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Le désespoir jusqu’à la mort, face à la hausse des prix

Écrit par Irin News
24.04.2008
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  • Un client pakistanais évalue la qualité du riz dans un marché(攝影: / 大紀元)

 

LAHORE (Pakistan) – Au cours du dernier mois, la presse a rapporté au moins deux cas de parents ayant tué ou tenté de tuer leurs enfants parce qu’ils n’étaient plus en mesure de les nourrir.

Le 21 mars dernier, dans un village proche de la ville industrielle de Faisalabad, à environ 117 kilomètres à l’ouest de Lahore, Abdoul Shakur, père de famille au chômage, a tué ses deux filles, Aliza Nour, trois mois, et Kainat, quatre ans.

Sa femme et sa mère l’ont empêché de s’attaquer à un troisième enfant avant que M. Shakur ne se donne la mort en se jetant sur la voie ferrée lors du passage d’un train. Sa famille angoissée a expliqué qu’il parlait souvent de «donner» ses filles en raison de la grande pauvreté de sa famille et de son incapacité à nourrir les cinq enfants.

Un cas semblable est survenu trois jours plus tard à Khanewal, une ville de la province du Pendjab Sud : une femme a contraint ses six enfants, âgés de six mois à dix ans, à se jeter dans un cours d’eau avant de s’y jeter elle-même. Khurshid Bibi, femme d’ouvrier, a été sauvée avec quatre de ses enfants. Plus tard, elle a expliqué à la police qu’elle pensait que la mort était la meilleure solution pour en finir avec une pauvreté incessante.

«Choquant»

«Ces cas de parents qui tuent leurs enfants sont choquants, mais ils donnent un aperçu des difficultés socioéconomiques auxquelles sont confrontées les populations», a indiqué I. A. Rehman, directeur exécutif de la Commission pakistanaise des droits humains.

Shaukat Masih, un ouvrier de 35 ans qui gagne 50 dollars par mois, tout au plus, comprend le désespoir de ces parents.

«Il y a des jours où je n’ai rien à donner à manger à mes enfants. C’est un sentiment terrible. Il n’y a pas pire que voir de jeunes enfants s’endormir sans rien dans le ventre», a-t-il dit.

M. Shaukat est père de trois garçons, mais n’a pas les moyens de les envoyer à l’école. «Nous sommes chanceux quand nous arrivons à faire deux repas par jour», a-t-il expliqué à IRIN, ajoutant que la récente hausse du prix de la farine de blé ne semblait pas «leur donner d’autre choix que le suicide.»

Familles nucléaires

Kaisar Bengali, éminent économiste et chercheur pakistanais spécialiste des questions sociales, qui a dirigé diverses institutions, tel que le Social Policy Development Centre, sis à Karachi, a confié à IRIN : «Si aucune mesure n’est prise concernant [la hausse du prix des denrées alimentaires], la situation va s’aggraver.»

M. Bengali a expliqué pourquoi il pensait que certains parents en venaient à tuer leurs enfants : «Avec la rupture du système communautaire familial, la famille nucléaire est extrêmement vulnérable face au stress économique. Lorsque les familles vivaient ensemble, la perte d’un emploi pour un frère n’était pas aussi catastrophique qu’elle ne l’est dans une famille nucléaire où il n’y a personne sur qui se reposer.»

Nighat Bibi, 26 ans, sait très bien ce que cela signifie. Employée comme domestique, Nighat élève ses trois petites filles avec un salaire mensuel de 16 dollars. Son mari est toxicomane et sa belle-famille refuse catégoriquement de l’aider.

«Mon défi quotidien est de donner un roti [une galette] à mes enfants. Il m’arrive souvent de rester affamée pendant plusieurs jours pour qu’ils puissent manger», a-t-elle affirmé.

Constitution de stocks

La farine de blé (atta) est la nourriture de base de la plupart des 160 millions de Pakistanais. Or, depuis le mois de décembre, l’approvisionnement est devenu plus irrégulier, un problème en partie attribuable à la pratique généralisée de la contrebande et de la constitution de stocks en vue de spéculer.

Selon certaines informations parues dans la presse, les dernières pénuries, observées cette semaine à Lahore et dans les régions voisines, ont été créées artificiellement par des meuniers et des détaillants spéculateurs, qui constituent des stocks de farine, espérant ainsi optimiser leurs bénéfices en les vendant plus cher un peu plus tard.

«Il n’y a pas de farine. Il est très difficile de s’en passer», a indiqué Moussarat Youssouf, un employé domestique de 45 ans.

Selon les résultats d’une récente enquête du Programme alimentaire mondial (PAM) repris dans un article publié le 4 avril 2008 par l’agence de presse Reuters, près de la moitié de la population pakistanaise pourrait être confrontée à une pénurie alimentaire en raison de la hausse spectaculaire des prix.

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