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Le Mékong, véritable enjeu économique, inquiète les environnementalistes

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque - Paris
20.04.2008
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  • Au Cambodge le soleil se lève sur le Mékong, à Phnom Penh. Un pêcheur, Lei, 29 ans, prépare son filet. (STR: PHILIPPE LOPEZ / ImageForum)

Le Mékong est le plus important fleuve d’Asie du Sud-Est. Long de 4.200 kilomètres, il a été dans le passé la voie de circulation la plus importante des Etats riverains. Il est aujourd’hui au centre des préoccupations économiques et environnementales. Ce serait pour faciliter l’économie et le commerce de ces six pays – la Chine, le Laos, la Thaïlande, le Vietnam, le Cambodge, et la Birmanie –, qu’un dynamisme routier devrait encore intensifier le transport fluvial.

 

RENDEZ-VOUS A VIENTIANE AU LAOS POUR « CRÉER DIFFÉRENTS RÉSEAUX ROUTIERS ET FLUVIAUX »

C’est John Cooney, responsable des infrastructures d’Asie du Sud-Est au service de la Banque asiatique de développement (BAD), qui se trouve derrière la plupart des projets routiers, ferroviaires, des réseaux électriques qui s’élaboreront le long du fleuve, et surtout à des fins commerciales. A cette fin, les Premiers ministres des six pays se sont réunis le 30 mars à Vientiane au Laos. Les réflexions ont été centrées sur les différents réseaux, routiers et navigables qui doivent réduire le temps de transport entre Bangkok et le Yunnan en Chine, et évaluer l’énergie soutirée du fleuve.

Plusieurs barrages ont déjà été construits sur les affluents du fleuve, d’autres sont en projet. La Chine en a déjà construit un à Manwan, un autre s’est achevé à Dachaoshan, douze sont à l’étude. Par ailleurs nous savons que près de la moitié des quelque 90.000 barrages que compte la Chine sont dangereusement instables et nécessitent des réparations urgentes, ceci d’après le magazine Enerzine.com. Mais certains projets pharaoniques sont critiqués tant au niveau du coût que des dommages infligés à l’environnement et surtout aux populations.

L’INQUIÉTUDE ENVIRONNEMENTALE

Les protecteurs de l’environnement s’inquiètent en effet des conséquences de ces divers aménagements qui, selon eux, ne seront pas aussi bénéfiques pour les pays qu’on pourrait le croire. Selon un pêcheur travaillant sur le Mékong, qui traduit les inquiétudes des écologistes: « En protégeant les rapides, on défend la place de l’homme dans la nature, les Thaïlandais, les Laotiens adaptent leurs bateaux au Mékong. Tandis que les Chinois, eux, veulent adapter le Mékong à leurs bateaux. » Des efforts ont été déployés pour développer le Mékong comme grande voie navigable, les pays se sont mis d’accord pour ouvrir le fleuve à la navigation transfrontalière, permettant aux navires des nations concernées d’emprunter le fleuve sur toute sa longueur.

Pour les millions de riverains du Mékong, la vie s’est, depuis des millénaires, organisée autour de l’eau. La rivière donne le poisson, les légumes et le riz poussent sans effort sur le limon, c’est une voie de communication et une baignoire géante où hommes et buffles se lavent.

Or, depuis l’entrée en activité des premiers barrages construits, le fleuve s’est déréglé. Les poissons se sont raréfiés et leur taille moyenne a diminué.

C’est pourquoi les écologistes s’alarment des effets néfastes de ces projets sur la nature et des effets pervers des autoroutes longeant le Mékong. Les opposants aux projets pensent que les pays vont perdre le charme qui les caractérise et qu’ils pourront être pillés de leurs ressources naturelles « bois précieux, animaux sauvages, et qu’ils seront salis par divers trafics d’humains et de drogues etc. » Chris Lyttleton exprime dans une étude ses inquiétudes sur les effets négatifs qui résulteront des routes. De nouveaux produits inonderont le marché, et des commerçants chinois, thaïlandais s’installeront.

Contrairement au but initial souhaité, Martin Stuart-Fox, expert du Laos à l’université australienne du Queensland, pense que de nombreux Laotiens craignent désormais que « les camions ne stoppent le développement » de leur pays, a-t-il confié à l’AFP. Le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) se soucie également de l’avenir des pays et lance un cri d’alarme pour dire que « les pressions économiques sont une menace pour les ressources naturelles de la région. »

LE MÉKONG, OR BLANC DU TIBET

Le Mékong prenant sa source au Tibet oriental, sur les hauteurs de l’Himalaya. Les médias indiens disent que les barrages vont faire baisser le niveau d’eau dans leur partie du fleuve. Brahma Chellaney confie à l’AFP: « Les généreuses réserves du plateau tibétain » et les barrages ne sont pas qu’une source de « houille bleue » pour la Chine. « Ils lui permettent aussi de dévier des rivières, notamment à des fins d’irrigation ». L’un de ces projets inquiète particulièrement les Tibétains, les Indiens et les défenseurs de l’environnement. Il permettrait d’intercepter l’eau des rivières tibétaines et d’installer des barrages sur le Yarlung Tsangpo, pour alimenter les eaux du Fleuve Jaune, devenu malade, pollué à l’extrême. Les Chinois pourraient ainsi irriguer la Chine du nord qui est asséchée. Alors que les adeptes du projet prétendent que seulement 25.000 personnes seront déplacées, le gouvernement tibétain en exil estime que ce projet colossal, sera non seulement hors de prix mais se fera au détriment de centaines de milliers de vie humaines. 

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