Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Sur des rails

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque - Montréal
25.03.2008
| A-/A+

 

  • Scène de la pièce Toutefemme(攝影: / 大紀元)

La pièce Toutefemme s’inspire de l’histoire Tout-Homme au XVe siècle où un simple mortel doit se présenter à Dieu pour soumettre son livre de comptes. Reflétant les problèmes du modèle capitalisme auquel la société hongroise a dû s’adapter, Toutefemme trouve aussi des échos dans nos sphères. Une discussion avec la mort qui remet en question nos modes de vie.

Emma, femme active dans la quarantaine doit déjà combattre économiquement pour arriver à vivre décemment depuis son divorce. Suite à la visite inopinée de la mort en personne, elle tentera de régler les derniers détails de sa vie courante : déboucher le bain, retrouver le coupon du nettoyeur, voir à ce que l’impôt ne récupère pas l’héritage de sa fille, s’occuper de sa mère et reprendre le miroir vénitien laissé chez son ex-mari. Un quotidien qui, par l’utilisation onirique de certains passages du texte, prête au ridicule. C’est par les alternances de niveau de langage et d’intensité dramatique que le spectacle prend tout son sens.

Ce mode de fonctionnement place de façon évidente l’absurdité dans laquelle règne la société actuelle, tout en y préservant une certaine opacité. Qu’il s’agisse de la crise du logement, de la déshumanisation du système de santé ou de l’isolation des personnes âgées, chaque problématique est abordée avec lucidité en préservant un humour désinvolte. Prenons l’exemple du personnage d’Emma qui prolonge un cri du cœur qu’elle arrête brusquement pour ne pas endolorir sa gorge ou, dans un décalage encore plus fort, citons l’exemple du vieillard qui, suite à une tirade profonde sur la mort, s’endort en marmonnant. Ces parenthèses sont suffisamment évocatrices et nombreuses pour donner un ton frais à la pièce.

Les ornières du quotidien sont solidement maintenues jusqu’à la fin et, paradoxalement, la mise en espace est particulièrement hétéroclite. Cela apporte beaucoup à l’ensemble du dispositif.

En revanche, il est vivement conseillé de lire le programme avec attention pour en saisir les personnages. Effectivement, dix-neuf personnages différents sont incarnés par dix acteurs, si bien que l’identité peut demeurer floue et nuire à la compréhension de la représentation. Il en va de même pour la composition symbolique dans son rapport entre le réel et l’irréel.

La situation se voit troublée par certaines maladresses corporelles, par exemple lors de la danse entre la mort et Emma. Nous croirions qu’un retour à la réalité est prêt à se pointer tant la fluidité manque.

L’ensemble demeure tout de même très bien orchestré par Martine Beaulne. Il est réjouissant de voir autant de comédiens de talent se produire avec une telle complicité. Annick Bergeron, dans le rôle principal, entretient avec dynamisme chaque dialogue. Les personnages de Monique Miller, Dominique Pétin, Catherine Lavoie, Normand Lévesque et Gary Boudreault regorgent de personnalité, ce qui alimente chaque développement de l’histoire.

Une pièce qui innove par son actualité et sa fougue.

 

TOUTEFEMME

Texte : Péter Kàrpàti

Mise en scène : Martine Beaulne

Avec : Annick Bergeron, Alex Bisping, Gary Boudreault, Marc-Antoine Larche, Catherine Lavoie, Dominique Leduc, Normand Lévesque, Jean Maheux, Monique Miller, Dominique Pétin

Du 18 mars au 12 avril 2008

À l’Espace GO

Réservations : 514 845-4890

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.