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Cadillac Records : Un film musical divertissant

Écrit par Joe Bendel, Collaboration spéciale
09.12.2008
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  • Adrien Brody et Jeffrey Wright(Cadillac Records: Eric Liebowitz /

Les collectionneurs de disques développent souvent un attachement particulier pour une marque de disques spécifique. Les collectionneurs de disques de blues qui aiment les 78 tours à peine audibles vénèrent les disques Paramount des années 1920. Ceux qui aiment un son plus moderne ont probablement beaucoup de disques Chess dans leur collection. Fondée par les frères Leonard et Phil Chess, la marque a vu évoluer le blues vers le rock’n’roll, enregistrant des artistes iconiques tels que Muddy Waters, Howlin’Wolf, Etta James, Bo Diddley et Chuck Berry. Aujourd’hui, le label qui a donné leur nom aux Rolling Stones et qui a rendu célèbre, sur la scène internationale, l’adresse 2120 S. Michigan reçoit les honneurs au grand écran dans le film de Darnell Martin, Cadillac Records.

En faisant la connaissance du jeune Leonard Chess, on découvre un immigrant juif de la classe ouvrière qui vit à Motal, une ville qui, à l’époque, était peuplée de Polonais. Il fait la cour à une jeune fille de bonne famille, mais le père s’oppose et la relation est rompue. Cet échec lui est douloureux, mais éveille en lui son esprit d’entrepreneur. Attiré par la communauté afro-américaine de Chicago, Chess se lance en affaires, plus précisément les boîtes de nuit, mais rapidement il se fera une place comme magnat dans l’industrie du disque.

Les scènes les plus fortes du film Cadillac sont celles où les artistes de Chess, déjà sous contrat avec le nouveau label, sont présentés dans une série de numéros musicaux. Dans ce film produit par Steve Jordan, un vétéran du Letterman Show, et de l’orchestre de Sonny Rollins, les interprétations sont un peu modernisées pour plaire aux cinéphiles, mais respectent tout de même en partie les versions originales. Au moins un vétéran du label Chess prête son talent à l’enregistrement de la bande originale du film; Hubert Sumlin, qui a longtemps été le guitariste principal de Howlin’ Wolf, tient entre autres un rôle secondaire dans le film. Dans plusieurs morceaux, il est accompagné du guitariste Eddie Taylor junior, le fils de Taylor senior, qui a déjà joué sur des enregistrements de Chess, avec Sonny Boy Williamson II.

On peut entendre et voir Eamonn Walker en tant qu’Howlin’ Wolf et Beyonce incarner Etta James, mais s’il y a un artiste rattaché à ce label, c’est bien McKinley Morganfield plus connu sous le nom de Muddy Waters. Le film Cadillac concentre intelligemment son attention sur ce premier artiste de calibre du label Chess, montrant ses premières années dans les plantations et son éventuelle conquête de la scène du blues à Chicago. Bien que Jeffrey Wright ait une physionomie totalement différente de celle de Waters, il rend vraiment bien le rythme et la personnalité de cette légende du blues.

Que vous le croyiez ou non, Beyonce est aussi très surprenante et efficace dans le rôle de Etta James et s’en sort avec beaucoup de crédibilité dans un classique tel que At Last. Dans le rôle de Chuck Berry, Mos Def rend parfaitement le ton et Cedric the Entertainer (bien que sous utilisé) est excellent en Willie Dixon. Cependant, si vous avez déjà lu des livres sur Chess Records, vous pourriez trouver que ce n’est pas un choix judicieux d’avoir attribué le rôle de Chess à Adrien Brody. Essentiellement, un Willie Loman réussi, malgré que Chess soit mort à l’âge de 52 ans, et que Brody le joue comme un gars dans la trentenaire aux yeux tristes.

Les dingues du disque feront tout un cas des raccourcis et des changements apportés aux faits historiques. Chess était vraiment une compagnie familiale, dirigée conjointement par les deux frères. Marshall, le fils de Leonard, était aussi toujours présent, travaillant dans presque tous les départements de la compagnie. Cependant, Cadillac place Phil Chess à l’écart et ne tient aucunement compte de Chess junior.

On doit toutefois mentionner que ce film traite adroitement la controverse entourant les Chess. Pendant que l’on montre leur façon plutôt informelle de comptabiliser le droit d’auteur, le film communique bien le dévouement de Leonard Chess pour ses artistes, en particulier Etta James (mais la supposée idylle entre eux n’a jamais été rapportée dans aucun des livres que j’ai lu sur Chess).

Bien que les scènes dramatiques de Cadillac détournent un peu l’attention, à la limite du raisonnable, l’intérêt pour le film reste sa musique. Ce film se qualifie comme le plus divertissant des films musicaux de l’année. Ce serait un beau dénouement s’il réussissait à sensibiliser les spectateurs aux grands artistes de blues et de rhythm and blues de cette maison de disques.

Le blog de Joe Bendel sur le jazz peut être consulté ICI. M. Bendel coordonne également la campagne de dons d’instruments de la Jazz Foundation of America venant en aide aux musiciens victimes de l’ouragan Katrina.

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