Jusqu’où ira la crise financière?

Écrit par Hanna L.Szmytko, La Grande Époque - Paris
30.03.2008

  • L’immeuble de la cinquième banque d’affaires américaine Bear Stearns à New York, Madison avenue(攝影: / 大紀元)

 

On ne voit pas la fin de la crise qui secoue les marchés financiers depuis l’été 2007. Le mot crise «systémique» fait peur et on n’ose même pas le prononcer pour ne pas aggraver la situation qui se dégrade de jour en jour avec les données de plus en plus inquiétantes. Après les subprimes, crédits immobiliers à haut risque aux Etats-Unis, c’est la débâcle financière pour les établissements tels que les banques, courtiers et sociétés spécialisées en crédits. Face aux révélations incessantes des établissements financiers au bord de la faillite, les banques centrales et les pouvoirs publics viennent au secours pour éviter que le système financier entier ne s’écroule.

La facture globale de provisions passées par le secteur financier pour couvrir des dépréciations d’actifs liées à la crise des subprimes s’élève à ce jour à environ 160 milliards de dollars, selon une étude de la banque suisse UBS. La crise financière pourrait coûter jusqu’à 600 milliards de dollars à l’économie mondiale, anticipent les analystes. Si l’on se réfère à l’étude de Mark Zandy de l’agence Moody’s, 1.300 milliard de dollars de crédit subprimes ont été accordés depuis 2005. En faisant l’hypothèse de baisse des prix de logement de 20 %, M. Zandy estime que les pertes pourraient atteindre 450 milliards de dollars. Les nombreux experts estiment que la plupart des banques dissimulent toujours d’autres pertes hors bilan. La menace que l’un des établissements financiers risque de révéler des dépréciations importantes plane dans les esprits des investisseurs et contribue à soutenir la perte de confiance et la panique des marchés. Selon différentes analyses, l’avis est unanime : la facture des pertes ne peut que s’alourdir. De quel montant sera la facture finale?

Le sauvetage en urgence de la cinquième banque d’affaires américaine Bearn Stearns menacée de faillite a secoué le monde de la finance à mi-mars 2008. Pour éviter un risque de contagion, la Réserve fédérale américaine (Fed) est intervenue avec la banque commerciale JPMorgan Chase pour apporter les fonds dont Bearn Searns avait besoin. Le directeur général de la banque Alan Schwatz, a reconu que « la situation de trésorerie s’était nettement détériorée »  chez Bear Sterns ces derniers temps.  Enfin, le dernier signal de l’urgence de la situation était l’annonce de rachat de Bearn Stearns par JPMorgan pour la somme dérisoire de 236 millions de dollars, soit 2 dollars par actions, à comparer au cours de 30 dollars quelques jours auparavant, soit une capitalisation de 3,54 milliards de dollars. Le département au Trésor américain et la Fed ont validé cette opération de rachat qui devrait arriver à son terme fin du deuxième trimestre 2008. Dans cette opération de sauvetage la Fed a accepté de financer 30 milliards de dollars pour les actifs les moins liquides de Bear Stearns « La Réserve fédérale suit de près les développements sur les marchés et elle continuera de fournir des liquidités comme nécessaires pour faciliter un fonctionnement harmonieux du système financier », a indiqué la Fed dans un communiqué.

Pour éviter la dépression mondiale et stimuler l’activité économique la Fed a fait baisser de 3 % son taux d’intérêt directeur en quelques mois, les taux américains sont passés de 5,25 % avant l’été 2007 à 2,25 % mi-mars 2008. Les injections massives de liquidités ont permis jusqu’à ce jour de pallier les besoins de financement des nombreuses institutions financières. Mais la problématique des fonds propres des banques et de la juste valorisation des actifs que les banques ont à leur bilan reste une question qui occupera le devant de la scène dans les semaines à venir. La difficulté majeure est maintenant d’assurer leur solvabilité.

Pour combien de temps encore des banques centrales pourront agir et mettre en place une politique efficace? Si tous les moyens possibles d’intervention sont épuisés où conduira-t-elle alors cette tragédie financière?