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Flambée des prix du riz: vers une crise alimentaire en Asie?

Écrit par Aurélien Girard, La Grande Époque - Paris
14.04.2008
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  • Les Philippins achètent désormais leur riz sous le contrôle de soldats armés(Staff: ROMEO GACAD / 2008 AFP)

 

L’armée est depuis la semaine dernière dans les rues de Manille pour gérer la distribution des rations de riz du stock national. C’est toute l’Asie qui fait face à une sérieuse pénurie, marquée par l’envolée des prix sur le premier trimestre 2008. Aux Philippines, premier importateur mondial, le manque se fait sentir plus péniblement encore. Le gouvernement vient donc d’annoncer des mesures d’urgence et de libérer une partie des stocks nationaux pour rassurer la population.

Embargo sur les exportations de riz par l’Egypte, le Cambodge et l’Inde, position défensive du Vietnam, précautions de la Thaïlande, pourtant premier producteur mondial : tout le Sud-Est asiatique s’inquiète et cherche à prévenir l’apparition de troubles sociaux liés au spectre d’une pénurie alimentaire. C’est que le riz, aliment de base pour plus de la moitié de la population mondiale, fournit les deux tiers des apports énergétiques à deux milliards d’Asiatiques.

Or, en quelques semaines son prix a doublé aux Philippines et ailleurs, ce qui a conduit la présidente Gloria Arroyo à lancer le 4 avril un véritable plan d’urgence en faveur des agriculteurs. Les mesures annoncées incluent l’octroi de prêts massifs aux cultivateurs afin d’arriver à limiter la dépendance du pays vis-à-vis des importations, et un plan d’irrigation et d’infrastructure de communication de 12 milliards de pisos (190 millions d’euros) afin d’augmenter la productivité et de diminuer les coûts de transport.

«Pour l’irrigation, j’ai demandé de finir la réhabilitation des infrastructures avant 2010. Pour les nouvelles constructions, nous encourageons les petits systèmes d’irrigation», indique la présidente, citée par le Manila Times. Le budget national de l’agriculture, actuellement de 570 millions d’euros, passera également en 2009 et 2010 à 770 millions.

«Nous allons accroître notre aide pour les fertilisants organiques, et puisque nous ne l’avons pas fait suffisamment, nous devons y mettre 500 millions de pisos (75 millions d’euros).»

En plus de cela, 300 millions d’euros sont prévus pour financer de nouveaux équipements agricoles, la même somme en recherche et développement de variétés plus produtives… les chiffres disent suffisamment avec quel sérieux le gouvernement de Gloria Arroyo voit la situation, sans avoir même encore mentionné les 230 millions d’euros de prêts débloqués pour les agriculteurs.

Un contrôleur général à l’agriculture va enfin être nommé pour assurer la transparence dans la dépense de ces fonds publics massifs. «Dans tous ces programmes nous devons être transparents et empêcher cette corruption qui gangrène encore notre nation», a déclaré Gloria Arroyo lors de son discours au Sommet National sur l’Alimentation à Pampanga.

Ce plan stratégique mis en place à la hâte en réponse à l’urgence de la pénurie en riz, se double de mesures à court terme : Gloria Arroyo a ainsi exercé toutes les pressions possibles sur le Vietnam pour qu’il lui livre 1,5 million de tonnes de riz, malgré le refus initial des autorités vietnamiennes. Le gouvernement philippin a en parallèle demandé à tous les fast-food philippins de réduire la quantité de riz de leurs portions, et à la population de réduire sa consommation journalière. Enfin, l’armée a été déployée dans les quartiers pauvres de Manille pour y effectuer des distributions contrôlées afin d’éviter une panique.

Si la situation aux Philippines est la plus symptomatique du fait de la fragilité de l’agriculture du pays, elle se retrouve dans toute l’Asie : au Cambodge, le gouvernement a décrété deux mois d’interdiction d’exportation à compter du 26 mars. A Phnom Penh par exemple, le prix du riz est passé de 2.000 à 3.000 riels le kg en trois mois du fait de l’épuisement des stocks, ce qui a forcé le gouvernement à débloquer près de 200 tonnes des stocks nationaux.

L’Egypte, un fournisseur important, a également décrété un embargo de six mois, et le Vietnam – pourtant second exportateur mondial – a annoncé qu’il limiterait ses exportations pour 2008 à 3,5 millions des tonnes  au lieu des cinq millions prévues.

Les médias et gouvernements asiatiques veulent croire que toutes les mesures ont été prises pour empêcher les cours du riz de continuer à grimper. Pourtant, la demande de l’Iran et de l’Indonésie, très grands acheteurs qui n’ont pas encore fait leur stock annuel, risque de les contredire.

 

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