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Expérience enrichissante au Guatemala

Écrit par Marijo Gauthier-Bérubé, Collaboration Spéciale
12.03.2008
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Une découverte d'un nouveau monde 

  • costume traditionnel(攝影: / 大紀元)

Le 4 janvier 2008, le grand jour est enfin arrivé. Après un an et demi de préparation, nous sommes prêts à monter dans l’avion pour finalement vivre pleinement notre projet. Finies la neige et la grisaille, pendant trois semaines nous allons vivre au soleil dans deux communautés autochtones du Guatemala : le village de Santa Lucia Utatlan et le village de Santa Catarina Ixtahuacan.

    

Après avoir passé deux jours à Antigua, question de nous habituer, nous avons pris le chemin des villages éloignés des centres urbains. À Santa Lucia Utatlan, nous avons dit au revoir à la moitié du groupe qui allait rester dans ce village durant deux semaines alors que l’autre moitié, dont je faisais partie, se dirigeait à 3000 mètres dans les montagnes vers le village de Santa Catarina Ixtahuacan.

    

Pour être honnête, lorsque j’ai vu le village, pour un bref moment, je me suis dit : «Qu’est-ce que je fais ici!?». Mais heureusement, j’ai rapidement changé d’opinion. Tout me plaisait, de l’homme qui vendait son fromage, le matin, à 5 h 30, jusqu’aux poulets qui picoraient dans ma cour. Durant tout mon séjour, je me levais le matin à la même heure que ma «mère»1, nous allions parfois au moulin faire moudre le maïs, puis je l’aidais à préparer les tortillas pour la journée, un exercice plutôt difficile et ardu. Puis, la journée commençait.

Les premiers jours, mes deux jeunes «frères», Brandly et Elvis, allaient jouer un peu partout dans le village et ne réapparaissaient qu’aux heures des repas. Pendant ce temps, Jhonatan, mon «frère» aîné de quatorze ans, partait couper du bois avec son père. Ma «mère», Manuela, restait à la maison, faisait du ménage, papotait avec ses sœurs ou ses voisines et tissait. Pendant ce temps, je participais aux activités organisées par les comités des autres élèves comme le bricolage avec les enfants, la peinture d’une école, les parties de soccer, etc.

    

Une semaine après mon arrivée, j’ai dû faire mes adieux à Jhonatan et à Marvin, son oncle de quinze ans, eux qui m’ont beaucoup aidé à m’intégrer à mon nouveau milieu. Tous deux partaient étudier à Guatemala Ciudad (la capitale) chez les religieux pour un an complet sans voir leur famille. À quatorze et quinze ans, ils devaient partir de leur maison pour poursuivre leur éducation et avoir la chance de trouver un emploi. J’ai eu un pincement au cœur en pensant qu’à peine sortis de l’enfance, ils devaient apprendre à vivre en adulte. Et je me suis sincèrement demandé si j’aurais été capable, à leur âge, de quitter ma famille pour un an…cela porte à réfléchir sur les différences qu’il y a entre nous, pays occidentaux et le reste du monde.

Puis, l’école a recommencé et les enfants y sont retournés. Chaque matin, ils partaient avec leur sac à dos et, chaque matin, Elvis pleurait car il ne voulait pas aller à l’école…j’ai presque eu l’impression d’être de retour chez moi…à croire que ces choses-là sont universelles! Le soir, après avoir préparé le souper, nous nous installions autour du feu et j’ai eu la chance d’avoir des conversations incroyables avec ma famille d’accueil. Nous avons parlé de la politique et des dernières élections présidentielles au Guatemala. En effet, le nouveau président, Alvaro Colom, entrait en fonction au moment de notre voyage. Nous avons même abordé le sujet de la guerre civile terminée depuis 1996 seulement. J’ai entendu des témoignages tristes et émouvants qu’aucun livre ne pourra égaler. Aucun texte ne pourra jamais rendre compte des souvenirs douloureux que j’ai vu, enfouis dans les yeux de ma «mère» lorsqu’elle me racontait les moments où sa famille devait se sauver durant plusieurs jours pour échapper à l’armée qui recherchait son père.

Le 22 janvier, ce sont les adieux. Nous reprenons l’autobus pour redescendre à Antigua et prendre l’avion le matin du 24 janvier. Je m’étais promis de ne pas pleurer, mais comment rester insensible lorsque l’on quitte pour toujours ceux qui nous ont si bien accueillis et que l’on a considérés comme les siens? Restera gravé dans ma mémoire l’instant où ma «mère» m’a dit, les larmes aux yeux, qu’elle avait le cœur brisé de perdre sa fille unique. Je me suis sentie fondre en l’entendant et c’est sincèrement avec l’âme en peine que j’ai remis les pieds dans l’autobus. Ce même autobus qui nous avait déposés deux semaines plus tôt, prenait à son bord maintenant d’autres jeunes. Seulement trois semaines et cela suffit pour voir qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas tout à fait rond dans notre monde. Comment ces personnes qui possèdent pourtant beaucoup moins que nous, arrivent-elles à être plus heureuses que nous?

Cela fait maintenant plus d’un mois que je suis revenue, bien sûr, j’aurais pu écrire cet article en descendant de l’avion, mettre immédiatement sur papier tout ce que je venais de vivre en trois semaines. J’aurais aussi pu attendre une semaine et écrire, la tête un peu plus reposée mais là, vous auriez probablement lu un article vous racontant à quel point je trouvais notre société laide, stressée, rapide et consommatrice en comparaison du petit village où j’ai vécu. J’ai préféré attendre, me remettre de mon choc culturel. Un voyage comme celui-là, si intense, qui nous permet de côtoyer des gens simples et vrais, même s’il n’a duré que trois semaines, nous force à remettre en question certaines de nos valeurs. À nous maintenant de décider de nos priorités. En se questionnant sur notre propre façon de vivre, sur nos propres choix, nous pouvons certainement aider notre monde, un petit pas à la fois.

1.    Dans le texte, les termes «mère», «frères» sont employés pour désigner les membres de la famille d’accueil.

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