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Ferveur nationaliste chinoise sur la Colline parlementaire

Écrit par Matthew Little, La Grande Époque - Toronto
21.04.2008
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  • Un partisan chinois hurle contre les critiques lancées à la Chine (攝影: / 大紀元)

La Colline parlementaire à Ottawa a vu déferler une marée de drapeaux rouges dernièrement lorsque environ 2500 Chinois de la diaspora se sont rassemblés pour, selon leurs termes, «montrer la vérité sur le Tibet» aux Canadiens.

L’évènement, qui a donné place à quelques échauffourées entre partisans pro-Pékin et pro-Tibet, illustre bien l’écart de perception qui sépare plusieurs Chinois expatriés et la société canadienne en général.

Juste avant le début du rassemblement, un groupe de manifestants chinois a crié «Menteurs! Menteurs! Menteurs!» contre une poignée de partisans de la cause tibétaine. La police est intervenue et a escorté les Tibétains loin de la scène.

«Nous ne disions rien. Nous étions silencieux et solennels. Nous exprimions nos opinions sur le Tibet qui est sous la domination du gouvernement chinois», explique Mme Laura Lodoe, une des partisans tibétains.

«Une foule hostile s’est formée et nous a cernés. C’était épeurant. Une personne s’est rapprochée de mon visage et m’a dit “Fuck Tibet, fuck les Tibétains, vous devriez tous mourir”», raconte Mme Lodoe.

Un journaliste de La Grande Époque sur les lieux a entendu un des manifestants pro-Pékin dire aux autres de ne pas «parler aux criminels», en se référant aux Tibétains. Certains participants dans la foule tenaient une bannière affichant «Dalaï-lama = esclavage au Tibet».

Le rassemblement avait pour but de faire la lumière sur ce que les organisateurs appellent la «vérité du Tibet». On a pu y entendre des discours patriotiques chinois de même que des critiques hurlées aux Tibétains et à ceux qui remettent en question le dossier des droits de l’Homme de la Chine.

«Le gouvernement chinois n’a pas besoin de conseil!», a crié un des orateurs, un représentant de la Federation of Ottawa Chinese Canadian Organizations.

La foule a répondu par des acclamations.

«La Chine est un pays indépendant, respectez notre pays, respectez notre peuple», a demandé un autre orateur.

Le Parti communiste chinois tente de repousser les critiques formulées sur son dossier des droits de l’Homme en affirmant qu’elles font partie d’un plan de l’Occident pour discréditer la Chine. Les appels pour mettre fin à la torture et aux détentions arbitraires en Chine sont dépeints comme une forme d’impérialisme culturel occidental.

Entre deux discours lors du ralliement, une artiste a crié : «Nous aimons la paix et nous aimons la liberté. Mais quiconque ose nous offenser, nous l’éliminerons.»

Les discours étaient entrecoupés de chansons nationalistes du Parti communiste exprimant l’amour pour le drapeau rouge et la supposée joie du peuple tibétain d’avoir été libéré de «l’esclavage» par la République populaire de Chine (RPC). La foule scandait des slogans comme «À bas les séparatistes tibétains! Une seule Chine!».

Le Dalaï-lama a depuis longtemps renoncé à l’indépendance du Tibet et demande plutôt une plus grande autonomie à l’intérieur de la Chine.

Les organisateurs ont, à plusieurs reprises, répété que la couverture du Tibet par les médias occidentaux est «partiale» et que les Occidentaux ont été trompés sur la situation au Tibet depuis les 60 dernières années.

«Comme vous savez, pour ce qui est de la question tibétaine, c’est seulement nous qui comprenons vraiment», a déclaré en chinois lors d’un discours Tan Weizhen, un homme d’affaires de Toronto et commanditaire du rassemblement.

«Il y a 50 ans, c’était l’esclavage. Au Tibet, sous la gouverne du Dalaï-lama, 80 % des gens étaient illettrés. Les maîtres d’esclaves réprimaient et écrasaient les esclaves. Ils vendaient les esclaves comme ils vendaient le bétail», a affirmé M. Tan.

«Ils enlevaient la peau humaine, retiraient les yeux du corps humain, coupaient les pieds et les mains. Ce n’est que sous le règne du Dalaï-lama que de telles choses sont survenues. Le Dalaï-lama porte maintenant la cape du pape, se fait passer pour un gentil vieillard et prétend qu’il est un missionnaire de paix.»

