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Un parc contre les Amérindiens

Écrit par Icra International
19.02.2008
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La création du parc national de Guyane est en discussion depuis plus d’une décennie. L’organisme de défense des peuples autochtones, l’ICRA, et de nombreuses communautés amérindiennes, qui militaient pour un parc au nord de la Guyane (là où la biodiversité est la plus importante) et surtout pour la création d’un territoire autonome amérindien au sud, n’ont pas été entendus.

Dans ce projet, le parc, situé au sud de la Guyane, est constitué de zones coeur (où l’activité minière est interdite) et de zones de droit d’usage (comprises dans les espaces de libre adhésion du Parc) où la pratique minière, notamment l’orpaillage, sera autorisée avec tous les dangers que représente cette activité (déjà fortement développée) pour les hommes et leur environnement.

Les analyses de mercure effectuées par certains organismes comme l’association Solidarité-Guyane mettent en évidence l’accroissement du niveau d’empoisonnement des populations amérindiennes de Guyane de génération en génération. Ceci confirme les craintes des plus éminents spécialistes mondiaux du mercure qui ont très souvent alerté l’opinion publique sur l’évolution locale vers le syndrome de Minamata qui sera atteint dans deux ou trois générations au rythme actuel. Ainsi, rendre l’orpaillage légal dans ces zones où vivent de nombreuses communautés autochtones s’apparente donc à un «génocide» des peuples premiers résidants dans ces espaces.

Pour les territoires amérindiens en zone coeur

Un certain nombre de chefs coutumiers de villages amérindiens concernés sont favorables au parc, mais refusent toute activité d’orpaillage. Ils n’ont été que partiellement entendus par la mission Parc. Ainsi, dans la commune de Camopi, où les amérindiens ont autorité, une grande partie des terres serait incluse dans le coeur du Parc afin d’être protégée de l’orpaillage, alors que sur la commune de Maripasoula, moins de la moitié des terres serait en zone coeur.

Les populations amérindiennes Wayana et Teko de cette commune redoutent à juste titre un développement accéléré des pratiques minières sur leurs terres.

Par ailleurs, la création du parc rendrait de fait caduc l’arrêté préfectoral de 1970 qui protège le pays indien en interdisant à toute personne de pénétrer sur le territoire amérindien sans autorisation.

Les Amérindiens du Sud verraient ainsi leur acculturation et leur déstructuration sociale s’accélérer avec l’arrivée de nombreux touristes en mal d’exotisme. Une deuxième colonisation de leur espace traditionnel se prépare avec la réduction de leurs prérogatives sur leurs zones de vie, lesquelles sont indispensables à la satisfaction de leurs besoins alimentaires.

De nombreuses communautés, qui son concernées par le parc – comme les Wayana et les Teko des villages du Haut-Maroni et du Tampoc – ont demandé une modification du zonage du futur parc afin de protéger leurs villages de l’activité aurifère qui détruit leur espace de vie. Ainsi, le collectif de défense Tëpëtomak Tamo des Wayana et Emérillons de Guyane a demandé cet automne, notamment au commissaire enquêteur, le rattachement de leur territoire à la zone coeur du parc.

Voici un extrait de leur lettre au commissaire :

«Cette lettre exprime la volonté de la très large majorité de nos familles à mettre notre zone de subsistance traditionnelle sous la protection du coeur du futur Parc national amazonien de Guyane.

Cet espace de subsistance comprend, dès l’amont de la ville de Maripasoula, les bassins versants des rivières Tampok, Waki, Alitani et Maroni. Toute cette zone et sa forêt amazonienne, abritant et nourrissant nos peuples, doit être protégée des nuisances causées, notamment par l’orpaillage et par toute activité dégradant son biotope fragile, afin que nous puissions continuer à y vivre selon nos traditions.

À cette fin, les dispositions constitutives du coeur du futur Parc amazonien de Guyane garantissent nos droits d’usage traditionnel de la forêt et sa protection totale de toute ingérence destructrice. […]

Nous demandons que nos territoires soient placés en zone coeur du parc afin qu’il nous soit assuré d’une perspective d’avenir à vivre, comme des Amérindiens, dans la forêt de Guyane. Une vie sans orpaillage et sans violence.»

 

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