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Les jeunes et l’alcool, attention danger!

Écrit par Catherine Keller, La Grande Époque - Genève
24.04.2008
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  • jeune biere(攝影: / 大紀元)

L’adolescence est une étape de vie particulière que l’on peut qualifier de processus évolutif ou d’état de crise. Nous abordons ici l’aspect de crise conséquent à la prise d’alcool.

 

Rodolphe Soulignac, psychologue explique lors d’une conférence donnée à Genève sur Ados et excès d’alcool que « l’adolescent subit de grands changements dans son corps. Il grandit rapidement, se transforme sexuellement. Ces modifications le fascinent, lui donnent l’impression d’être adulte mais créent aussi des angoisses. Il est gauche, se tient mal, il a de la peine à habiter son corps. Il devient pudique, a besoin de son territoire, de son intimité. Il n’a que peu d’intérêt pour ce qui l’entoure, il ne sait pas quoi faire, s’ennuie et ne se sent bien qu’en présence de ses camarades. L’usage de substances illicites ou d’alcool qu’il partage avec ses copains peut être une manière de marquer son territoire, soit en affirmant son indépendance face à ses parents, soit en se créant un monde à lui. »

 

Pour les parents, c’est aussi un moment difficile. Au moment où leur enfant devient indépendant de manière parfois inattendue, les grands-parents, à leur tour, vieillissent et font parfois face à des problèmes de santé. Il y a de quoi être déstabilisé au point de ne plus savoir comment réagir. Dans ce contexte et face à l’alcool, quelle position prendre ? L’alcool est partout et le problème est de savoir pourquoi dire non et comment dire non. Pour cela, le dialogue est capital.

 

Lorsque l’on aborde le sujet avec les adolescents, l’alcool n’est pas vraiment un problème pour eux. Ils trouvent que c’est quelque chose d’agréable et ne comprennent pas pourquoi les adultes se préoccupent tant. Ils boivent pour « s’éclater » et être populaires auprès des copains. L’alcool joue un rôle inhibiteur. Ils boivent le week-end de façon excessive, afin de faire tomber les barrières, de transgresser l’autorité et de s’affirmer. Dans des cas extrêmes, c’est un moyen de noyer sa détresse, une sorte d’automédication pour lutter contre un état dépressif.

 

Dans la même conférence la Dr Rita Manghi affirme que « l’alcool est un psychotrope extrêmement puissant qui va agir sur les émotions, sur le comportement. Très rapidement, on note un sentiment d’euphorie. On a constaté que plus la consommation d’alcool commence tôt, plus la personne a des chances de tomber dans la dépendance. »

 

Elle explique que « durant toute l’enfance, le cerveau va créer un maximum de connections. Au moment de l’adolescence, il va sélectionner les réseaux les plus efficaces. Des neurones se créent, d’autres disparaissent, des connections se modifient. C’est grâce aux différentes expériences de l’adolescent que la forme adulte du cerveau arrive à maturation vers l’âge de 25 ans. La fonction du jugement est la dernière étape de ce processus. On sait que tout organe en transformation est beaucoup plus vulnérable.  Or, la prise d’alcool à ce moment précis va diminuer les possibilités d’avoir des comportements diversifiés. »

 

Quelle est la quantité d’alcool acceptable ?

Dr Manghi : « Il n’y a pas de normes chez l’adolescent car les effets peuvent être tout à fait imprévisibles sur un corps en pleine transformation. Un adulte, statistiquement parlant, à plus de deux verres par jour, a potentiellement plus de risques de développer un cancer. Lors d’un événement exceptionnel, on peut consommer quatre verres, à savoir qu’il n’y a pas d’événement exceptionnel tous les soirs. En général, les femmes supportent moins l’alcool que les hommes car elles ont en moyenne moins de liquide dans le corps. Une unité d’alcool correspond à un verre de 1 dl de vin ou de 3 dl de bière ou de 2 cc d’alcool fort. »

 

Combien de temps faut-il pour éliminer l’alcool dans le sang ?

