Actions d’ici pour dénoncer la situation au Tibet

Écrit par Pam MacLennan, La Grande Époque - Ottawa
24.03.2008
  • Des manifestants pour attirer l’attention d’Ottawa sur la situation de crise au Tibet. (攝影: / 大紀元)

OTTAWA – L’inquiétude dans la communauté tibétaine au Canada ne cesse de croître. Certains témoignages, vidéos et photos arrivent à briser le blocus de l’information et sont diffusés dans les médias du monde entier. La situation n’est guère rassurante. D’autant plus que Pékin a envoyé un très grand nombre de soldats dans la région.

À travers le Canada, des Tibétains et leurs sympathisants organisent régulièrement des activités depuis deux semaines pour faire entendre leur cause et pleurer les morts.

Samedi dernier, malgré le froid, à Montréal, plus d’une centaine de Tibétains et de sympathisants à la cause étaient réunis vers 13 h devant la Place des Arts, angle Sainte-Catherine et Jeanne-Mance. Ils protestaient pacifiquement pour montrer leur désaccord face à la répression que subissent les Tibétains en Chine.  

Jeudi dernier, 20 mars, à Ottawa, ils étaient environ 500 sur la colline parlementaire.

«Nous essayons de sensibiliser [les gens] sur ce qui s’est passé ces derniers jours. Des milliers de Tibétains ont été emprisonnés et nous informons les Canadiens sur ce qui se passe, avec espoir qu’ils prendront action», affirme Wangdu Duntak, président d’Étudiants pour un Tibet libre (ETL) à l’Université d’Ottawa.

M. Duntak mentionne qu’ETL souhaite que le gouvernement envoie un émissaire pour aller enquêter au Tibet et pour faire pression sur la Chine afin qu’elle libère les manifestants emprisonnés. Il estime que les protestations ont pris de l’ampleur «parce que la Chine a utilisé la force militaire contre les Tibétains».

«Comme vous savez, les médias n’ont plus accès au Tibet, il est donc très difficile de savoir ce qui se passe... Nous avons vu les vidéos montrant qu’ils ont utilisé des tanks contre les gens qui lançaient des pierres, puis ils kidnappent les jeunes Tibétains de leur domicile pendant la nuit.»

Le 20 mars également, le groupe de politiciens fédéraux, les Amis parlementaires du Tibet, a envoyé une lettre à l’ambassadeur de Chine au Canada, faisant la demande d’émission immédiate de visas aux membres du groupe afin qu’ils puissent «avoir accès au Tibet pour pouvoir suivre les évènements à Lhassa et dans d'autres régions Tibétaines». Une vingtaine de sénateurs et de députés sont impliqués dans cette demande, tous partis confondus.

Ce serait la quatrième fois que les Amis parlementaires du Tibet font une telle demande depuis janvier 2007, mais sans succès.

Selon le sénateur Consiglio Di Nino, président du groupe : «Si les autorités au Tibet se conforment aux normes internationales, elles ne devraient avoir rien à cacher, et nous, ainsi que les autres observateurs internationaux, devrions être accueillis. La crainte est que des centaines et peut-être des milliers de Tibétains [font] possiblement face à l'emprisonnement et à la torture interminables comme punition, alors que le reste de la planète ne peut savoir ce qui se passe.»

Lors de l’activité sur la colline parlementaire, le député conservateur Pierre Poilievre a lu une déclaration du premier ministre, Stephen Harper, qui pouvait voir le rassemblement depuis son bureau. Cette déclaration mettait l’accent sur la défense des droits de l’homme et des libertés civiles.

«Le Canada partage vos inquiétudes à propos de ce qui se déroule au Tibet. Comme Sa Sainteté le Dalaï-lama m’a dit lorsqu’il m’a rencontré, et comme il l’a répété dernièrement, son message en est un de non-violence et de réconciliation, et je me joins à lui dans cet appel. Le Canada demande à la Chine de respecter pleinement les droits de l’homme et les manifestations pacifiques. Le Canada demande aussi à la Chine d’exercer la retenue dans sa gestion de la situation.»

En déclarant son appui au rassemblement, M. Poilievre a déclaré ceci : «Les maux du communisme ne servent pas les intérêts des hommes ni des femmes libres, ici ou n’importe où au monde. Et c’est pourquoi j’appelle la RPC [République populaire de Chine] à respecter les droits de l’homme et à cesser d’écraser les libertés démocratiques des gens de votre communauté. Je suis reconnaissant que vous vous soyez levés aujourd’hui et je suis très fier d’être solidaire à vos côtés.»

Les journalistes et les agences étrangères n’ont pas le droit d’entrer au Tibet ou dans certaines régions des provinces voisines du Gansu, du Qinghai et du Sichuan. Dans une interview avec la radio de la CBC, l’ambassadeur chinois au Canada, Lu Shumin, a nié que des soldats avaient utilisé la force pour réprimer les manifestations.

L’ex-député fédéral David Kilgour, militant de longue date pour les droits de l’homme, a également fait parvenir un message au rassemblement pro-tibétain. Après avoir exprimé son regret de ne pas pouvoir être sur place, M. Kilgour a dit que Mao Zedong était responsable du massacre de millions de Chinois et de l’invasion du Tibet. Selon lui, la défense des opprimés représente la plus belle des valeurs canadiennes.

Lobsang, qui est né au Tibet et qui s’est enfui de son pays natal en marchant à travers les montagnes pendant 23 jours, a participé au rassemblement par solidarité avec le peuple du Tibet qui «meurt sous le règne chinois».

«À Lhassa, l’armée chinoise va de porte en porte pour trouver des Tibétains qui ont pris part dans les manifestations et elle arrête des gens innocents.»

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Les lignes téléphoniques étant coupées et l’Internet bloqué, Lobsang ne peut recevoir de nouvelles de sa famille au Tibet.

«Nous avons essayé d’appeler nos familles et amis, mais la liaison téléphonique ne pouvait se faire», explique-t-il.

Le nombre de personnes tuées par le régime chinois est estimé à 100 environ, mais les partisans d’un Tibet libre croient qu’il pourrait être beaucoup plus élevé.

Christian Huot, un sympathisant non tibétain, souligne qu’il est favorable à l’idée proposée de boycotter la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques en août.

«Ça ne pénalise pas les athlètes et ça envoie un message clair à propos de ce qui, selon nous, se passe en Chine. Ce serait très significatif.»

Le Comité Canada-Tibet a, quant à lui, demandé à tous les députés fédéraux de s’abstenir d’aller assister aux Olympiques cet été, jugeant que ce serait «inapproprié».

Les manifestants, dont certains étaient vêtus des vêtements traditionnels tibétains avec des chapelets bouddhiques attachés à la taille, ont marché de la colline parlementaire jusqu’au bureau des Nations Unies. Rendus là, ils ont remis une lettre demandant à l’ONU d’envoyer une mission d’enquête au Tibet. La lettre a été acceptée par un représentant dont le nom n’a pas été mentionné. Celui-ci a affirmé qu’elle «serait expédiée au haut-commissaire de l’ONU».

Ensuite, la marche s’est dirigée vers l’ambassade chinoise. Le groupe a chanté des slogans, brandi des pancartes et déployé le drapeau tibétain. Leur message était que les Tibétains ne vont plus accepter passivement «tout ce que fait le gouvernement chinois».

«Nous voulons que le Canada fasse pression sur le gouvernement chinois pour que ce dernier ait un dialogue avec des représentants de Sa Sainteté [le Dalaï-lama] ou directement avec Sa Sainteté pour résoudre ce problème immédiatement», indique Lobsang.