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Battantes

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque Montréal
24.02.2008
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  • (攝影: / 大紀元)

Sur les traces de Jeanne d’Arc, en ce qu’elle évoque comme force féminine, une transmission de valeurs est échangée par trois femmes appartenant à l’histoire et une autre à l’intime. Suite à l’écriture de sa pièce lors d’un séjour de six mois au studio du Conseil des arts à Rome, Brigitte Poupart porte magnifiquement trois chapeaux: auteure, metteure en scène et comédienne.

Le texte est présenté sous diverses formes afin de soutenir un propos peu évident : celui de rendre la mémoire des femmes qui ont eu la force de renverser l’ordre des choses. Une part est donc accordée à la création littéraire de Brigitte Poupart. D’autres fragments textuels viennent se greffer à cette trame : des passages autobiographiques de George Sand, les correspondances de Louise Michel suite à sa déportation en Nouvelle-Calédonie, ainsi que divers extraits du livre Ingrid ma fille, mon amour de Yolanda Pulecio, réunissant les messages envoyés de l’auteure à sa fille, Ingrid Bétancourt, tous les matins à la radio depuis 2003. C’est donc à travers ces récits que la pièce donne à voir les figures emblématiques de femmes se ralliant à Jeanne d’Arc par l’abnégation et la conviction persistante d’un idéal. Le défi est remporté, ces femmes ne se posent pas en victimes ou en saintes sur scène, mais bien comme défendant des idées, comme des battantes.

La grande récompense du spectateur ne peut que se retrouver dans la richesse des textes. Un dosage pointu entre les univers et un partage bien orchestré entre les monologues et les dialogues. Le reste est, au demeurant, très épuré et semble plutôt accompagner le discours qu’en enrichir la densité. Le geste est si bien amené par le texte, et l’hommage si touchant, que cela ne pose pas nécessairement de longueur, mais organise la représentation des autres médiums dans une sphère plus restreinte. Les environnements visuels et sonores sont de grande qualité, mais ne trouvent pas la possibilité de respirer dans leur cohabitation avec le texte, même problème avec les extraits de scène chorégraphiés par Dave St-Pierre. Elles donnent un souffle de liberté à l’ensemble mais malheureusement très brièvement.

Le travail des comédiennes est remarquable et imbibe les personnages qu’elles incarnent. Les passages transmis par la grand-maman (Monique Mercure) à sa petite-fille s’inscrivent avec incandescence aux figures mythiques. Jeanne d’Arc (Brigitte Poupart), musculaire et portée par le souffle de la détermination, est admirable. Louise Michel (Enrica Boucher) rend sa substance à ce qu’elle défend avec une douce mais ferme volonté. George Sand (Betty Bonifassi) envoûte par sa voix chaude et rauque et, sans avoir à remuer mer et monde, rend tout un univers palpable de son petit coin de scène. Nous aurions aimé en voir davantage, car les qualités émergent et le sujet capte l’intérêt.

Peut-être, avec beaucoup de chance, aurons-nous la possibilité d’assister à une suite de pièces sur les figures féminines dont on doit se souvenir. Une noble cause est défendue ici : la réelle valeur des femmes dans l’histoire. Dans cette pièce, Jeanne d’Arc n’est pas réactionnaire et ramenée à la foi religieuse et au nationalisme. Elle représente la dévotion pour le sens de l’humain, la bravoure et le dévouement, trois valeurs fondamentales qui ressurgissent dans les grandes figures féminines historiques. Une belle leçon à retenir. 

 

UN JOUR OU L’AUTRE

Création : Brigitte Poupart

Chorégraphies : Dave St-Pierre

Production Transtheatre

Avec : Monique Mercure, Betty Bonifassi, Enrica Boucher et Brigitte Poupart

Du 19 février au 8 mars 2008

À l’Espace GO

Réservations : 514 845-4890

 

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