du saumon – et de l’industrie de la pêche du saumon? Et que se passera-t-il si l’acidification affecte de plus en plus les récifs coralliens qui abritent un quart des poissons dans le monde, au moins pendant une partie de leur vie, et qui génèrent une industrie touristique de plusieurs milliards de dollars?».

LE CNRS ET LES MENACES POUR LES CORAUX, LES OURSINS, ETC.

Une équipe de recherche du CNRS avait déjà exprimé cette menace le 29 septembre 2005, disant : « Toute la vie marine est menacée par l’acidification des mers, les coraux et tout particulièrement ceux baignés dans les eaux froides, comme l’océan Atlantique Nord, qui devraient se dissoudre en premier. Si leur squelette de carbonate de calcium est indispensable pour leur propre développement, celui-ci fournit également l’habitat aux poissons hauturiers, aux anguilles, aux crabes, aux oursins... le squelette externe de ces derniers étant aussi menacé directement par l’acidification».

 

LE CARBONATE DE CALCIUM ESSENTIEL DANS LA NATURE

En mai 2008, l’équipe de recherche EPOCA avait commenté: la dissolution du CO2 dans l’eau de mer entraîne la formation d’acide carbonique. Celle-ci, associée à une diminution du pH (mesure de l’acidité), est appelée acidification de l’océan. Ce phénomène risque de se poursuivre pour atteindre des valeurs de pH qui n’ont pas été observées depuis au moins 20 millions d’années.

 

Le carbonate de calcium est l’une des substances les plus importantes dans la nature, étant donné son rôle dans la formation des arêtes, des coquilles et des récifs coralliens. Les facteurs environnementaux, tels que la température et le pH (acidité), influencent la capacité des organismes marins à former le carbonate de calcium. À l’heure actuelle, la hausse des concentrations en CO2 (dioxyde de carbone) augmente l’acidité des océans, et les prévisions en matière de changement climatique montrent que les températures des océans sont susceptibles d’augmenter au cours des décennies à venir.

 

POSSIBILITÉ D’INVERSER LA TENDANCE

Les scientifiques présents à la conférence de Monaco ont estimé l’importance d’observer et de comprendre l’impact du phénomène d’acidification actuel. Ils ont également insisté sur le fait que la réduction des émissions de carbone sera le seul chemin capable de stabiliser et de modifier le processus d’acidification. Et malgré les lenteurs de nombreux gouvernements, il est possible d’inverser le phénomène à un coût abordable. Par ailleurs, Hermann Held, de l’Institut de recherche de Potsdam, a déclaré à l’assemblée que d’ici un siècle, le prix de la suppression des émissions de carbone serait inférieur à 1,5 % du PIB mondial.