Dr Manghi : « Après avoir consommé 8 à 10 unités d’alcool, un jeune rentre à minuit avec un taux d’alcoolémie de 2 g/l. Le lendemain, il aura encore 0,8 g/l à midi car il faut environ 24 heures pour éliminer complètement cet alcool. On compte environ une heure pour que le taux d’alcoolémique tombe de 0,1 g/l. »

« Cette façon qu’ont les adolescents de boire rapidement est particulièrement dangereuse. Cela vise à  obtenir l’euphorie mais le taux d’alcoolémie augmente encore alors que la personne a arrêté de consommer et on observe des troubles du comportement pouvant être violents, des états dépressifs, voire un coma éthylique. »

 

L’alcool et les jeunes en chiffres d’après les données fournies par Laurence Fehlmann Rielle* :

  • Il y a 7 millions d’habitants en Suisse, 1 million sont dépendants du tabac et 400.000 de l’alcool.

  • En 2002, 41,9 % des garçons et 25,4 % des filles de 16 ans avaient déjà connu l’état d’ivresse au moins deux fois.

  • Chaque année, en Europe, 60.000 jeunes meurent à cause de l’alcool, c’est la première cause de décès chez les jeunes Européens. Cela représente le tiers des décès chez les jeunes âgés de 15 et 29 ans. L’alcool provoque des accidents, des bagarres et des comas éthyliques.

  • Chaque année, les abus d’alcool en Suisse coûtent 700.000 francs suisses pour les accidents ; 1,5 milliard pour le manque à gagner et l’invalidité ; et 4,3 milliards en coût humain et perte de la qualité de vie, soit 6,5 milliards de francs suisses au total. Parallèlement, les revenus que rapporte le commerce de l’alcool s’élèvent à 8 milliards.

 

Il est illusoire d’envisager d’interdire l’alcool aux jeunes. Dr Rita Manghi et Rodolphe Soulignac donnent des conseils aux jeunes pour éviter le pire :

  • Rrespecter l’âge légal pour boire ;

  • Ne pas avoir peur de trier les copains que l’on invite à la maison alors que les parents sont absents ;

  • Boire une boisson non alcoolisée entre chaque boisson alcoolisée permet de mieux gérer son degré d’alcoolémie ;

  • Utiliser les tests d’alcoolémie pour apprendre à connaître ses limites ;

  • Surveiller son verre et le confier à une personne de confiance ou le finir avant d’aller danser pour éviter qu’un prédateur y mette la « pilule du violeur ». Les jeunes filles ne sont pas les seules exposées à ce risque, les amateurs de jeunes hommes existent aussi ;

  • Choisir une personne qui ne boit pas pour raccompagner les autres à la maison, s’informer des heures des transports publics ou s’entendre avant la soirée pour réunir la somme nécessaire  au règlement du trajet en taxi ;

  • Oser rentrer chez soi dès que les choses se dégradent et identifier une personne de confiance en cas de coup dur. Une bagarre sous l’effet de l’alcool peut facilement dégénérer et finir à l’hôpital, voire à la morgue ;

  • Si dans le groupe l’un des camarades a trop bu et qu’il s’endort, il faut le coucher sur le côté pour éviter qu’il ne s’étouffe par ses vomissements. Il est conseillé de le couvrir avec une couverture, car contrairement aux idées reçues, l’alcool opère une vasodilatation qui va refroidir le corps. De même, il est  recommandé de bouger son corps régulièrement pour qu’il réagisse. Il faut prévenir les urgences s’il ne réagit plus. Il est préférable de faire déplacer une ambulance que de trop attendre et de prendre le risque de retrouver son camarade décédé au petit matin. Ces réflexes peuvent lui sauver la vie ;

  • Notons que boire de l’eau ne diminue pas l’alcoolémie. Un café permet de s’énerver un peu plus. Manger retarde le passage de l’alcool dans le sang mais ne l’absorbe pas ;

  • Les concours de boissons et les mélanges sont très dangereux ;

  • Quand une personne dit qu’elle « tient l’alcool », c’est simplement le signe qu’elle est accoutumée et qu’elle a une bonne tolérance à l’alcool qui l’entraîne vers la dépendance ;

  • L'alcool fait grossir, il contient beaucoup de calories.

Sources : Dr Rita Manghi et Rodolphe Soulignac, psychologue du département de psychiatrie de l'Hôpital Universitaire de Genève, service d’abus de substance

* Laurence Fehlmann Rielle secrétaire générale de la FEGPA (fédération genevoise pour la prévention de l’alcoolisme)

 

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