Mariage, anniversaire, fête de famille, cérémonie, inauguration, élections diverses, lancement publicitaire, fête des comices, fête de la musique,   14 juillet,  15 août, Halloween, Noël, nouvel an...

Tant de fêtes pour  admirer ces feux qui  sont dits "d’artifice". On les utilise en France, à travers des dragons festifs crachant le feu dès le XVIème siècle. Le feu d’artifice se contente d’abord d’imiter le feu. On ajoute progressivement à la poudre des "garnitures", de la poussière d’or et d’argent très prisée en Occident (les couleurs n’apparaîtront qu’au XVIIIe siècle). On crée des formes, des rythmes à travers des "étoiles", des "pluies d’or", des "serpentaux", etc.

En Guadeloupe, le maire de la Ste Anne  lance un nouveau concept

Depuis 2003, le maire de la commune de  Ste Anne, Mr Aldo Blaise a mis au point un concept d’animations culturelles et commerciales  sur le thème de «Ste Anne ville en fête et de lumières, carrefour de musiques». Chaque année nous avons donc, à notre plus grande joie, une quinzaine d’animations avec au programme des concours pyrotechniques où, d’année en année, des artificiers des îles voisines viennent  participer. Au mois de décembre 2007, un festival de pyrotechnie a été  proposé par les artificiers de la Guadeloupe et des U.S.A. Un tir au début de la quinzaine et le second tir à la fin. Les plus gros feux de l’année. Mais qui se cachaient derrière tous ces magnifiques tableaux? Aux consoles,Vincent Senemaud et Isabelle Prudent aidés de Ludovic.

La pyrotechnie, Isabelle connaît: elle est artificier depuis 20 ans en artifices de classe K4, elle travaillait en France avec Lacroix-Ruggieri - filiale de Etienne Lacroix, marchand d’armes - champion mondiaux des feux d’artifices qui mettent en oeuvre plus de 200 feux par an.  Pour Vincent, cela fait 10 ans qu’il pratique (K4) dans les Antilles entre la Guadeloupe et la Martinique. Ludovic, son neveu, l’accompagne depuis 3 ans Il se perfectionne dans l’installation et la mise en œuvre des feux. Des artificiers américains sont venus les aider à préparer et mettre en œuvre  ce  grand spectacle qui dure quatre jours afin de  marier les couleurs, les effets, les intensités et surtout la coordination avec la musique.

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Vincent Senemaud et Isabelle Prudent ont accepté de répondre à quelques questions.

Quel est le temps nécessaire pour la  préparation d’un feu d’artifice?

Vincent Senemaud: Il faut compter environ 2 semaines de travail immense(intense?)  en  atelier pour le préparer. Pour un feu de 300 bombes, il nous faut programmer chaque bombe  ,les retards entre elles, tout est fait à la main par grappes de 10, de 6…  après il y a 2 à 4 jours complets pour la mise en œuvre, on forme à ce moment- là une équipe de 6 à 7 personnes. Celui que nous avons préparé est un feu assez gros, cela représente un 40 pieds de matériels pour 20 minutes de feu. Le calibre international des feux est de 12 minutes.   Vous êtes financés par qui et quel est le coût d’un feu? La commune, la région ,tout le monde participe. Il n’existe pas de sponsors privés car c’est une manifestation dans lequel tout le budget intégral passe dans les produits des feux. Procédons  par  ordre de grandeur .Par exemple : le Festival « Créoles Blues » faisait 450.000 € ,voire plus. Un après- midi d’athlétisme financé par la région coûte 350.000 €. Une fête patronale comme celle de la commune des Abymes  fait 220.000 €. La totalité du feu d’aujourd’hui, le voyage des Américains, hôtels, billets d’avion  fait une dépense de 40.000 €.  Quels sont les pays où vous vous fournissez ? VS : Nous pouvons nous fournir aux USA, au  Canada et  enEurope, il faut des numéros d’agrément, homologué CE. Cette liste d’agréments est détenue par les douanes et par le  service de déminage, tout est vérifié et contrôlé.

Comment fonctionne un feu?

Isabelle Prudent: En théorie ,il y a donc une impulsion de départ qui est donnée. Après , ce sont des tables informatiques où l’on rentre des « ordres de tirs » à un  moment précis en fonction de la musique ,qui vont être émis par la table automatiquement, ce qui permet d’avoir une coordination  optimale entre les effets et la musique. Tous les feux au départ sont à allumage électrique. Un  allumeur  c’est une petite résistance alimentée par une pile de 90 volts  avec un fil électriqueQuand le courant passe dans la résistance, cela met le feu à la mèche comme un briquet. La vitesse de propagation est de 300 m seconde. Tout est allumé de cette manière et géré par l’électronique. Pour le feu  de ce soir, nous avons décidé de  mixer, pour laisser une partie importante au chef de tir  afin qu’il puisse mieux s’exprimer, c’est un feu à 70% automatique et 30% géré manuellement ».  Le Maître de tir, ce soir, est incontestablement Isabelle Prudent.

La taille des  calibres des bombes  est de 50mm à 300mm. Elles sont rangées dans un rack. Disposées en éventail et décalées dans le temps pour donner l’effet de gerbe, une bombe part à droite, puis à gauche et au centre.

Nous avons aussi un très beau tableau  des bombes nautiques, ce sont des bombes qui vont dans l’eau et qui effectuent des gerbes.

Il faut savoir qu’une bombe nautique produit une onde sonore puissante qui se déplace à  1500m seconde dans l’eau, ce qui affecte mortellement la faune marine avoisinante [bombes interdites dans certains  pays]. Elle est fabriquée en plastique non- biodégradable et  laisse des déchets dans la mer.

De combien est la distance de sécurité?

Vincent Senemaud: La distance de sécurité pour une bombe de 75mm est de 75m, car si le mortier (tube en carton, en métal ou en résine servant à guider les bombes à la mise à feu)  se couche il faut absolument que le tir  tendu de la bombe ne puisse jamais atteindre le publicPlus on monte en calibre, plus on va s’éloigner. Le facteur du vent est très important également car à plus de 15m/seconde, on ne peut pas tirer un feu d’artifice.

Les tables de tirs automatiques sont enfin armées, allumées et mises en position de tir. L’autonomie de la batterie est de 14h, un laps de  temps pour tout bien superviser.