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Entrevue avec les trois belles de Borderline

Écrit par Olivier Chartrand, La Grande Époque - Montréal
04.02.2008
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  • Isabelle Blais (gauche), Lyne Charlebois (centre) et Marie-Sissi Labrèche (droite)(攝影: / 大紀元)

Borderline, le premier long-métrage de Lyne Charlebois (Nos étés et Tabou), d’après les romans d’autofiction de Marie-Sissi Labrèche, et mettant en vedette Isabelle Blais, sera en salle vendredi prochain, le 8 février.

Le film fait une incursion dans la vie de Kiki Labrèche qui, à l’aube de ses 30 ans, tente de comprendre son incapacité à entretenir une relation affective stable. Elle devra faire la paix avec son enfance au cours de laquelle elle a vécu avec sa mère atteinte de maladie mentale.

Pour l’occasion, La Grande Époque a rencontré l’auteure, la réalisatrice et la comédienne.

LGÉ : Comment réagissez-vous face au fait que votre vie est exposée au grand public?

Marie-Sissi Labrèche : Je suis terrorisée! Quand j’ai commencé à écrire, je faisais de l’autofiction [style littéraire à mi-chemin entre l’autobiographie et la fiction]. Je m’utilisais comme personnage et je me faisais vivre toutes sortes d’affaires. Je ne pensais pas qu’un jour ça allait se retrouver au cinéma!

Mais, il faut dire que là-dedans, oui, il y a du moi et, oui, il y a du «pas moi». Les coquerelles sont vraies, ça j’ai connu ça de près. La mère qui va chercher sa fille à l’école en robe de chambre, oui, je l’ai connue. Kiki dans le film parle à sa mère et lui dit des choses b’en heavy, mais j’ai jamais parlé comme ça à ma mère. C’était seulement la partie de moi qui en avait contre la maladie mentale qui parle [dans le film]. C’est vraiment à la maladie que je parle, c’est pas à ma mère. Ma mère, oui, elle a été internée, mais maintenant elle est correcte, elle a une vie normale. Elle est super gentille, elle donnerait tout à tout le monde.

Dans le film, il y a aussi des choses qui sortent totalement de l’imaginaire de Lyne. Il y a des bouts que l’on a pris dans ma vie, qui ne sont pas dans mes livres. Isabelle se gruge les ongles, elle bouge tout le temps : ça, c’est moi. En fait, c’est un melting pot, c’est un produit hybride.

LGÉ : Dans le film, qu’est-ce qui pousse Kiki à avoir un comportement aussi destructeur et un rapport déséquilibré avec les hommes?

Marie-Sissi Labrèche : Ça remonte à l’enfance. Au début, le film ne devait être que Labrèche, mon deuxième livre qui est l’histoire avec son prof de littérature, mais on a décidé d’intégrer Borderline [premier roman de l’auteure] parce que ça permettait d’expliquer d’où vient le problème. Elle a un trouble de la personnalité, appelé «borderline». Le borderline, c’est une peur exagérée du rejet. Quand elle était petite, elle s’est construite avec des miettes d’affection. Sa mère et sa grand-mère étaient dans une bulle de folie, donc il n’y avait pas de place pour elle.

Alors, plus tard, elle a l’enfance coincée dans la gorge comme un chip avalé de travers. Elle est encore dans les miettes affectives. Elle ne sait pas c’est quoi de manger un gâteau au chocolat. C’est pour ça que le personnage de Michael arrive, on en fait un pâtissier, normalement c’est un publicitaire, justement pour la métaphore du gâteau. Il peut lui en faire du gâteau, il peut lui en donner.

LGÉ : Malgré votre grande expérience en réalisation, c’était quand même un gros pari de prendre deux livres et de les transposer au cinéma pour votre premier long-métrage…

Lyne Charlebois : Ce qui est extraordinaire, c’est que je l’écrivais avec l’auteure qui est Marie [...], et que Marie [...] était complètement ouverte à faire quelque chose d’éclaté. Et puis grâce à son ouverture, grâce à sa générosité et à sa spontanéité, on a fait vraiment une oeuvre en soi. Il y a des choses qui se retrouvent dans le film, qui ne sont pas dans le livre. Je pense qu’elle était très au courant qu’un livre, c’est un livre, et qu’un film, c’est un film. Elle ne voulait pas qu’on fasse un film trop littéraire. Donc, ça s’est super bien passé, on veut écrire ensemble encore.

LGÉ : Dans Borderline, il y a beaucoup de femmes, autant au niveau de l’écriture que de la réalisation et du jeu, les rôles sont tenus par des femmes. Est-ce que ce film peut aussi toucher les hommes?

Lyne Charlebois : Ah! C’est mon plus grand désir! Je ne veux pas faire un film de femmes. Si c’est juste des femmes qui «trippent» sur mon film, c’est juste une demi-réussite. Des gens qui l’ont vu sont venus me dire que le film touche parce que c’est le problème de l’amour de soi-même dont il s’agit.

LGÉ : On entend souvent dire de la bouche des comédiens qu’il faut puiser en soi pour bien jouer un personnage. Quelles sont les similarités entre vous et le personnage de Kiki?

Isabelle Blais : Il y a des choses qui m’interpellaient et me rejoignaient. Kiki est un personnage qui a vraiment une rage de vivre et elle ne se «victimise» pas, c’est une combattante. J’ai horreur de l’apitoiement et de la complaisance dans le malheur, je n’aime vraiment pas ça. J’essaie dans ma vie d’avoir une vision optimiste des choses, de trouver des solutions et de ne pas rester là à me plaindre.

LGÉ : Qu’est-ce que ça faisait de pouvoir vous inspirer directement du personnage de Marie-Sissi?

Isabelle Blais : C’est un honneur, c’est une grande chance d’avoir l’auteure qui est là, qui est vivante et qui évolue sous mes yeux. On s’est vues à quatre ou cinq reprises. Moi, je l’observais beaucoup, mais j’ai vite compris que je ne devais pas essayer de l’imiter. Alors, j’ai essayé de prendre l’essence de ce qu’elle était et de me l’approprier avec mes références à moi.

C’est aussi une pression de plus, parce que je savais qu’elle allait voir le film. Je voulais qu’elle soit contente, je voulais qu’elle se reconnaisse dans ce que je fais. Je me disais que si je voyais dans ses yeux qu’elle était déçue… j’avais peur de ça. Mais, je suis contente parce que je pense qu’elle ne s’attendait pas à quelque chose comme ça.

LGÉ : Vous avez joué dans le passé des personnages difficiles à interpréter comme dans le film Moïse : L’Affaire Roch Thériault. Quels étaient les défis pour le personnage de Kiki?

Isabelle Blais : Le défi, c’était d’aborder des émotions qui ne sont pas agréables comme la colère, l’angoisse, l’incompréhension ou la violence, le défi de la panoplie de ces émotions. Mais aussi les scènes de nudité, parce que je suis quand même quelqu’un d’assez pudique. Oui, c’est assez étrange à dire.

C’est vraiment parce que je trouvais que ces scènes-là étaient vraiment indispensables pour permettre de comprendre le personnage, quels sont ses patterns, comment elle agit dans ses relations, dans sa manière de trouver l’amour.

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