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Zones partagées

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque - Montréal
12.02.2008
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FAMILLES MADE IN USA 

Trois auteures américaines jamais jouées au Québec, trois pièces d’une heure trente chacune montées par trois metteurs en scènes différents. C’est ainsi que le Théâtre de l’Opsis poursuit son cycle états-unien entamé en 2007 par la pièce Under construction. La découverte de nos voisins du Sud s’étend sur un cycle d’une durée de trois ans. Quelle chance que cette aventure se poursuive!

Il est rare de pouvoir assister dans un même théâtre à trois types de représentation sur un même thème, une même vision, mettant en scène de nouveaux auteurs. Dans un décor amovible, chaque espace créé est un souffle pour l’invention dramatique, car l’intérêt principal de l’événement est de connaître de nouveaux auteurs, et ce, par l’intermédiaire bien orchestré du jeu des personnages. Bien que chaque pièce ait son originalité, il est intéressant de constater qu’une même perte de filiation est au sein d’univers clos et en détresse. Pourtant, ces pièces à facture réalistes nous emmènent ailleurs, faisant appel à notre propre imaginaire tout en bousculant les bien-fondés de chacun sur les États-Unis.

Au-delà d’une comparaison rivale, il semblait pertinent de souligner ce que chaque pièce possède comme richesse particulière. Il y a certainement des préférences, mais l’ensemble des trois pièces éclaire une même idée intérieure. C’est dans cette perspective qu’une distinction se pose. Pour leur qualité d’interprétation, leur audace et leur prise de risques, leur accessibilité, ces trois œuvres se complètent indéniablement. À vous maintenant de choisir celle qui initiera le processus d’envoûtement et de prise de conscience.

Anna Bella Eema

Pièce de Lisa D’Amour, mise en scène par Luce Pelletier : trois femmes, toutes aussi étranges que passionnantes et confrontées à défendre un territoire, se partagent une roulotte. Nous assistons à une incantation de sons et de chants, tous porteurs d’une même poésie de la subsistance. L’intérêt principal de la pièce réside dans les multiples transformations épatantes des comédiennes. Louise Cardinal, Pascale Montreuil et France Parent. Tantôt animales, tantôt éléments vivants non identifiables, elles assurent le fond sonore acoustique du récit avec brio, tout en entretenant un rythme et une intensité remarquables. C’est dans la simplicité des objets exploités au maximum de leurs possibilités que le récit découvre une multitude d’allégories. Bien que le propos du texte soit profondément sombre, la vivacité des personnages et l’humour y prennent une place particulière.

Ruines

Cette pièce de Sheila Callaghan mise en scène par Jean Gaudreau se situe dans un vieil appartement où des conflits persistent entre mère et fille. Cette fois-ci, les murs ont des oreilles et même un cœur. Dans une tout autre ambiance, les rêves et la réalité se côtoient dans le trouble familial causé par la mort du père. Des personnages admirablement incarnés par Isabelle Miquelon, sœur, tante et mère de minous; Marie-Chantal Perron, mère, cuistot à la sensibilité exacerbée; Caroline Gendron, adolescente «destroy» et captivante; Jean Petitclerc, star entre un Harrison Ford et un Justin Timberlake; et Philippe Cousineau. Des personnages risibles et touchants, bien mis en valeurs par la première mise en scène de Jean Gaudreau, malgré les passages parfois lents des états d’âme de l’appartement.

Une maison propre

Cette pièce de Sarah Ruhl mise en scène par Martin Faucher se déroule dans une maison de médecins. Blanche… et poussiéreuse, habitée par une femme de ménage à la recherche de la blague parfaite, décidément faite pour autre chose que de récurer. Un parcours s’alternant entre profondes dérives filiales et prises de distances humoristiques. Une Ana rayonnante campée par la talentueuse Patricia Nolin; Denis Roy en Charles harmonieux et fou d’amour; Monique Spaziani admirable, femme de tête en peine d’amour; une Virginia à la répartie impeccable que met en valeur Hélène Mercier; et Mathilda, boîte à surprises prodigieuse pour harmoniser de façon toute personnelle chaque caractère, jouée honorablement par Émilie Bibeau. Des personnages insolites qui rendent extraordinaire chaque situation.

Il est primordial d’insister sur le fait que les univers soient si singulièrement interprétés. C’est comme si chaque acteur avait le même souci de rendre au texte toute sa matière vivante. Il est exceptionnel de pouvoir assister à un travail réellement axé sur le jeu de ses interprètes et c’est pourquoi cette approche nous invite à découvrir les mots de chaque auteure avec une telle curiosité. Un pèlerinage essentiel pour tout spectateur qui se respecte.

 

FAMILLES MADE IN USA

De Lisa D’Amour, Sheila Callaghan et Sarah Rhul

CYCLE ÉTATS-UNIEN-TROIS SPECTACLES EN ALTERNANCE

Traduction Fanny Britt

Mise en scène : Luce Pelletier, Jean Gaudreau et Martin Faucher

Par le Théâtre de L’Opsis

À Espace Libre

Du 6 au 23 Février 2008, aucun jour de relâche

Du mardi au vendredi à 20 h 30

Les samedis et dimanches à 15 h, 18 h et 20 h 30

Les lundis à 18 h et 20 h 30

Billetterie : 514 521- 4191 ou www.espacelibre.qc.ca

www.theatreopsis.org

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