Fable pauvre fréquente fantasmes vaporeux

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque Montréal
17.03.2008

Tout semblait annoncer une grande production. Carole Fréchette, en résidence au TNM depuis trois ans, donnait à voir sa nouvelle pièce, mise en scène par Lorraine Pintal, directrice de ce même théâtre, avec Isabelle Blais, comédienne renommée et grande habituée du lieu. Pourtant, la fable est appauvrie par les symboles qui ne présentent pas les richesses attendues par le texte.

  • Isabelle Blais(攝影: / 大紀元)

C’est sur le conte de Barbe bleue de Charles Perrault, écrit en 1697, que se base La petite pièce en haut de l’escalier. Il s’agit, brièvement, d’un homme qui accumule les cadavres de ses femmes dans un cabinet mystérieux dont la nouvelle épouse n’a pas accès. Elle ira malgré les risques et se fera évidemment surprendre.

Le texte de Fréchette reprend la même intrigue et y présente une femme qui cherche à trouver ce qui pique sa curiosité en allant découvrir cette petite pièce dissimulée où se cache tout autre chose.

Ce qui s’annonce comme une fable où le questionnement intérieur prend du relief, se transforme en un suspens sans matière à défendre. Plutôt que d’inspirer le mystère, la représentation confronte le spectateur à un grand malentendu : celui de voir à la fois dominer l’action et la rêverie, et ce, sans que la réflexion n’évolue réellement. Le même malaise et la même curiosité se poursuivent tout au long de la pièce de façon linéaire tout en y intégrant une musique qui alimente l’intrigue.

À force de surenchère sonore et visuelle, paradoxalement l’attention sombre.

«Remplir le vide quand on a tout.» Cet axiome peut effectivement prendre plusieurs directions. Le spectateur peut tout à fait percevoir ce que bon lui semble s’il s’attache au texte. Mais la mise en scène symbolique surligne les choix, ce qui disperse cette première envie de comprendre. Une richesse matérielle confrontée à une pauvreté de l’âme pourrait donner matière à réflexion.

Cependant, certains éléments tendent à se contredire, ce qui donne le sentiment d’être leurré.      

Les proportions de La petite pièce prennent la largeur totale de la scène. C’est presque choquant si l’on confronte cette exubérance de moyens avec la morale annoncée de la fable, il s’agirait d’une pièce simple, un loft de jolies céramiques avec néon occupe plutôt l’espace.

Une femme dont la conscience est habitée par son entourage est en proie à un dialogue hermétique, prisonnière d’elle-même. Il eut été opportun de pouvoir ressentir cet enfermement dans un si grand espace et une plénitude progressive à l’intérieur de la petite pièce étroite. Mais la peur domine et le vide persiste.

Le niveau de langage semble être aussi indécis que le reste, retirant une certaine crédibilité du personnage. Fort heureusement – et c’est le souffle de la représentation – les comédiens trouvent une couleur complémentaire au personnage principal et l’interprétation est assez harmonieuse.  Considérons par ailleurs la prestation teintée d’humour et de sensibilité de Louise Turcot, dans le rôle de Jocelyne, la mère de Grâce interprétée par la toujours pétillante Isabelle Blais.

 

LA PETITE PIÈCE EN HAUT DE L’ESCALIER

Mise en scène : Lorraine Pintal 

Texte : Carole Fréchette

Avec : Isabelle Blais, Henri Chassé, Julie Perreault et Louise Turcot

Théâtre du Nouveau Monde

Du 4 au 29 mars à 20 h

Réservations : 514 866-8668

[www.tnm.qc.ca]

+ Nouvelle série débutant avec Carole Fréchette

THÉÂTRE À LIRE

Mise en lecture et rencontre d’auteurs dramatiques

Le mercredi 19 mars

Produit par le CEAD et la BAnQ