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Vers la fin du monopole de l’agence chinoise d’information «Chine Nouvelle - Xinhua»?

Écrit par Hanna L. Szmytko, La Grande Époque - Paris
14.03.2008
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  • Le logo de l'agence xinhua(Staff: MIKE CLARKE / 2008 AFP)

 

 

La concurrence déloyale de Xinhua est dénoncée devant l’OMC comme étant contraire aux règles de la libre concurrence. Depuis les années 1980, l’information financière est devenue le « nerf de la guerre » de toute activité économique ou financière. Les restrictions imposées par la Chine aux agences étrangères d’information financière, sont aujourd’hui dénoncées par l’Union européenne et les États-Unis. Ces derniers ont déposé le lundi 3 mars 2008 une plainte devant l’Organisation Mondiale du Commerce contre la Chine pour concurrence déloyale de Pékin dans la diffusion d’informations financières.

 

UN MARCHÉ EN FORTE CROISSANCE DOMINÉ PAR BLOOMBERG ET THOMSON-REUTERS

Le marché mondial de l’information financière (hors notation), qui représente un chiffre d’affaires de 12,5 milliards de dollars, est en croissance continue depuis près de 20 ans et dominé par deux agences nord-américaine et britannique. Le leader de ce marché très juteux est l’agence américaine Bloomberg, avec 33 % de parts de marché et un chiffre d’affaires de 4,7 milliards de dollars. Elle fut fondée en 1981 par l’actuel maire de New York Michael Bloomberg, et emploie actuellement 10.000 personnes au travers d’un réseau de 126 bureaux dans le monde. Son concurrent direct, avec une part de marché équivalente, un chiffre d’affaires de 12 milliards de dollars et 49.000 employés dans le monde, est le canado-britannique Thomson-Reuters, issu de l’acquisition récente du n°3 Reuters par le généraliste et n°2 Thomson. Viennent ensuite trois autres agences américaines, Interactive Data, Dow Jones, et Factset, et une agence suisse, Telekurs. Des écrans Bloomberg  ou Thomson trônent ainsi dans la quasi totalité des salles de marché et bureaux des opérateurs financiers à travers le monde, mis à part en Chine où l’information financière reste encore diffusée exclusivement au travers du canal de l’agence Xinhua, c’est-à-dire l’agence Chine Nouvelle.

 

 

UNE PLAINTE OCCIDENTALE JUSTIFIÉE PAR LE MONOPOLE ET LE MANQUE DE TRANSPARENCE DE XINHUA

En effet, les directives du Pékin interdisent aux agences de presse étrangères, non seulement généralistes mais également financières comme Bloomberg et Thomson-Reuters, de vendre leurs informations directement aux médias chinois. Celles-ci sont alors contraintes de passer par Xinhua , laquelle exerce ensuite son contrôle non seulement dans la vente d’informations financières aux opérateurs financiers chinois, mais également dans la recherche d’informations financières sur les entreprises chinoises. Pour les agences européennes, qui voient dans le marché chinois une opportunité de croissance, cette  situation de concurrence déloyale est dénoncée comme gravement désavantageuse et contraire aux règles de la libre concurrence. Ces raisons ont donc conduit ces derniers à déposer plainte devant l’OMC le 3 mars dernier. Pékin se défend en arguant qu’au cours des négociations de 2001 préalables à son entrée à l’OMC, seuls les services financiers avaient fait l’objet d’une ouverture du marché chinois, mais que les services d’information financière n’étaient pas concernés. Si, d’ici 60 jours, aucun compromis n’est négocié entre Chinois et Occidentaux, notamment pour faire admettre aux Chinois le classement des agences dans le secteur des services financiers, les Occidentaux pourront alors demander à l’OMC la mise en place d’un groupe spécial chargé de trancher le différend.

 

UN BRAS DE FER TRÈS DIFFICILE

L’issue de cette plainte sera cependant lourde de conséquences : en effet, la question ne se limite pas à la seule ouverture d’un marché aux leaders occidentaux de l’information financière, mais touche également au monopole de l’information financière en Chine. L’enjeu est en effet stratégique pour les Occidentaux, en particulier à une période où l’émergence des fonds souverains chinois dans le capital des entreprises occidentales exige une plus grande transparence financière des entreprises chinoises. Côté chinois cependant, même si l’ouverture de Xinhua se limite à l’information financière, elle risque cependant d’être ressentie comme un coup fatal porté au contrôle de l’information en général, c’est à dire plus globalement à celui de la population. La partie de bras de fer entre le régime chinois et les marchés occidentaux s’annonce donc difficile et à l’issue très incertaine.

 

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