Crise économique et financière : que faire pour en sortir?

Écrit par Patrick C. Callewaer
06.12.2008

  • Une rue commerçante à Leeds, au Royaume-Uni. (攝影: / 大紀元)

 

Les seules mesures gouvernementales ne sont pas suffisantes pour redonner le souffle à l’économie. Le comportement de chacun est un élément clé de la solution.

Un comportement de consommateur et d’actionnaire responsable est nécessaire pour transformer l’univers économique et le rendre plus respectueux des hommes. La récession s’installe dans les pays occidentaux et les signes d’instabilité apparaissent dans les pays émergents. Personne ne se risque maintenant à douter de la profondeur de la crise actuelle, mais les avis divergent quant à sa durée et aux mesures pour en sortir.Ainsi, dans le dernier bulletin économique d’Euler-Hermès consacré à la météo internationale des secteurs, Karine Bergeravoue que «les marchés ne sont plus en mesure de définir un prix pour de très nombreux actifs, …ce qui constitue un sérieux problème».

Cette difficulté rend quasi impossible toute mesure du risque dans les échanges entre banques,ce qui bloque le marché interbancaire et augmente inéluctablement le coût du crédit. Les conséquences seront donc très dures pour l’économie réelle et,selon les prévisions Euler-Hermès pour 2009, «tous les secteurs de l’économie mondiale entrent en ralentissement».

La crise touche également l’Asie, où selon la Banque Mondiale et pour la première fois depuis 20 ans, les prévisions de croissance chinoise qui étaient en moyenne de 12 % chuteront à 7,5 % en 2009.Le seul « rayon de soleil » concerne le prix du pétrole qui, après les sommets de juillet 2008 à 140 dollars le baril, est retombé à 53 dollars le 28 novembre,mais n’empêche pas la chute de la consommation de carburant aux États-Unis et en Europe. Comment sortir de cette crise et quelle en sera l’issue?

La confusion engendréepar la difficile adoption et l’arrêt du plan Paulson, puis par la succession sans finde mesures gouvernementales américaines et européennes ne semble en effet ni rétablir la confiance des marchés (le CAC40, qui était à 3.262 points le 28 novembre dernier, a chuté de 45 % depuis juin2007), ni juguler la chute de la consommation(de -3,1% aux États-Unis sur le troisième trimestre 2008, du jamais vu depuis 1980), ni empêcher les entreprises d’annoncer des plans de licenciement.

Par ailleurs, il n’est pas certain que les injections massives d’argent public pour soutenir les entreprises en difficulté, comme celles envisagées pour Ford ou Général Motors, puissent garantir leur viabilité à long terme, tant cette crise se conjugue avec une période charnière dans leur histoire. Les économistes sont si dubitatifs sur l’efficacité desseules mesures gouvernementales que certains, comme Karine Berger d’Euler Hermès, n’hésitent désormais plus à écrire que «c’est aussi la responsabilité de chaque acteur individuel qui est la clé du problème». Redécouvrir que le comportement de chacun peut-être un élément de la solution est porteur d’espoir pour l’avenir. En effet, cela fait si longtemps que chacun s’en remet aux gouvernements et à ses dirigeants pour résoudre ses problèmes.

Pourtant, chaque acteur individuel joue un rôle fondamental dans le fonctionnement de l’économie. Présenter le capitalisme et la recherche effrénée du profit comme boucs émissaires et implorer sa perte pour conjurer les malheurs, sont certes un moyen de se donner bonne conscience, mais ne font pas vraiment avancer les choses. Inversement, avoir un comportement de consommateuret d’actionnaire responsable peut être beaucoup plus efficace pour transformer l’univers économique, le rendre plus respectueux des hommes et agir pour une meilleure préservation de notre planète.

Quelle que soit l’effi cacité de la publicité,le comportement de chaque consommateurest en effet si important queles services marketing des entreprises dépensent depuis très longtemps des sommes folles pour en suivre les évolutions. Pour chaque produit ou service qu’un consommateur achète, il envoie un signal au producteur et le renseigne sur ses besoins, ses goûts, ses désirs. Ainsi le Commerce Equitable et les produits biosont nés d’initiatives isolées, et prennent de l’ampleur malgré la crise, au point que les grandes surfaces leur accordent uneplace croissante.

Un autre exemple estcelui de la production automobile, dont les géants américains et européens qui n’ont pas su anticiper les nouvelles exigences des consommateurs pour les véhicules non polluants et ne savent plus actuellement comment investir pourtransformer radicalement leur gamme de voitures. La crise que ce secteur connaît précède de peu la crise financière, maisest profondément renforcée par celle-ci.

Il en est de même du comportement d’actionnaire qui, pour ceux qui ont les moyens d’investir, commence à être étudié et pris en compte avec le regard porté par certains sur la responsabilité sociale des entreprises. À cet égard, les fonds ISR (Investissement Socialement Responsables), dont le processus de sélection des entreprises a pour particularité d’intégrer des critères extra-financiers comme le mode de gouvernance de l’entreprise ou bien son action vis à vis du développement durable, commencent à sortir de leur marginalité et à être pris au sérieux par les investisseurs institutionnels.

Ainsi, Eric Vanlabeck, directeur de la recherche et développement de MACIF Gestion, a annoncé le 20 novembre dernier dans le quotidien financier AGEFI, que «d’une manière générale, les fonds ISR traversent plutôt bien lacrise. Ils fournissent de bonnes performancesrelatives par rapport à leur univers», et n’hésite pas à affirmer que « la démarche ISR va sortir renforcée de la crise».

La crise actuelle est singulière et n’a aucun équivalent dans l’histoire humaine. En effet, comme le rappelle Nicolas Hulotdans Marianne du 15 novembre, elle est « financière, économique, énergétique, alimentaire, climatique, écologique… elle est systémique… et appelle une réponse systémique ». C’est pourquoi personne n’est actuellement capable d’en prédire la fin ni la façon d’en sortir. Il n’est plus possible de rester les bras croisés à attendre qu’elle passe, comme les précédentes. Il est temps d’agir de manière responsable, solidaire et cohérente. La «remise à plat du fonctionnement économique» que Nicolas Hulot appelle de ses voeux est nécessaire, mais chaque action quotidienne, en tant que consommateur, actionnaire,employé, parent, touriste, etc. est primordiale. La cohérence de ces actions entre elles est en outre une garantie de leur efficacité dans la construction d’un monde meilleur.