«Mais après la libération par la Chine, des millions d’esclaves [au Tibet] ont été libérés, les nuages obscurs se sont dissipés et le soleil est apparu.»

«Mais nous sommes les seuls à savoir ces choses», a prononcé M. Tan.

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En effet, c’est une histoire qui nous est peu familière en Occident. Ici, nous apprenons que l’invasion communiste en 1950 a mis fin à des décennies d’indépendance de facto du Tibet et que l’invasion a provoqué le massacre de centaines de milliers de Tibétains. Nous apprenons que des monastères tibétains ont été détruits, le jeune Panchen Lama a été enlevé par les autorités chinoises et les restrictions sévères sont imposées sur la liberté de religion.

Le Parlement canadien a exprimé son appui au message de paix du Dalaï-lama en lui accordant la citoyenneté honoraire en juin 2006, un geste que M. Tan a dénoncé lors du rassemblement du 13 avril.

Des évènements comme le ralliement sur la Colline parlementaire démontrent comment certains membres de la diaspora chinoise semblent vivre dans un monde retiré de la société canadienne.

Joe Wang, président de la chaîne de télévision de langue chinoise New Tang Dynasty, explique cela par le fait que plusieurs médias chinois au Canada sont contrôlés par Pékin, y compris le forfait «Great Wall» offert par Rogers câblodistribution, qui se compose de neuf chaînes de la télévision d’État chinoise.

«Vous pourriez penser qu’une fois arrivés au Canada, les Chinois peuvent être exposés à plus d’information des médias d’ici. Mais au lieu de cela, les nouvelles qu’ils reçoivent sont pratiquement identiques à ce qu’ils verraient s’ils habitaient en Chine continentale», fait remarquer M. Wang.

«La plupart sont contrôlés ou influencés par le Parti communiste, donc c’est clair que beaucoup de médias chinois essaient actuellement de diaboliser le peuple tibétain.»

New Tang Dynasty Television (NTDTV), au contraire, a été fondée par des Chinois en Amérique du Nord pour promouvoir le dialogue et encourager une plus grande compréhension des valeurs démocratiques. Joe Wang affirme qu’en exposant les violations des droits de l’Homme perpétrées en Chine, la chaîne de télévision est devenue une cible de l’ambassade chinoise.

Ces dernières années, les bureaux de NTDTV à Toronto ont été vandalisés à maintes reprises, et les pneus des voitures des employés ont été crevés. Une fuite de documents de l’ambassade chinoise à Ottawa a révélé leur intention d’empêcher NTDTV d’obtenir l’approbation du CRTC (leur tentative a échoué).

Cheuk Kwan, président de la Toronto Association for Democracy, fait écho aux inquiétudes de M. Wang au sujet des médias de langue chinoise au Canada.

«Pour ceux [les Chinois] qui sont encore indécis [relativement à leur opinion sur les évènements au Tibet] après avoir lu tous les journaux chinois, ou écouté la radio, ou regardé la télévision, vous penseriez, comme eux, que la Chine est en train de bien agir.»

Le sursaut de la rhétorique nationaliste en Chine, selon M. Kwan, s’explique par le fait que les gens ne peuvent pas faire la distinction entre la Chine comme pays et son leadership actuel.

 

«[Les Chinois] se sont fait inculquer que si vous aimez le pays vous devez aimer le Parti communiste. Si vous haïssez le Parti, cela veut dire que vous haïssez le pays.»

«Ils utilisent le nationalisme comme outil», estime M. Kwan. «C’est une manoeuvre de diversion.»

Sheng Xue, coprésident de Canadians Against Propaganda, suggère que le Canada pourrait aider à promouvoir plus de compréhension au sein de la communauté chinoise en étant plus conscient des influences étrangères sur les médias de langue chinoise.

«Il faut faire attention à l’implication du Parti communiste dans le milieu médiatique canadien, particulièrement quand il répand ce genre de désinformation et attise l’hostilité dans notre communauté.»

«Bien entendu, nous voulons que les membres de la communauté chinoise aient accès à une bonne sélection de nouvelles en chinois. Mais le Parti communiste essaie d’avoir le monopole des médias chinois, même à l’étranger. Il va même jusqu’à harceler les médias établis par des Sino-Canadiens pour les mettre en faillite. Ça doit cesser.»

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.