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« Constitution 2008 » : le parti communiste chinois réagit

Écrit par Aurelien Girard
21.12.2008
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Le 9 décembre, à la veille de la Journée Internationale des Droits de l’Homme, la « Constitution 2008 » de la Chine a été rendue publique par 300 personnalités de l’élite intellectuelle chinoise, des avocats et des défenseurs des droits de l’homme. Un texte qui a immédiatement provoqué une vive réaction des autorités chinoises.

Trente ans après le « mur de la démocratie » en Chine et alors que le régime communiste chinois a signé la Convention internationales sur les droits civiques et politiques, la Chine reste le seul pays parmi les grandes puissances mondiales à vivre sous la dictature du parti unique. Face à cet environnement politique responsable de désastres humains et incubateur de crises sociales majeures, les signataires de la «Constitution 2008» veulent créer les bases d’une nouvelle Chine.

Le contenu de la « Constitution 2008 »

Le préambule de la Constitution 2008 indique que les progrès politiques supposés dont le parti communiste chinois fait affiche n’existent que sur le papier : Les lois devant protéger les citoyens et leurs droits existent mais ne sont pas appliquées, une constitution existe mais n’est pas liée à un système constitutionnel effectif. Toute tentative de réforme politique est écrasée par le parti au pouvoir, donnant libre cours à une corruption endémique, à l’absence de protection des droits humains et aux conséquences associées : polarisation de la société, larges zones de non-droit, effondrement de l’éthique économique et sociale, développement économique instable, et destruction dramatique de l’environnement.

Pour les signataires, la « cocotte-minute » sociale est proche de l’explosion si une réforme drastique de tout le système politique n’est pas mise en place. Ce que la Constitution 2008 formalise est l’exigence d’une Chine retrouvant les idéaux de liberté et de démocratie, exigence traduite par un système constitutionnel dans lequel les pouvoirs législatif et exécutif seraient séparés : élection au suffrage universel libre du corps parlementaire, indépendance de la justice, égalité entre zones rurales et urbaine, liberté d’association, liberté de création de partis politiques, liberté de parole et de religion…

Les 19 grandes revendications de la Constitution 2008 dessinent une Chine de centre-droit voyant coexister propriété privée, réforme de système d’imposition et éducation publique et sécurité sociale généralisée. Point saillant déjà vu dans des proposition précédentes, l’établissement d’une république fédérale permettant de mieux gérer l’immensité du territoire chinois… autrement dit le système antique du mandarinat chinois ayant assuré la stabilité des dynasties impériale, et de façon plus moderne le fédéralisme des Etats-Unis et de l’Inde, les deux autres géants géographiques.

Nervosité communiste

La publication de la Constitution 2008 n’a pas tardé à provoquer une réaction du parti communiste chinois : l’arrestation de l’un des auteurs du texte, Liu Xiaobo. La police a également encerclé la maison de M. Yu Jie, un autre auteur, poursuivi pour "tentative de putsch". 

M.Yu Jie est actuellement en Californie où il participe à une conférence religieuse. Interrogé par Kou Tianli, journaliste de Radio Free Asia, M. Yu indique que sa femme lui a annoncé par téléphone que plusieurs voitures de police et un grand nombre de policiers encerclaient leur maison. D’après l’épouse de M. Yu, certains de ceux-ci portaient casques anti-émeute et gilets pare-balles.

Les 300 premiers signataires de la Constitution 2008 comprennent certains des plus grands activistes des droits humains, comme le juriste pékinois Yu Haocheng, le compositeur shanghaïen Sha Yexin, le secrétaire personnel de l’ancien président chinois Zhao Ziyang (destitué par avoir refusé de soutenir la répression de la place Tian An Men en 1989), les écrivains Liu Xiaobo et Dai Qing, le journaliste Gao Yu et bien d’autres.

Selon un article du site Internet crd-net.org, parmi les 440 signataires suivants se distinguent le dissident Yan Jiaqi, qui vit actuellement à New York; Yang Jianli, directeur de recherche à l'Université de Harvard, Wang Juntao, Wang Dan, et autres personnalités de l’intelligentsia chinoise. Une troisième liste de signataires de la Constitution 2008 est actuellement en cours de finalisation.

 

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