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Finance : plaidoyer pour une éthique

Écrit par Patrick Callewaert, Collaboration spéciale pour La Grande Époque
13.02.2008
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  • (攝影: / 大紀元)

La fraude d’un trader coûte 4,9 milliards d’euros à la Société Générale.

 

Les pertes colossales annoncées ces derniers temps par les opérateurs de marchés financiers, qu’elles soient liées à la crise des crédits hypothécaires subprime aux États-Unis ou à la récente fraude à la Société Générale, mettent en valeur l’importance croissante de l’éthique dans le comportement de chaque acteur, d’un bout à l’autre de la chaîne financière.

 

SUCCESSION DE PERTES RECORD

La perte record de 7 milliards d’euros annoncée par la Société Générale le 24 janvier dernier, dont 4,9 milliards pour cause d’agissements frauduleux d’un trader, et 2 milliards liés à la crise des subprimes a fait l’effet d’une bombe. Cette perte exceptionnelle de la banque française ne fait cependant que s’ajouter aux multiples pertes et dépréciations d’actifs record annoncées depuis l’été 2007: 22,5 milliards de dollars de pertes pour Merrill Lynch, 18,1 milliards de dollars pour Citigroup, 14 milliards de dollars pour UBS, 9,4 milliards de dollars de dépréciations d’actifs pour Morgan Stanley, 3,2 milliards de dollars pour Deutsche Bank, pour ne citer que les plus importantes annoncées à ce jour. Mais la crise n’est pas terminée et de nouvelles alertes sont attendues en 2008.

UNE PERTE GLOBALE EVALUEE ENTRE 250 ET 500 MILLIARDS DE DOLLARS

Les estimations divergent encore sur les pertes totales, mais leur montant est énorme: Chris Flanagan, le directeur États-Unis des Asset Backed Securities du groupe JP Morgan Chase, confirmait le chiffre de 260 milliards de dollars, selon Reuters, ce en regard d’un montant de crédits accordés avoisinant les 1.200 milliards de dollars. À celles-ci, comme le fait remarquer la Deutsche Bank, il faut ajouter environ 150 milliards de dollars de produits financiers dérivés, tels que les CDO (Collaterized Debt Obligations), liés à ces prêts immobiliers à risque. Ainsi, selon les études publiées à ce jour, les pertes globales varient entre 250 et 500 milliards de dollars, soit un ratio de l’ordre de 10 à 20 % du PIB de la France (2.230 milliards de dollars en 2006) ou entre 2 et 4 % du PIB américain (13.185 milliards de dollars en 2006)! Résultat de ce désastre : près de 2 millions de foyers américains expulsés de leur maison, 84 sociétés de crédits hypothécaires en faillite aux États-Unis, des milliers de licenciements dans les banques occidentales, l’irruption des fonds souverains chinois et arabes dans leur capital, et un risque de récession aux États-Unis entraînant l’Europe dans son sillage.

DES RESPONSABILITES EN CHAINE   

À l’instar du PDG de la Société Générale Daniel Bouton, qui n’hésita pas à accuser son trader fraudeur Jérôme Kerviel de « terroriste » le jeudi 24 janvier sur la station radio France-Info, chaque maillon de la chaîne financière peut désigner un bouc émissaire: les emprunteurs américains tout d’abord, qui se sont endettés à outrance pour maintenir leur ‘niveau de vie’; puis les organismes prêteurs, qui ont poussé les gens à emprunter à taux variable sur de très longues périodes sans les informer des risques potentiels en cas de hausse des taux; les banques, qui ont « titrisé » ces crédits hypothécaires risqués afin d’alléger leur bilan; les agences de notation, qui ont surévalué les produits structurés sans vérifier la solvabilité réelle des emprunteurs; les vendeurs, qui ont  « menti » en diffusant ces poules aux œufs d’or à toute la planète financière; les traders, qui ont parié sur des châteaux de sable en jouant à la roulette russe, et dont certains se sont travestis en fraudeurs en tentant de dissimuler leurs pertes; les informaticiens, qui ont conçu des logiciels trop complexes et incapables de gérer les risques de ces « instruments financiers  » ; et enfin, les systèmes de contrôle des banques, qui se révèlent faillibles malgré leur sophistication extrême. Il s’agit bien d’une chaîne de responsables, qui démarre au plus bas de l’échelle par le laxisme au niveau d’emprunteurs sans qualification rêvant d’un logement, et aboutit à de jeunes traders surpayés jouant quotidiennement des milliards de dollars comme s’ils étaient devant leur Game Boy.

NECESSITE D’UN RENFORCEMENT DE L’ETHIQUE FINANCIERE

De toute évidence, chaque acteur a agi à son niveau, par mimétisme avec son entourage ou bien au mieux de ses intérêts propres, pour son bien-être et celui de ses proches, et sans s’imaginer que d’autres pourraient en souffrir un jour. La très grande majorité des acteurs financiers ont agi en respectant les procédures, et avec un comportement éthique respectant les grandes lignes du code de leur entreprise. En fait, personne n’a voulu mal agir, mais combien se sont-ils demandés s’ils agissaient pour le bien des autres ou si leurs décisions risquaient d’avoir des conséquences néfastes pour les autres? Comment, à l’heure de la mondialisation, pouvons-nous encore confondre à ce point l’intérêt général avec la somme des intérêts individuels ou de ceux des entreprises? Ce n’est pas seulement en renforçant les procédures de contrôle interne que les entreprises, et les banques en particulier, pourront éviter qu’une crise de ce genre ne se renouvelle. Le seul remède valable est un vaccin individuel, ou une prise de conscience, afin de renforcer l’éthique dans nos comportements. Chacun, de l’emprunteur au trader, doit apprendre à s’écouter pour anticiper les effets de ses actes quotidiens sur le bien-être de tous, et agir en conséquence. Cette prise de conscience commence à poindre dans la sphère de l’écologie, mais concerne tout autant celle de la finance. C’est un acte de courage, car il faut parfois refuser de faire ce que notre conscience réprouve, au risque de se faire licencier. C’est pourtant la seule solution pour éviter la catastrophe systémique que l’on nous annonce. 

 

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.