Le Mexique et la peine de mort

Écrit par Aurelien Girard, La Grande Époque - Paris
22.12.2008

Dans le contexte de la guerre entre l’armée mexicaine et les trafiquants de drogue, qui s’est soldée par 5400 meurtres pour la seule année 2008, un amendement constitutionnel soumis au Congrès mexicain propose de rétablir la peine de mort, ce qui provoque outre-atlantique un débat brûlant.

D’après les sondages d’opinion, plus de deux-tiers de la population mexicaine est favorable à un rétablissement de la peine de mort. Cette proposition, qui devrait être discutée début 2009, ferait revenir en arrière sur l’abolition de cette sentence, décrétée en 2005.

D’après Inter Press Service, le gouverneur de l’Etat de Coahuila, au Nord-Est du pays, est à l’origine de la proposition. Humberto Moreira, du parti révolutionnaire institutionnel (PRI), indique que la question n’est pas d’après lui de savoir s’il faut appliquer ou pas la peine de mort, mais comment le faire : «Comment les tuer ? Par arme à feu, par décapitation, par pendaison ou par quelque chose de plus léger comme une injection létale?»

La proposition se heurte à l’opposition du parti au pouvoir, le PAN de Felipe Calderon ainsi qu’à celui de l’Eglise catholique et du Haut Commissaire pour les Droits de l’Homme des Nations unies.

Dans un pays où 98 % des crimes restent impunis du fait de la corruption et d’un système judiciaire inefficace, plusieurs experts arguent qu’une application de la peine de mort ne ferait que conduire à des erreurs judiciaires plus dramatiques que celles que vit déjà quotidiennement le pays. Ce n’est pas l’avis des habitants de Mexico et de Coahuila, deux régions parmi les plus dangereuses du pays, qui sont prêts à toute solution leur permettant de sortir de chez eux sans craindre de se faire abattre par des membres de cartels de la drogue.