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Interview : Le couloir et Chambres

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque - Montréal
21.04.2008
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À l’occasion de la sortie des pièces Le couloir et Chambres, entretien avec André-Marie Coudou, metteur en scène et Isabelle Tincler, comédienne.

Le couloir et Chambres

Textes : Philippe Minyana

Mise en scène : André-Marie Coudou

Production : Théâtre l’Instant

Du 22 avril au 10 mai

À L’Espace Geordie

Réservations : 514 358-5874.

www.theatre-linstant.com

 

C’est sur les lieux des répétitions que nous avons rencontré le metteur en scène André-Marie Coudou et une comédienne du théâtre l’Instant, que nous avions pu admirer dans Une heure avant la mort de mon frère (Keene), au Prospero, l’automne dernier. Tous deux Belges, ils ont formé cette compagnie au Québec pour y retrouver un échange entre leur Belgique et la belle province. La nouvelle production se déroule à l’Espace Geordie et nous assisterons cette fois à deux courtes pièces de Philippe Minyana.

Synopsis :

Chambres : «Les projecteurs se braquent sur cinq solitudes. Un flot de paroles parfois discontinues, parfois crues ou poétiques, se déverse sur nous. Disposant de 10 à 20 minutes, tout au plus, les personnages s'expriment et puis sortent de scène comme ils y sont venus, sans aucune forme de solution.»

Le couloir : «L'Intrus revient à la maison. Le frère, les soeurs et les parents y sont toujours, certains sont morts, d'autres aveugles, mais ils tentent malgré tout de poursuivre leur existence. Ces retrouvailles atypiques nous plongent dans l'intimité du drame de ces personnages déchus.»

La Grande Époque (LGÉ) : Comment avez-vous abordé ces deux textes de Philippe Minyana?

André-Marie Coudou (A.-M. C.) : J’ai demandé aux comédiens de dire, en premier lieu, les mots de l’auteur, sans aborder l’aspect psychologique ni l’idée de personnage, mais bien le rythme qu’imposent les mots de l’auteur : plus rapide ou plus lent, plus bas ou plus fort.

Isabelle Tincler (I. T.) : L’approche est très différente […] C’est une fois que la voix et ce qui est ressenti par le corps du comédien, que l’aspect psychologique est considéré.

A.-M. C. : Le texte va de toute manière résonner et va aller chercher l’émotion vraie. Si tu cries très fort, par exemple, cela fera frissonner le comédien. Le texte fait résonner le corps, en somme […] C’est une technique que je dois à Frederic Ducelle du conservatoire de Belgique, qui est venu d’ailleurs donner un atelier sur Koltès à Montréal l’an passé avec des comédiens d’ici.

La Grande Époque : Vous travaillez d’ailleurs avec des comédiens de divers pays : Abdelghafour Elaaziz du Maroc, Isabelle Tincler de Belgique et plusieurs comédiens québécois. Comment la parole s’exprime t-elle à travers les différents accents?

A.-M. C. : Le niveau de langage ne nous dérange aucunement, c’est plutôt un mandat dans la compagnie. Nous racontons la même histoire.

I. T. : Juliette et Roméo, par exemple, dans notre compagnie pourraient être incarnés par une fille noire et un homme gras. Après tout, cela reflète la vie. Nous avons créé notre compagnie pour aller contre cette barrière de l’accent.

LGÉ : Vos répétitions se font avec les créateurs musicaux du spectacle et ceux-ci monteront sur scène chaque soir avec vous. Comment ont-ils influé sur votre mise en scène?

A.-M. C. : Ils avaient déjà travaillé avec nous lors d’une lecture de deux soirs à Calixa-Lavallée. […] Une partition de mots et une partition de notes composent naturellement le travail. Cela ne donne pas qu’une décoration dans une couleur, mais c’est bien la même partition.

I. T. : Il y a maintenant une intégration entre les compositions musicales (originales) et la parole. Les musiciens ont vraiment observé le travail et composé la musique.

A.-M. C. : Dans le texte, les silences créent la partition musicale. Cela évolue aussi avec les comédiens.

LGÉ : Qu’est-ce qui vous a poussé à mettre en scène ces deux textes de Minyana?

A.-M. C. : Principalement, il y a cette souffrance dont on peut aussi rire sans jugement. En suivant le cheminement des personnages, cela existe auprès des gens. Cela influence de même la scénographie et l’éclairage (Alexandre Tougas).

LGÉ : Quelle place prennent ces décors et ces éclairages dans la structure de la pièce?

I. T. : Alexandre apporte énormément de trouvailles liées aux idées de la pièce. Pour ce qui est des décors, peu de place leur est accordée. La scène laisse la place majeure au comédien. Je crois que l’on devrait accorder autant de place à celui qui ouvre la porte du personnage principal qu’à ce dernier. Pour moi, le théâtre est collectif. Nous devrions toujours être là du début à la fin d’une pièce, ensemble.

LGÉ : Vous avez aussi fait appel à un chorégraphe. Que fut l’impact de cet échange sur les comédiens?

A.-M. C. : Chaque comédien est passé chez lui six heures individuellement pour travailler sur des ressentis corporels tout petits à l’intérieur d’eux. Il a fait exactement la même chose que moi avec le texte, mais à partir du mouvement. Le travail fut donc fait en parallèle.

I. T. : Il fallait se remémorer les émotions, mais que d’un point de vue corporel, et évaluer ce que cela nous faisait et le grandir un peu dans notre corps dans les sensations pour en créer des séquences […] Cependant, il n’y a pas de construction dans le personnage dans la voix. C’est le nôtre propre, c’est la personne.

LGÉ : Combien de comédiens joueront dans les deux productions?

I. T. : Nous sommes six comédiens par pièce, huit comédiens en tout. À part la création lumière d’Alexandre Tougas, les comédiens remplissent plusieurs tâches, car une équipe de production réelle coûterait trop cher.

A.-M. C. : Il y a de belles opportunités en ce sens. Nous jouerons au Prospero l’an prochain, et cette fois dans la grande salle.

 

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