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Une opération commerciale ou un projet citoyen?

Écrit par Patrice-Hans Perrier, La Grande Époque-Montréal
24.02.2008
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  • (攝影: / 大紀元)

La piétonisation de la rue Sainte-Catherine, dans le village gai, avance à grands pas

L’arrondissement Ville-Marie met en branle un projet de piétonisation d’un tronçon de la rue Sainte-Catherine, en plein cœur du village gai. Si plusieurs intervenants accueillent le projet à bras ouvert, les résidants des rues limitrophes se questionnent. Est-ce une opération de verdissement de la ville ou simplement un coup de théâtre commercial?

Dans son plan stratégique de développement durable, l’administration Tremblay-Zampino préconise l’implantation des quartiers verts et de mettre en place des mesures d’apaisement de la circulation. On y prône, notamment, une réduction de la circulation automobile et la mise en place de mesures favorisant les transports actifs. Il va s’en dire que les piétons seront appelés à se réapproprier les anciens quartiers de la ville «classique».

Mais on constate que le centre-ville est toujours engorgé de voitures, ce qui n’aide pas à améliorer le bilan environnemental de la métropole. Toutefois, l’arrondissement Ville-Marie vient de prendre la courageuse décision de réduire la circulation automobile sur une de ses artères commerciales de premier plan. L’été 2008 pourrait donc être le théâtre d’un projet pilote qui risque fort de faire parler de lui.

Une opération citoyenne ou commerciale

Jeudi dernier, le 21 février, les citoyens avaient été invités à participer à une séance d’information à propos de ce fameux projet de piétonisation durant la période estivale de la rue Sainte-Catherine Est, entre les rues Saint-Hubert et Papineau. Le projet, concocté par l’arrondissement de Ville-Marie et la Société de développement commercial (SDC) du village, n’a pas eu l’air de plaire à une majorité de résidants présents sur place à la salle du conseil de l’arrondissement. Si plusieurs reconnaissent le bien-fondé du projet, plusieurs s’inquiètent des effets négatifs qu’il pourrait générer sur la quiétude des rues adjacentes.

Les promoteurs du projet – le maire d’arrondissement, Benoît Labonté, en fait partie – désirent que le tronçon désigné soit fermé à la circulation automobile entre le 21 juin et le 3 septembre prochain. Chemin faisant, les commerçants s’engageraient à organiser des activités de nature culturelle, à verdir l’artère et à signer un contrat avec la SDC du village à l’effet de respecter la quiétude des résidants durant une saison estivale qui s’annonce haute en couleur.

Le directeur général de la SDC du village, Bernard Plante, assure que l’expérience de fermer la rue pendant les Outgames de 2006 fut concluante, alors que les badauds auraient pris goût à cette nouvelle vocation d’une artère qui accueille son lot de véhicules pétaradants à l’accoutumée. M. Plante aura profité de cette séance d’information pour affirmer que les commerçants du village feront leur possible afin d’investir dans le design au niveau des terrasses et du mobilier urbain appelé à être déployé. Il tenait aussi à assurer la population voisine que la ligne d’autobus 15, qui longe l’artère, sera relocalisée sur le boulevard René-Lévesque pour la durée du projet. Il estime que son organisme souhaite profiter de cette opération de piétonisation pour faire en sorte que les citoyens s’y sentent comme chez eux. Et c’est ici que le bât blesse de l’avis de nombreux citoyens qui s’étaient déplacés afin d’exprimer leur vision des choses.

Faire la fête au détriment de la vie de quartier?

Loin de s’opposer aux initiatives de la communauté gaie, plusieurs citoyens qui demeurent dans les parages craignent une recrudescence des activités illicites à leur porte, des allées et venues tard la nuit et une congestion de la circulation automobile dans les rues transversales. Une citoyenne, ayant acquis un condominium en 1997, n’arrive plus à garer sa voiture devant sa propriété, alors que les visiteurs du quartier vont jusqu’à utiliser les espaces à vignette réservés pour les résidants. Elle craint que la fermeture de la rue Sainte-Catherine pendant 75 jours aggrave davantage la situation.

Une autre résidante, Denise Rivard, habite le secteur depuis 1971 et craint que la circulation ne devienne problématique, alors que le trafic automobile détourné risquerait fort de congestionner d’autres artères secondaires, à l’instar de la rue Ontario. Ayant été prévenue à la dernière minute, elle estime que cette soirée d’information aura pratiquement placée la population devant un fait accompli. Ginette Galant, une autre résidante qui a établi ses pénates dans le secteur en 1992, craint de devoir faire face à des barrages de contrôle et de devoir faire des détours lorsqu’elle revient du marché en passant par la nouvelle rue piétonnière. Elle estime aussi que les voitures de taxi pourraient s’agglutiner dans le secteur, dans une perspective de gains anticipés.

Toujours est-il que la majorité des citoyens semble accueillir la nouvelle du projet de façon plutôt positive, en y mettant des bémols. Un des conseillers de l’arrondissement, Sammy Forcillo, un résidant qui a passé toute sa vie dans le secteur, s’inquiète des effets secondaires du projet, sans pour autant s’y opposer de façon formelle. Il tient à souligner que cet effort de piétonisation pourrait constituer un changement permanent et que, conséquemment, la population devrait être consultée de façon un peu plus approfondie.

Rejoint au téléphone, il nous a rappelé que les livraisons commerciales se font directement sur la rue Sainte-Catherine, comme il n’y a pas de ruelles de part et d’autre, et que les camions risquent de se retrouver nez à nez avec les voitures des résidants dans les petites rues transversales au petit matin… Par ailleurs, il craint aussi un débordement de la circulation de transit vers les rues résidentielles. Il préconise des études d’impact, une meilleure consultation auprès de la population et un plan d’ensemble qui tiendrait compte des effets de la fermeture de ce tronçon. Finalement, comme le village s’est acquis une réputation internationale, le conseiller municipal craint une trop grande affluence de touristes venant faire la fête durant les jours de canicule. Fermer la rue aux automobiles, oui, mais pour qui?

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