Le régime de Pékin agitateur des violences à Lhassa?

Écrit par Qin Yue et Qi Yue
11.04.2008

 

 

 

Selon le traducteur du dalaï-lama, Ngawang Nyendra, un témoin a rapporté qu’un policier chinois s’est déguisé en Tibétain et a rejoint les manifestants, un sabre chinois à la main. Le témoin a également reconnu l’homme dans les vidéos de la BBC et les photos fournies par la Chine. Une Chinoise de Thaïlande (qui préfère ne pas communiquer son nom pour des raisons de sécurité) était étudiante à Lhassa lorsque les manifestations ont éclaté en mars.

 

Elle rendait fréquemment visite à un ami policier au commissariat et a donc eu l’occasion d’y connaître d’autres policiers. Après les manifestations du 14 mars, cette femme a été envoyée dans un poste de police avec d’autres étrangers. Elle y a vu un homme muni d’un sabre chinois rentrant avec des Tibétains qui venaient d’être arrêtés. Cet homme a ensuite enlevé les habits tibétains qu’il portait pour revêtir un uniforme de police.

Le lendemain, cette Chinoise venue de Thaïlande a été renvoyée de Lhassa avec d’autres étrangers. En arrivant en Inde, en passant par le Népal, elle a reconnu le policier déguisé en Tibétain dans un reportage de la BBC et sur des photos que l’ambassade de Chine avait fournies à des médias.

Ngawang Nyendra a dit que la femme témoin avait été choquée en voyant le policier dans le reportage de la BBC. C’est alors qu’elle a réalisé qu’il s’était déguisé en Tibétain pour inciter les gens à manifester.

Elle a contacté une organisation tibétaine pour leur raconter ce qu’elle avait vu. Lors d’un rassemblement le 17 mars, cette organisation a publié une photo de presse fournie par l’ambassade de Chine en Inde sur laquelle on voit le policier déguisé en Tibétain manifestant.

  • L'image originale(攝影: / 大紀元)

 

  • Image retouchée(攝影: / 大紀元)

 

  • Gros plan de l'homme(攝影: / 大紀元)

 

 

 

Sur le site web de l’agence de presse Chine Nouvelle et d’autres sites de langue chinoise proches du régime, après le rassemblement lors duquel le témoin a parlé, le policier déguisé avait disparu des photos où il apparaissait auparavant. Récemment, l’homme à l’arme blanche présent à l’origine est réapparu sur ces sites.

Ngawang Nyendra a dit : « Cette photo avec l’homme dessus a été envoyée par l’ambassade de Chine à la BBC et à Radio Free Asia. » L’autre photo a été envoyée par la suite. Elles sont exactement identiques, sauf que l’homme au sabre chinois a disparu de la deuxième.

«Sur les images télévisées, on peut voir cet homme tentant de poignarder d’autres personnes avec son arme. Mais dans les prises qui ont été rediffusées, on ne voit plus cette personne. C’était une mise en scène. Après que des gens ont posé des questions sur ces prises de vue, ce morceau a cessé d’être diffusé à la télévision.»

 

 

AUTRES PREUVES

D’autres sources ont corroboré l’hypothèse du traducteur du dalaï-lama selon laquelle les tragiques émeutes de Lhassa de la mi-mars ont été provoquées par le régime chinois.

Il y a tout d’abord les enregistrements du régime chinois qui montrent qu’il s’agissait d’une mise en scène.

Ce n’est pas la première fois que le Parti Communiste chinois (PCC) envoie des policiers jouer les émeutiers dans des manifestations de civils au Tibet dans le but d’attiser la violence et de piéger les manifestants.

Dans les événements à Lhassa du 2 au 10 mars 1989, le journaliste chinois Tang Daxian a révélé comment le PCC a orchestré des violences pour réprimer les manifestations de 1989 au Tibet.

D’après cet article, «le matin du 5 mars, les forces armées au Tibet ont reçu l’ordre du Commandant en chef du quartier général de la police armée, Li Lianxiu […] la brigade spéciale devrait immédiatement déployer 300 membres déguisés en civils et en moines tibétains, se rendre à la rue aux Huit Coins et autres lieux de manifestations à Lhassa, pour aider les policiers en uniforme à accomplir leur tâche.»

«Brûler la pagode des Ecritures Saintes au nord-est du temple Dazhao. Saccager le magasin de riz du quartier des affaires, inciter les citoyens à voler le riz et la nourriture, attaquer l’usine Tibet-Gansu. Encourager les gens à voler les marchandises des magasins, mais seulement aux endroits autorisés.»

D’après le commentateur Chen Pokong: «Durant les manifestations de cette année, la scène d’émeutes ressemblait à celle de 1989. Un groupe de jeunes gens d’une vingtaine d’années agissait de manière très organisée. Ils ont d’abord crié des slogans, puis ont brûlé des véhicules près du monastère Ramoche, pour ensuite saccager des magasins sur le même lieu et les piller, et enfin en faire brûler beaucoup.»

«Les actions semblaient bien organisées et coordonnées, elles étaient menées avec compétence. A un carrefour près du monastère Ramoche, quelqu’un avait préparé à l’avance un tas de pierres de taille équivalente, chacune pesant environ deux kilos. De manière surprenante, ces pierres ont réussi à échapper à l’attention des nombreux policiers en uniforme et en civil qui avaient envahi la ville.»

Le récit de Chen Pokong sur ce qui s’est passé cette année corrobore la version du quartier général du renseignement du gouvernement britannique GCHQ, dont les satellites, d’après un rapport du Bulletin G2, ont observé des policiers chinois provoquant des émeutes à Lhassa.

Ces récits permettent aussi de comprendre certains passages étonnants du reportage du New York Times dans les rues de Lhassa le 14 mars: «Les étrangers et les habitants de Lhassa qui ont été témoins des violences étaient stupéfaits de ce qu’ils ont vu et de ce qu’ils n’ont pas vu : la police. Les policiers anti-émeutes ont fui après une première échauffourée pour ne plus réapparaître.»

«Un moine qui a pu être joint par téléphone a remarqué que plusieurs policiers étaient plus affairés à prendre des vidéos des violences qu’à les stopper. ‘Ils ne faisaient que regarder’ a dit le moine. ‘Ils essayaient de filmer et de prendre des photos’» d’après le New York Times.

La publication de la photo montrant l’homme au sabre chinois par l’agence Chine Nouvelle et sa diffusion par l’ambassade de Chine, tel que rapporté par le traducteur du dalaï-lama, corroborerait l’observation de ce moine.

Entre temps, les Tibétains continuent à affirmer que le régime chinois trompe le monde sur ce qui s’est réellement passé durant les émeutes de Lhassa.

Le 27 mars, lors d’un point presse tenu par le régime chinois au temple Jokhand à Lhassa, 30 jeunes moines ont fait irruption. Selon un reporter de USA Today, Callum MacLeod, (d'après Reuters) les jeunes moines ont crié: «Ne les écoutez pas. Ils vous trompent. Ils mentent.»

 

 Avec Stephen Gregory et Hao Feng