«Olympiques du génocide»: l’actrice Uma Thurman s’en mêle

Écrit par Shar Adams, La Grande Époque – Brisbane
28.02.2008
  • L’actrice américaine Uma Thurman(Staff: Chris Jackson / 2007 Getty Images)

L’actrice américaine Uma Thurman est la plus récente célébrité à s’être prononcée au sujet de la situation des droits de l’Homme en Chine avant les Jeux olympiques de Pékin.

Se référant à la récente décision de Steven Spielberg de démissionner de son poste de consultant artistique de la cérémonie d’ouverture des Jeux, en raison de la relation que la Chine entretient avec le Soudan, Uma Thurman a déclaré que le réalisateur américain aurait pu ajouter quelques autres sujets à sa liste de préoccupations.

«Malgré qu’il y ait tellement de bonnes choses en Chine et chez le peuple chinois, le dossier des droits de l’Homme du gouvernement chinois est épouvantable. Je crois que Steven Spielberg aurait pu écrire une plus longue liste. Steven, je t’en prie, dépense un peu plus d’encre là-dessus.»

Uma Thurman est la fille de Robert Thurman, un spécialiste du bouddhisme tibétain et le premier américain à avoir été ordonné moine dans cette religion. Elle est particulièrement préoccupée par le sort des bouddhistes tibétains en Chine, mais elle souligne qu’il y a plusieurs autres problèmes de droits de l’Homme.

«Je ne blague pas, a-t-elle confié à la BBC, le dossier des droits de l’Homme en Chine est horrible, et il y a des gens merveilleux et attentionnés au sein de la communauté chinoise qui ne sont pas contents du dossier du gouvernement et de certains de ses choix et comportements.»

Selon les affirmations de Steven Spielberg, la situation au Darfour se détériorait rapidement et sa conscience ne lui permettrait plus de poursuivre «comme si de rien n’était».

«À ce point, mon temps et énergie doivent être consacrés, non pas à des cérémonies olympiques, mais à aider dans la mesure du possible à mettre fin aux indescriptibles crimes contre l’humanité qui sont commis au Darfour», a-t-il laissé entendre dans une déclaration.

Uma Thurman et Steven Spielberg se sont joints à une liste grandissante de célébrités et de personnalités politiques qui expriment leurs inquiétudes au sujet des violations des droits de l’Homme perpétrées continuellement en Chine.

Plus tôt ce mois-ci, le prince Charles a annoncé qu’il n’assisterait pas aux Jeux de Pékin. «Comme vous le savez, son Altesse royale cultive depuis longtemps un grand intérêt pour le Tibet et il s’est en effet réjoui de pouvoir rencontrer le Dalaï-lama à plusieurs occasions», indique une lettre de Clive Alderton, vice-secrétaire du prince, adressée à l’organisation Free Tibet Campaign.

En août dernier, le Relais mondial de la flamme des droits de l’Homme a débuté à Athènes pour dénoncer la répression religieuse en Chine, particulièrement la persécution contre les pratiquants de la méthode Falun Gong.

Le Relais a déjà traversé des villes d’Europe, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, d’Afrique et d’Asie, amenant des gens de tout horizon à affirmer que «Olympiques» et «crimes contre l’humanité» ne peuvent coexister.

La flamme des droits de l’Homme sera à Montréal au mois de mai.

Plus tôt ce mois-ci, un groupe de Prix Nobel de la paix, de politiciens, d’athlètes olympiques et d’artistes ont envoyé une lettre ouverte au dirigeant chinois lui demandant d’arrêter de soutenir le Soudan.

L’organisation de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch, a accueilli positivement les préoccupations des célébrités pour le Darfour, mais elle a averti qu’à moins que les violations des droits de l’Homme en Chine même ne soient directement abordées, il y aura peu de bons résultats.

«La répression en Chine s’accentue et les commanditaires olympiques, les gouvernements ou les dirigeants mondiaux – particulièrement ceux qui comptent assister aux Jeux – ne peuvent prétendre le contraire», a déclaré Minkey Worden, directeur média chez Human Rights Watch. «Ces joueurs influents devraient être préparés à démontrer les efforts qu’ils entreprennent pour aborder la détérioration de la situation des droits en Chine, sinon ils risquent d’être ternis par une débâcle des droits de l’Homme.»

L’année dernière, un groupe de 57 avocats, spécialistes, membres du corps universitaire, éditeurs, écrivains et militants des droits civils en Chine se sont joints à des milliers de paysans chinois en signant une pétition déclarant : «Nous voulons les droits de l’Homme, pas les Olympiques».

Le groupe de dissidents a signé une lettre ouverte condamnant l’arrestation du militant des droits de l’Homme Hu Jia et a exhorté le gouvernement à améliorer la situation des droits de l’Homme durant l’année olympique.

Depuis, Hu Jia demeure incarcéré, et ils sont de plus en plus nombreux à le rejoindre en prison.

«Hormis le Comité international olympique, personne ne semble croire à un geste convaincant des autorités chinoises dans le domaine des droits de l’Homme avant la cérémonie d’ouverture. Chaque journaliste ou blogueur libéré est immédiatement remplacé par un autre. […] Il est à parier que les dissidents chinois ne seront pas à la fête, eux, pendant l’été», écrit dans son Rapport 2008 l’organisation Reporters sans frontières.

Le Parti communiste chinois demeure effrayé de quoi que ce soit qui pourrait ternir son image durant les Olympiques.

«Nous croyons que toute question politique qui n’a rien à voir avec les Olympiques ne devrait pas être liée aux Jeux de Pékin», a déclaré Liu Jingmin, vice-président exécutif du comité organisateur des Jeux, selon Reuters.

«Je crois que la préparation des Olympiques a grandement amélioré le développement des droits de l’Homme en Chine», a-t-il ajouté.

On peut se demander ce qu’en pensent les milliers de gens innocents croupissant dans les camps de travail et centres de détention éparpillés à travers le pays.