La compagnie Divine Performing Arts, la différence

Écrit par Aurélien Girard, La Grande Époque - Paris
11.02.2008

  • Michelle Ren, chorégraphe et danseuse étoiles pour le spectacle (NTDTV)(攝影: Henry Chan / 大紀元)

Le renouveau de la culture chinoise sur scène a un nom : la compagnie Divine Performing Arts (troupe des Arts divins). La tournée mondiale de cette compagnie d’arts traditionnels chinois semble, emportée par son succès, n’avoir qu’à peine le temps de s’arrêter en France puisqu’elle ne posera ses décors et ses instruments à Paris que pour quatre représentations au Palais des Congrès de Paris, du 29 février au 2 mars. Quatre représentations qui, si la réussite des années précédentes se confirme, devraient faire salle comble et enthousiasmer les happy few qui auront su se procurer des places à temps.

 

Le Spectacle du Nouvel An chinois, est à plusieurs égards unique. À une heure aseptisée et plastique où la scène parisienne se partage entre comédies musicales à succès, brassant d’une part corps musclés, acrobaties, arts martiaux, explosions, chansons sans fond, et d’autre part spectacles intimistes, élitistes, parfois abscons, la troupe des Arts divins réalise la prouesse de donner à la profondeur de l’âme chinoise l’accessibilité d’un (très) grand spectacle.

Le pari est, commercialement, osé. Étonnamment pourtant, la compagnie Divine Performing Arts sait attirer une large audience familiale tout en tenant ses promesses pour le public averti, trop souvent frustré par la superficialité subie des spectacles « chinois » collant clichés historiques sur un vieux fond de style maoïste.

Le rideau s’ouvre en offrant aux voyageurs-spectateurs une pluie de couleurs, des gestes lents, surprenants tant ils sont en décalage avec le rythme moderne. On croit entendre une rivière couler, quelques gouttes de pluie tomber derrière le décor tandis que se déploient plusieurs millénaires d’une histoire qui a toujours cherché à relier les hommes au Ciel.

Puis des éclats de fougue: c’est une bataille il y a 900 ans ;  puis à nouveau la douceur – des femmes-poisson dansent au bord d’une rivière ; puis la noblesse solennelle des cours impériales, puis la force des héros... une scène après l’autre, c’est un voyage dans le temps et l’espace, qui n’hésite pas à effleurer du doigt le sacré.

La première impression créée par la performance de la centaine d’artistes de Shen Yun est celle d’une innocence et d’une fraîcheur retrouvées. C’est un peu après, lors du spectacle, que se dévoile la précision millimétrique des enchaînements, la densité et l’intensité de chaque geste, la force évocatrice des références historiques.

La compagnie Divine Performing Arts s’engage aussi dans le monde actuel, et lie le souvenir des traditions au renouveau de celles-ci. Comme un symbole de l’entrée dans le présent, un orchestre occidental de cinquante personnes joue des compositions chinoises, mises en relief par des instruments traditionnels: Guzheng (harpe), Erhu (viole), Pipa (luth). Une danse douloureuse évoque la tentative de destruction de la tradition par le matérialisme : c’est la persécution d’une pratiquante bouddhiste du Falun Gong par le régime chinois, dans la ligne des multiples créations artistiques chinoises prenant comme référence cet immense phénomène populaire des années 90 en Chine. Du roman Le complexe de Di de Dai Sijie jusqu’à – ce printemps – la pièce Neige d’Eté (évoquée dans le premier cahier de cette édition) en passant par Sandstorm le film du réalisateur canadien Michael Mahonen projeté à Cannes en 2006, le mouvement bouddhiste est devenu pour beaucoup le symbole créatif de la paix face à la brutalité.

Enfin, la la compagnie Divine Performing Arts innove, réjouit et enrichit. C’est au prix, entend-on en coulisses, d’attaques et d’interférences diverses par les délégations étrangères du régime communiste chinois; mais c’est sans doute le prix de l’audace, de la profondeur et du succès.

 

 

« Une sensation éthérée »

 

Mme Harwood était danseuse étoile au Conservatoire de Ballet National du Canada. En 1984, elle a reçu la distinction honorifique civile la plus élevée, l’Ordre du Canada, pour sa carrière exemplaire.

Elle a assisté au spectacle le 18 janvier dernier à Toronto avec son mari, Hugh Scully, chirurgien, professeur et ancien président de l’Ontario Medical Association.

« Il y a une sorte de calme qui transparaît… une sensation éthérée », dit Mme Harwood en décrivant le spectacle.

« Ce n’est pas seulement beau. Il y a beaucoup de profondeur là-dedans, et beaucoup de sens. Ils le prennent très au sérieux. Et c’est superbe à voir. »

Mme Harwood a raconté comment la dictature communiste des Khmers rouges, qui a régné au Cambodge de 1975 à 1979 et tué le quart de la population, a tenté de détruire la danse cambodgienne, mais en vain.

« La danse cambodgienne, ils ont tenté de la faire disparaître complètement; une personne a survécu et l’a ramenée. La danse exprime votre culture, elle ne s’en ira jamais. C’est si important pour la danse en tant que culture de perpétuer la tradition de quelqu’un. »

« Si vous pouvez la préserver, c’est fantastique. »

« Et il y a une autre chose sur la danse – elle n’a pas de barrière de langue. Vous pouvez la comprendre quelle que soit votre langue. »

« Ils sont si élégants et ont une bonne pratique. Et c’est très beau de voir la culture chinoise mélangée avec la danse classique chinoise. »

La danse traditionnelle de Mongolie est celle qu’elle a préférée de toutes. Selon elle, « il y a quelque chose de mystérieux dans ce numéro de danse. »

 

Propos receuillis par La Grande Époque