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Le manchot royal, baromètre des variations climatiques

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque - Paris
29.02.2008
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  • Un manchot(STF: MARCEL MOCHET / ImageForum)

Le manchot royal est paraît-il un bon informateur des changements climatiques, d’après le rapport d’une équipe scientifique, faite par le CNRS, en collaboration avec l’Institut polaire français Paul-Émile Victor, qui a suivi cette espèce durant une dizaine d’années. Ils ont observé que le manchot royal réagissait fortement à l’environnement.

Une élévation même légère de la température de l’eau devient une menace de la chaîne alimentaire pour ces oiseaux marins. Céline Le Bohec de l’université d’Oslo et ses collègues en ont fait le constat et confiés à l’AFP que « les épisodes de chaleur affectent négativement à la fois le succès de l’incubation et la survie des oiseaux marins adultes ». En effet dès que la surface de l’eau se réchauffe le poisson disparaît de la zone, il se fait rare.

LORSQUE LE MÂLE COUVE LES ŒUFS….

L’expérience s’est déroulée sur l’île de la Possession au sud de l’Océan Indien et ce sont 450 manchots royaux qui ont été suivis et étiquetés à l’aide d’une puce électronique introduite sous la peau. C’est au large de l’archipel de Crozet que se reproduisent les deux-tiers des manchots royaux que compte l’espèce.

Monsieur Le Maho explique à l’AFP que « la zone où ils s’alimentent en été, lorsque le manchot royal se nourrit exclusivement de poisson lanterne, est en moyenne à 400 kilomètres au sud de Crozet. Mais selon l’effet du courant chaud El Nino, la distance peut varier entre 300 et 600 kilomètres ». C’est pourquoi lorsque le mâle couve les œufs durant la dernière phase de l’incubation, la femelle devra effectuer, été comme hiver, des allers et retours entre la colonie et la mer, et mettra bien souvent trop de temps pour revenir avec de la nourriture. La survie du poussin sera donc mise en péril.

Le mâle ne peut nourrir le petit qu’une dizaine de jours après l’éclosion. Les chercheurs du CEPE ont découvert il y a quelques années que le mâle du manchot royal revient avec de la nourriture dans son estomac (lorsqu’il retourne à la colonie pour assurer la dernière période de l’incubation, soit 2 à 3 semaines). Il est capable de conserver les aliments dans son estomac sans les digérer pendant cette période, jeûnant et vivant sur ses réserves corporelles.

AVEC 0,26 °C EN PLUS, LES POUSSINS SONT EN DANGER…

Selon Monsieur Le Maho, « en hiver, le manchot royal va s’alimenter dans des zones qui s’étendent 2.000 kilomètres plus au sud, dans la limite nord des glaces, où on ne sait pas exactement ce qu’il mange.

Cependant, on sait que le krill (un petit crustacé), qui constitue la base de la chaîne trophique (alimentaire) dans cette région, est sensible à des variations de dizièmes de degrés ». Les chances de survie des plus jeunes sont réduites, mais ceux qui bénéficieront de nourriture régulière pourront entreprendre ce long voyage alimentaire dès le mois de mai. Les relevés de température effectués dans la zone d’hivernage (à 56 °C de latitude sud) montrent qu’un lien existe entre les variations climatiques et la pérennité de l’espèce, observés chez les manchots royaux. L’élévation des quelque 0,26 °C de la température de l’océan amoindrit ses chances de 9 %. Les manchots se nourrissent de poissons et d’encornets sur les rives nord de l’Antarctique, et leurs réserves de nourritures s’amoindrissent.

Le Giec (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) prévoit une progression des températures de 0,2 °C par décennie, le réchauffement de l’océan Austral constitue une menace pour le manchot royal. Parviendra-t-il à s’adapter? survivra-t-il? Devra-t-il immigrer? «La dynamique de leurs populations est le reflet de l’évolution des ressources marines», ajoute le communiqué du CNRS.

 

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