Projet d’avenir

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque Montréal
11.03.2008

  • (攝影: / 大紀元)

Dans un décor pour le moins voyant, nous assistons au déploiement énergétique d’un directeur de studio de télévision et son équipe dont la lourde tâche est de divertir grossièrement le peuple. Une projection pour le moins pessimiste, mais fort lucide de ce que seraient les médias de communication en 2033, si la tendance se maintient.

À noter tout d’abord le jeu condensé de Christine Beaulieu, Mathieu Gosselin, et Renaud Lacelle-Bourdon en dignes et dingues représentants du studio de télévision Deluxe corp. C’est une véritable course à laquelle semble se prêter les trois comparses, enchaînant les communiqués de tous genres afin de distraire, tout en promouvant les produits les plus insipides, signés Deluxe. Il est tout de suite clair que le boulot est pénible et loin de ce que ces personnages recèlent d’humanité, hors d’ondes. C’est dans ce contraste que les personnages évoluent de façon inattendue. Les comédiens exploitent à merveille cette charnière et livrent une performance décalée et fort rigolote.

Nul n’est grand besoin de créer de dures ramifications entre les différents modèles d’expression. Le schéma est clair : il n’est pas possible de transmettre de messages pertinents par l’intermédiaire du plateau… encore moins subtils. Tout est poussé à l’extrême sans que rien ne soit dit. La dose est suffisante pour guérir le spectateur de la télé-poubelle. C’est ahurissant de voir le travail acharné du protagoniste Robert, directeur régional du secteur New France Deluxe corp. Il arrive à pousser l’abnégation de lui-même très loin pour ce boulot sordide. Toutes les cruautés et les bassesses sont permises aussi longtemps que la structure se maintient.

Le concept fonctionne, sans l’ombre d’un doute et son écriture incisive donne un rythme admirable à la pièce. Cette dénonciation, bien qu’ayant été exploitée à maintes reprises, arrive à atteindre l’auditoire en exacerbant les clichés visuels. Il nous est possible d’en imaginer toute la dimension projetée aux téléspectateurs et tout le ridicule auquel se prêtent les animateurs, dans le vide de leur espace «vert». C’est une belle trouvaille rappelant un monde révolu où il n’y a, dès lors, que le gris qui règne. Le soleil s’est enfui depuis l’engloutissement des ressources naturelles par l’homme.

Cette pièce est de celles qui dénoncent la médiocrité télévisuelle. Comme la télé est l’une des premières à offrir des conditions financières avantageuses pour les artistes, il est très courageux d’en identifier les carences. Définitivement, Sébastien Dodge, comédien, auteur et metteur en scène, n’a pas froid aux yeux et défend ses convictions envers et contre tous. Un acte de

 

SUPRÊME DELUXE

Texte et mise en scène : Sébastien Dodge

Production : Théâtre de la Pacotille

Du 27 février au 15 mars 2008

À l’Espace Geordie

4001, rue Berri

Réservation : 514 840-9379

www.lapacotille.com

bravoure audacieux.