Les minorités sont les plus menacées par le changement climatique

Écrit par ICRA International
27.03.2008

 

Des minorités ethniques et des groupes indigènes sont menacés de disparition par le changement climatique, avertit un récent rapport de l’organisation Minority Rights Group (MRG).

Dans son rapport annuel sur l’état des minorités dans le monde, l’ONG appelle les responsables politiques à s’attaquer aux effets du réchauffement sur les minorités défavorisées, dont la survie est dans certains cas en jeu.

Dans l’Arctique, les peuples éleveurs de rennes, comme les Samis, sont menacés par l’augmentation des températures et des précipitations qui rendent le lichen, principal aliment des rennes, plus difficile à atteindre pour leurs troupeaux.

«Si l’élevage des rennes disparaît cela aura un effet ravageur sur toute la culture des Samis... dans ce sens, je pense que le changement climatique menace tous les Samis en tant que peuple», observe Olav Mathis Eira, un représentant de cette ethnie, cité dans le rapport.

Une étude portant sur plusieurs désastres environnementaux récents dans le monde montre que ce sont les minorités et les groupes indigènes qui ont été le plus touchés par les changements de modèles climatiques tandis que, quand une catastrophe naturelle survient, ils sont les derniers auxquels l’aide parvient, souligne MRG.

Ainsi, en 2007, les inondations dans le Bihar, un État du nord de l’Inde, ont touché de façon disproportionnée la caste des intouchables et les membres de cette caste ont été discriminés de façon flagrante dans le processus de distribution de l’aide, souligne MRG.

Mais c’est l’Afrique qui devrait être parmi les continents les plus touchés par le changement climatique. «À cause de la sécheresse, les populations rurales vont particulièrement souffrir», a insisté, le mardi 18 mars, Ishbel Matheson, responsable de la politique et de la communication de MRG en présentant le rapport à la presse. David Pulkol, un représentant des Karamajongs, une ethnie d’Ouganda qui vit de l’élevage et de l’agriculture, explique que son peuple, fort de quelque 900 000 personnes, ressent déjà durement le changement climatique.

«Les épidémies sont plus fréquentes, les ressources alimentaires diminuent, nous l’observons, cela n’a jamais été ainsi auparavant», a-t-il souligné. «Nous avions six mois de pluie et une saison sèche de six mois et maintenant il n’y a que quatre mois de pluie.»

La relation étroite qu’entretiennent de nombreux peuples indigènes avec leur environnement les rend aussi particulièrement sensibles à l’impact du changement climatique.

«Dans notre communauté, les anciens interprètent certains signes de la nature pour savoir quand il faut planter les cultures ou quand commencer la chasse. Mais avec le changement climatique, il devient impossible de faire de telles prédictions», indique David Pulkol.

Ces populations sont aussi durement touchées par l’expansion des cultures destinées à être transformées en biocarburant, présentée comme une solution au changement climatique.

Mais cette expansion provoque souvent l’expulsion de communautés par la force et la destruction de leurs ressources alimentaires pour permettre la plantation de nouvelles cultures, comme en Colombie, au Brésil et en Argentine, souligne l’ONG.

Les défis que suscite le changement climatique pour les minorités posent un problème global, puisque «si ces gens ne peuvent pas s’adapter ils vont devenir des migrants», souligne Ishbel Matheson.