Handicap International et les bombes à sous-munitions

Écrit par Suzi Loo, La Grande Époque
25.12.2008

  • pyramides de chaussures(攝影: / 大紀元)

Thaïlande 1982. Dans l’immense camp de Khao Idang, 160.000 Cambodgiens trouvent refuge. Ce sont les seuls survivants du régime des Khmers rouges. De jeunes médecins sur place indignés par la détresse de ces milliers de réfugiés plus ou moins handicapés, voire mutilés par des mines antipersonnel, vont réagir. Ainsi naîtra Handicap International.

Les BASM : des armes retoutables, une menace permanente

Les bombes à sous-munitions sont composées d’un conteneur – bombe, obus, missile, roquette – regroupant selon les modèles de quelques unités à plusieurs centaines de mini-bombes appelées sousmunitions. Elles sont larguées par voie aérienne ou tirées par voie terrestre. Le conteneur s’ouvre dans les airs et éjecte les sous-munitions qui se dispersent sur une large zone, pouvant atteindre plusieurs milliers de mètres carrés, pour exploser au contact du sol ou de l’objectif visé. Les zones civiles sont inévitablement touchées pendant les bombardements. De 5 à 40 % n’explosent pas à l’impact. Gisant sur le sol, soit dans les arbres ou sur les toits des maisons, elles restent instables et très sensibles et peuvent se déclencher au moindre contact.

Améliorer le monde, aider les populations en difficulté

Handicap International, disposant du statut de loi 1901, prend alors une ampleur considérable. Elle est appelée sur plusieurs fronts. Les interventions et les actions vont se multiplier dans plus de 60 pays. Ses diverses missions concernent principalement la santé, la prévention, la

réadaptation, l’insertion sociale et économique ainsi que la lutte contre les mines antipersonnel et les bombes à sous-munitions (BASM).

Éveiller les consciences en mobilisant l'opinion internationale

1992, un combat démarre. Mobiliser l’opinion internationale pour qu’elle s’oppose enfi n à la prolifération des mines antipersonnel et lutter surtout contre « les armes des lâches ». Le 3 décembre 1997, 123 États s’engageaient pour l’interdiction des mines antipersonnel en signant le traité d’Ottawa. La même année, Handicap International et les associations de la Campagne pour interdire les mines (ICBL), 1.400 associations réparties dans une centaine de pays, recevaient le prix Nobel de la paix, récompensant cinq années d’engagement.

Les pyramides de chaussures

Le 27 septembre dernier, Handicap International organisait les 14e Pyramides de chaussures dans 37 villes de France pour intensifier la mobilisation du public contre les bombes à sous-munitions (BASM). Patricia Malissart est présidente d’Handicap International dans les

Alpes-Maritimes et dans le Var. D’origine cambodgienne, elle a rencontré l’association lors d’un séjour en accompagnant une autre ONG au Cambodge afi n de retrouver des membres de sa famille.

LGE : Êtes-vous satisfaite cette année de la mobilisation pour cette manifestation ?

Patricia Malissart  « Tout à fait ! Chaque année, de plus en plus de monde participe à cette manifestation. C’est un combat important pour le bien de l’humanité. Nous avons tous en nous le pouvoir de faire que le monde devienne un endroit plus sûr pour des millions de personnes si

un maximum de gens signe les pétitions et que les États viennent s’assoir autour de la table le 3 décembre prochain à Oslo. Nous sommes dans l’urgence. Il est nécessaire que s’arrêtent défi nitivement les ventes à munitions et qu’elles n’existent plus. »

Une centaine de pays se sont réunis ce mercredi 3 décembre à Oslo. À l’instar du Canada en 1996, la Norvège a lancé dans la perspective diplomatique un traité international qui a été adopté le 30 mai 2008. Le traité d’Oslo vise l’interdiction des bombes à sous-munitions (BASM) afin que la production, l’utilisation, le stockage et le commerce de ces armes soient totalement interdits. Ce traité oblige également les signataires à venir en aide aux pays concernés ainsi qu’au grand nombre de victimes.

Le 3 décembre, une centaine de pays au total, dont la France, la Grande-Bretagne, le Canada ont signés le texte négocié. La portée du traité est limitée, hélas, par l’absence des principaux producteurs et utilisateurs tels que les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde et le Pakistan.

Un nombre incalculable de bombes à sous munitions dispersées dans le monde

Mises au point à la fin de la Seconde guerre mondiale, les bombes à sous-munitions sont et ont été utilisées dans de nombreuses conflits. Elles sont employées pour détruire les pistes d’atterrissage, les bateaux, les structures au sol ou bien pour miner des zones difficiles d’accès. Plus de 440 millions de sous-munitions ont été larguées dans le monde depuis 1965 dont 383 millions au Laos, au Vietnam et au Cambodge. Souvent de formes rondes, colorées ou munies de rubans roses, les sous-munitions sont confondues avec des jouets ou des rations alimentaires par les enfants. Des centaines d’entre eux y laissent leur vie ou sont gravement mutilés.

On estime aujourd’hui à environ 33 millions de sous-munitions dispersées dans le monde qui ne sont toujours pas neutralisées et considérées comme actives. En 2007, une personne a été victime toutes les 90 minutes.

Merci à Patricia Malissart pour sa collaboration.