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Union pour la Méditerranée, la seconde chance du processus de Barcelone

Écrit par Aurélien Girard, La Grande Époque - Paris
17.03.2008
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  • (攝影: / 大紀元)

 

La construction d’une Union Méditerranéenne est un des leitmotiv et une grande priorité de la politique étrangère du Président français Nicolas Sarkozy. Déjà présente dans son 1er discours en tant que Président de la République le 6 mai 2007, elle est devenue le nouveau cheval de bataille de la politique européenne française après le succès du Traité Simplifié... qui ne s’est pas répété pour M. Sarkozy, dont la période de grâce – nationale et européenne- semble passée.

Le «Traité Simplifié», qui relance le processus  de construction politique  européenne après le rejet du premier projet de constitution par les électeurs français et hollandais en 2005, est largement considéré comme une vraie réussite de la politique européenne française ; le projet d’Union Méditerranéenne a par contre permis à Nicolas Sarkozy de prendre pleinement la mesure du multi-centrisme européen. La grande satisfaction que le président français a manifesté après l’obtention d’un accord par l’Union Européenne, le 13 mars dernier, ne peuvent dissimuler le fait que c’est une copie abondamment révisée sous impulsion allemande que la France a finalement réussi à faire passer. Cette version finale ressemblerait tellement au processus de Barcelone – ou Euromed – lancé en 1995 que le Premier ministre luxembourgeois  Jean-Claude Juncker  ne s’est pas privé de le décrire comme «du Barcelone plus».

Une Union Méditerranéenne, pour quoi faire?

La constitution d’une union méditerranéenne qui rapprocherait tous les acteurs du bassin méditerranéen est perçue depuis plus de 20 ans comme une nécessité. C’est d’abord une nécessité économique qui doit permettre de dynamiser les économies du Sud de l’Europe dont le rythme de croissance contraste avec celui d’Europe du Nord et crée un déséquilibre délétère pour l’Union. C’est également une nécessité géopolitique : «communiquer pour stabiliser» dans cette région qui concentre certaines des situations les plus explosives de la planète, de la situation dans les balkans jusqu’au conflit israélo-palestinien.

Le début de ce processus s’est formalisé en novembre 1995, à Barcelone, quand 12 pays méditerranéens (Algérie, Chypre, Egypte, Jordanie, Israël et l’Autorité Palestinienne, Liban Malte, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie) sont entrés dans le partenariat Euromed. Le volet économique  de l’accord a pour objectif principal la mise en place d’une zone de libre échange d’ici 2010, il se double d’un volet politique visant à «créer un espace commun de paix et de stabilité», et surtout de contribuer à la résolution du conflit israélo-palestinien.

La grande faiblesse d’Euromed est sans aucun doute la lenteur dramatique de ses processus. L’outil principal des partenariats est une forme d’accord d’association que chaque pays participant doit négocier avec l’ensemble des pays de l’Union européenne puis faire ratifier par le Parlement européen. Est-ce cette lenteur qui a poussé le Président Sarkozy à vouloir créer du neuf et du rapide ? Les cercles parisiens considèrent que derrière M. Sarkozy, c’est son conseiller Henri Guaino qui a poussé l’idée d’Union Méditerranéenne. Henri Guaino, 'plume' des discours de campagne de Nicolas Sarkozy, y compris les plus controversés sur les capacités (ou non-capacités) de développement de l’Afrique, est perçu en France comme un souverainiste opposé à la toute puissance de la Commission Européenne. A travers le projet d’Union Méditerranéenne, la France souhaiterait renforcer sa position européenne et se mettre en position de bloquer l’adhésion de la  Turquie à l’Union par la création d’un levier pour paralyser les négociations avec ce pays.

Le succès de la fermeté d’Angela Merkel

La version initiale soumise par la France aux partenaires européens rejetait complètement l’idée de participation des pays non frontaliers de la Méditerranée ainsi que celle de la Commission Européenne.  L’Allemagne d’Angela Merkel a été à la tête de l’opposition à cette mouture trop indépendante, dont de nombreux pays ont craint qu’elle soit créatrice de divisions.

Pour l’Allemagne en particulier, incontestablement centrale aussi bien économiquement que politiquement en Europe, une telle version pouvait signifier un inacceptable déplacement du centre de gravité européen vers une position plus française.

Berlin goûte par ailleurs  fort peu le «style Sarkozy», perçu comme très unilatéral et agité, à l’inverse des capacités d’écoute et du style réfléchi de Mme Merkel. Pour autant, la chancelière allemande et le Président français ont réussi à trouver un accord le 3 mars à Hanovre, qui sonne comme une évidente victoire politique de Mme Merkel puisque la France a abandonné toutes les positions qui dérangeaient ses partenaires.

Comme le disait le Premier Ministre luxembourgeois, la version sur laquelle les partenaires européens se sont, suite à cette négociation, mis d’accord le 13 mars lors du Conseil de l’Europe n’est donc au final pas beaucoup plus qu’une réactivation du processus de Barcelone. Cette «réactivation» commencera officiellement le 13 juillet, sous présidence française de l’Union Européenne et les questions concrètes de financement se poseront alors : l’Union Européenne consacre seulement 2% de ses investissements dans le «Sud», et plusieurs pays ne semblent pas vouloir s’impliquer plus. Les premiers projets concrets de la future Union, de manière bien consensuelle, devraient se concentrer sur la lutte contre la pollution de la Méditerranée. Il restera à voir si l’objectif de créer un nouveau «hub» de développement économique et une passerelle diplomatique avec le Moyen-Orient se concrétisera ou s’il restera perdu dans une quelconque bureau bruxellois.

 

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